Angré, 74 familles sans abri depuis 3 mois : Qui »mange » dans la location des chapiteaux ?

Démolition du quartier la nouvelle Jérusalem à Cocody

Après les terribles inondations qui ont fait une vingtaine de morts à plusieurs quartiers précaires ont été démolis dont ‘'la nouvelle Jérusalem'' sise en face de la cité Mermoz à . 74 familles  ont été logés sous un chapiteau, leur abri de fortune depuis trois mois sans assistance, sans eau, ni électricité au stade du complexe d'Angré non loin du 22ème arrondissement. Démolition du quartier la Nouvelle Jérusalem à Cocody. 

Dans le chapiteau, des lits de fortune sont installés à même le sol, que les habitants du quartier ‘'la nouvelle Jérusalem'' ont trouvé refuge, après la destruction de leurs foyers par les services de l'Etat. « Notre quartier a été démoli le mercredi 4 juillet 2018 par les services de la mairie de Cocody. Nous avons passé pratiquement six jours à la belle étoile sous les manguiers et les palmiers sous la pluie », explique dame Fatoumata Chérif les larmes aux yeux. Et de poursuivre, « à cette période, nous avons enregistré huit accouchements tous dormaient à la belle étoile avec leurs bébés ».

« Ensuite nous nous sommes retrouvés à la mairie de Cocody le mardi 10 juillet 2018 et c'est elle qui nous a demandé de nous installer sous ce chapiteau au stade du complexe d'Angré. Ici, il n'y a pas d'eau, pas d'électricité ; il y'a plusieurs cas de maladies. Nous sommes entassés ici, hommes, femmes, enfants ; nous dormons sur des nattes, sur des cartons sans couvertures.

« Je ne gagne même pas à manger pour dire que je vais me prendre une maison. Je suis en grossesse de sept mois depuis le matin je n'ai rien encore mangé »

Nous sommes livrés aux moustiques et au froid car la nuit tombée, le sol est très glacé », fait savoir Aubin Ani le président de la voix du peuple. A l'en croire l'Etat loue le chapiteau qui abrite les 74 familles constituées de 380 personnes dont 170 enfants et huit nouveaux nés. « L'Etat loue ce chapiteau que vous voyez à 2 000 000 FCFA par jour. C'est ce que nous disent certains visiteurs. Si tel est le cas, en trois mois cela fait 180 000 000 FCFA cela règle le problème des 74 familles », dit-il.

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Plus loin, une couturière assise, sa machine installée à même le sol « j'ai trois enfants. Voilà ce que je fais pour avoir à manger », dit-elle en montrant sa machine. « Je ne gagne même pas à manger pour dire que je vais me prendre une maison. Je suis en grossesse de sept mois depuis le matin je n'ai rien encore mangé », précise-t-elle.

« J'étais là-bas avec ma famille ça fait plusieurs années. Ça me fait mal parce qu'on ne nous a pas laissé de temps de sortir nos bagages. »

Parmi ceux qu'on surnomme ici les « déguerpis », des femmes comme Véronique Adjoua Konan mère de sept enfants. Tous sont obligés de dormir là, faute de mieux. « On nous a mis dehors, on est là ici avec les enfants, on dort ici, les moustiques nous piquent, on a nulle part où aller », explique-t-elle. « Nous sommes en période de rentrée scolaire, nos enfants ne vont pas à l'école pour cause de moyens. Nous sommes fatigués de rester ici aider nous à nous reloger », poursuit-elle.

« Certaines bonnes volontés nous apportent à manger nous les remercions mais qu'elles nous aident plutôt à louer des maisons pour bien dormir comme elles », lance Fatoumata Chérif.

Un quartier entier rasé 

Dans l'ancien quartier d'Adama, un sexagénaire, il ne reste plus que des ruines. Ce matin, il se souvient de ‘'la nouvelle Jérusalem'', son quartier où se dressait sa maison il y a encore quatre mois. Le quartier a été entièrement rasé après les inondations meurtrières survenues à Abidjan, laissant 74 familles à la rue.

«  J'étais là-bas avec ma famille ça fait plusieurs années. Ça me fait mal parce qu'on ne nous a pas laissé de temps de sortir nos bagages. Quand on voulait les prendre, on nous a lancé des lacrymogènes. Le peu que nous avons réussi à faire sortir, on nous l'a volé », raconte Adama.

Karina Fofana

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Written by Karina Fofana

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