André Silver Konan à Youssouf Bakayoko : « Utilisez le peu de dignité qui vous reste, pour démissionner »

André Silver Konan demande à Youssouf Bakayoko de démissionner par dignité

à , président de la : « Utilisez le peu de dignité qui vous reste, pour démissionner ». Ci-dessous la lettre ouverte du journaliste-écrivain, publiée sur sa page officielle, à la veille d'une marche de l'opposition.

Il était une fois un arbitre sans dignité, dans un match de football de village, qui déboucha sur une crise sans précédent. Ce match avait conduit l'ancien chef du village et certains anciens notables en prison et le commissaire au match, en exil. Tandis que des supporteurs et habitants du village avaient été tués.

A l'avènement du nouveau chef, le commissaire au match avait eu déjà la dignité de se retirer du village, les arbitres de touche aussi. Mais l'arbitre sans scrupule se cramponna à son sifflet. Pour ne pas gêner le chef d'un des quartiers qui avait recommandé l'arbitre sans dignité, le nouveau chef le garda. Celui-ci continuait d'arbitrer les matchs boudés par une bonne partie du village, mais lui, s'en moquait, il n'avait ni dignité, ni scrupule. Mettons fin à la fiction parodique, revenons à la réalité. L'histoire de l'arbitre sans scrupule ressemble à celle d'un certain Youssouf Bakayoko.

A 75 ans, que voulez-vous que l'histoire retienne de vous ? Un homme sans dignité qui s'est accroché à un poste, pour ses oripeaux, sans donner la moindre impression de penser, une seule fois, aux milliers de morts de la crise née de l'élection qu'il avait organisée ?

La réalité me commande de m'adresser directement au président de la Commission électorale indépendante (CEI). Je me suis déjà prononcé sur les « quatre raisons » pour lesquelles vous devriez partir de la Commission, je n'y reviendrai plus. Ce soir, à la veille d'une autre marche de l'opposition contre « votre » CEI, je vous demande, très respectueusement : utilisez le peu de dignité qui vous reste, pour démissionner.

Bon sang, regardez autour de vous ! Vous gênez tout le monde. A commencer par le président Alassane Ouattara. Si celui-ci vous garde, ce n'est pas parce que vous êtes compétent (vous savez vous-même que ce n'est pas le cas, je ne reviendrai pas sur les détails, à moins d'y être poussé), mais parce qu'à mon avis (et je peux me tromper), il ne veut pas effaroucher Henri Konan Bédié, dont il ignore les réel sentiments vous concernant. Si Henri Konan Bédié dont personne ne sait jamais rien des réels sentiments, continue de vous adouber, ce n'est pas parce que le PDCI, votre parti ( ?), qui s'est fendu d'un communiqué au vitriol, contre la CEI, le souhaite.

Regardez encore autour de vous ! Avec Paul Yao N'Dré, vous étiez les deux acteurs majeurs de l'éclatement (je dis bien éclatement) de la crise. 3 000 morts ! Aujourd'hui, N'Dré a tiré sa révérence de la politique. Par dignité, moins par responsabilité morale, je doute qu'il en est. Même le RDR, parti présidentiel, qui vous soutient aujourd'hui (et curieusement) a renouvelé son personnel à la CEI. Par dignité.

A 75 ans, que voulez-vous que l'histoire retienne de vous ? Un homme sans dignité qui s'est accroché à un poste, pour ses oripeaux, sans donner la moindre impression de penser, une seule fois, aux milliers de morts de la crise née de l'élection qu'il avait organisée ? Ou un homme qui, sur le tard certes, s'est retiré à temps, pour méditer sur les conséquences de son action publique ?

Demain, peut-être y aura-t-il des morts ou des blessés (ce que je ne souhaite pas), lors de la marche que projette l'opposition. Combien de sang faudra-t-il que l'on verse dans cette Côte d'Ivoire, dans une affaire où vous seriez impliqué (sans que vous en soyez responsable, je nuance), pour que vous compreniez enfin que dans la crise qui secoue la Côte d'Ivoire depuis des années, vous n'êtes ni une clé, ni une solution, mais bien un problème, l'un des sérieux et gros problèmes. Combien de sang ?

André Silver Konan

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