« PDCI, ne vous méprenez pas, Ouattara a une longueur d’avance sur Bédié » (Décryptage André Silver Konan)

André Silver Konan, journaliste-écrivain, analyste politique
André Silver Konan, journaliste-écrivain, analyste politique
« PDCI, ne vous méprenez pas, Ouattara a une longueur d'avance sur Bédié ». Le décryptage sans complaisance d', sur les relations PDCI et , en rapport avec le . André Silver Konan décryptage congrès PDCI.

En fait, si le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) était vraiment démocratique et non un parti de type communiste comme je l'ai toujours pensé et dit, cette affaire de parti unifié ne devrait pas constituer pour lui, un problème majeur. Allez dire à de donner la parole à la base de son parti pour qu'elle se prononce. Et cela ne peut se faire qu'à travers un congrès extraordinaire. C'est cela être démocratique. Pourquoi vouloir faire compliqué, en tentant de gagner du temps (ce qui n'échappe à personne), alors qu'il s'agit de faire simple, comme les autres partis alliés du PDCI le font ?

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Si la base du PDCI dit « Non », comme cela a été le cas pour l'UPCI (sans que le ciel ne tombe sur la tête d'aucun militant là-bas), le RDR serait ainsi situé et comprendrait que désormais le PDCI entre en opposition. Si la base dit « Oui », ce que redoutent les anti-parti à unifier au sein du vieux parti, ce serait la vox populi et ils devront s'y conformer, parce que c'est cela la démocratie que le PDCI porte pourtant fièrement.

« Quand Bédié était au pouvoir et qu'il avait intégré dans son gouvernement, Wodié et Zadi Zaourou, Ni lui, NI le PDCI N'auraient accepté que DEs cadres du PIT ou de l'USD continuent à critiquer l'action gouvernementale » (ASK)

Le PDCI de Bédié ne peut pas continuer à profiter du pouvoir d' (élu certes sous la bannière , mais comprenons bien que c'est bel et bien Ouattara, (vrai) président du RDR qui a été élu, et personne d'autre) et à se comporter comme un parti d'opposition, revendiquant les réussites et refusant d'assumer les échecs, allant jusqu'à critiquer l'action gouvernementale.

Le PDCI doit choisir autant sa ligne que sa position. Quand Bédié était au pouvoir et qu'il avait intégré dans son gouvernement, et Bernard Zadi Zaourou, ni lui ni le PDCI n'auraient accepté que certains cadres du PIT ou de l'USD continuent à critiquer l'action gouvernementale. Alassane Ouattara accepte donc ce que Henri Konan Bédié n'aurait pas toléré. Au passage, je ne développe pas ici la contrainte particulière de qui n'est pas celle de Ouattara aujourd'hui…

André Silver Konan décryptage congrès PDCI

Mais que les dirigeants du PDCI qui se croient plus malins, ne se méprennent pas. Je l'ai déjà dit, Ouattara a une longueur d'avance sur eux. Je m'explique. Notez-le quelque part, si vous le voulez. Si le PDCI n'organise pas de congrès pour se prononcer clairement et définitivement sur la fédération de partis qu'est le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Ouattara formera son gouvernement avec et sans le PDCI à la fois.

Je m'explique encore. « Dans quelques semaines » (dixit), Ouattara formera un nouveau gouvernement, mais il ne demandera pas de liste à Bédié. Il sait que s'il le fait, ce dernier va retirer du gouvernement tous les ministres qui boycottent les cérémonies d'hommage à sa personne (je continue de clamer que les hommages de ce genre, qui ne reposent sur aucun haut fait, ni mérite particulier, relève d'une certaine pratique politique du siècle passé), à commencer par Kobenan Kouassi Adjoumain.

De ce fait, Ouattara reconduira simplement les ministres actuellement présents au gouvernement, du moins ceux qui montrent une loyauté vis-à-vis de lui. Quitte à présenter leurs postes comme relevant d'un intérim. Il indiquera qu'il les reconduit, en attendant que le PDCI décide d'adhérer ou non à la fédération de partis. Sinon, il imposera cette décion à Bédié et celui-ci n'aura d'autre choix que de l'entériner.

« C'est connu, quand un homme n'est pas d'accord, il doit avoir le courage de dire « Non », pas « Si » ou « Oui mais »‘

Bédié serait ainsi piégé. D'un côté, les ministres qu'il ne maîtrise déjà que confusément, ne répondront plus de lui, mais son parti apparaîtra comme étant toujours présent au gouvernement. Bédié croit qu'il poussera Ouattara à la faute, qu'il se détrompe. C'est Ouattara qui l'obligera à se déterminer.

Celui qui mène le bal…

Cette situation amènera donc Bédié à se déterminer et à clarifier sa position. Soit il devra prendre acte de la décision de Ouattara, ce qui voudrait dire qu'il accepte de l'accompagner ; soit il devra retirer son soutien à ses ministres, ce qui voudrait dire qu'il entre en opposition. Dans les deux cas, Ouattara aurait eu le mérite de contraindre Bédié à avoir une position définitive. Entendons-nous donc très bien : celui qui mène le bal, ce n'est pas Bédié, mais Ouattara.

Et je suis d'accord avec le chef de l'Etat sur ce point-là : un parti politique doit avoir une position bien claire. Louvoyer n'est pas de la politique, c'est de la médiocrité. En fait, c'est mal cacher sa panne de position, donc ne pas réellement savoir ni ce qu'on veut, ni où on veut aller, mais entraîner ses « suiveurs », pardon ses militants dans un parcours aveugle et les piéger au bout du cul de sac. C'est connu, quand un homme n'est pas d'accord, il doit avoir le courage de dire « Non », pas « Si » ou « Oui mais ».

André Silver Konan

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