Les grandes (in)justices de l’ère Ouattara (acte 1) : Sylvie Bossé, l’employée de maison accusée de coup d’Etat

A partir d'aujourd'hui, IvoireSoir.net ouvre une lucarne sur les grandes (in)justices de l'ère Ouattara. Dans cet acte 1, nous revenons sur le cas de Sylvie Bossé. Une employée de maison, détenue à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (), sans jugement depuis plus d'un an. Elle est accusée d'atteinte à la sûreté de l'Etat, dans une affaire surréaliste.

Le contexte. Nous sommes en début d'année 2017. Plusieurs brigades de gendarmerie font l'objet d'attaques de la part d'assaillants non identifiés. Le 23 février 2017, une dizaine d'assaillants dont une femme attaquent la brigade de gendarmerie de . Plusieurs blessés, des armes emportées.

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Au lendemain de cette attaque, la vie de Sylvie Bossé bascule. Cette fille de ménage chez un couple d'hommes d'affaires libanais résident à Marcory est interpellée. Sur la base de certaines communications faites par l'un des assaillants présumés dont le téléphone a été tracé. Les enquêteurs la soupçonnent d'être la femme du commando.

Elle raconte : « Mon cousin est venu Abidjan le 20 février 2017 et il m appelé le lendemain. Lui et moi nous nous sommes vus le jeudi 23 février, pendant trente minutes. Le vendredi 24 février, on m'a arrêté. On m'a demandé si je pouvais collaborer pour que mon cousin puisse être interpellé, vu qu'il ferait partie des assaillants.

« Les gendarmes attaqués ont reconnu que ce n'était pas moi la femme du groupe. Celle-ci portait, selon eux des drealocks et était courte de taille. Pourtant, moi je n'ai jamais porté de dreadlocks et je suis grande »

Je n'avais rien à voir avec l'affaire et donc je leur ai dit tout ce que je savais. Mais à ma grande surprise, j'ai été maintenue pendant deux semaines à la PJ, puis deux semaines à la . Après cela, j'ai été finalement envoyée à la Maca ».

Pendant tout le temps que durent les enquêtes préliminaires, la jeune fille ne bénéficie d'aucun conseil, comme l'exige la loi. Après avoir été envoyée à la Maca, ses employeurs lui ont pris un avocat. Rappelons que ceux-ci témoignent en sa faveur.

Sylvie Bossé et l'injustice

Ce qui arrive à Sylvie Bossé est d'autant surprenant que les enquêteurs l'ont conduite sur les lieux de l'attaque. Elle raconte toujours: « Je ne connais même pas Bingerville et je paye pour quelques chose que je n'ai jamais fait. J'ai fait une confrontation avec les gendarmes qui étaient présents lors de l'attaque. Ils ont reconnu que ce n'était pas moi la femme du groupe. Celle-ci portait, selon eux des drealocks et était courte de taille. Pourtant, moi je n'ai jamais porté de dreadlocks et je suis grande ».

Sylvie Bossé est détenue sans jugement depuis 14 mois
Sylvie Bossé est détenue sans jugement depuis 14 mois

De toute évidence, la jeune fille, dont les employeurs témoignent du reste en sa faveur, méritait d'être libérée, mais contre toute attente, elle est inculpée pour « atteinte à la sûreté de l'État ». Elle est placée sous mandat de dépôt depuis mars 2017. Depuis lors, comme il est de coutume en Côte d'Ivoire, l'enquête instruite par le 10ème cabinet des juges d'instructions, par le magistrat Kra N'dri, est en cours.

En prison depuis 14 mois sans jugement

En définitive, le seul crime qu'aurait commis Sylvie Mélanie Bossé est d'avoir été en contact avec un cousin, soupçonné d'avoir trempé dans un crime. Une hérésie de droit, dès lors que les communications sur lesquelles se sont fondées les enquêteurs ont dévoilé sa bonne foi. Par ailleurs, les gendarmes attaqués ont rejeté le fait qu'elle soit la femme du commando d'assaillants. Enfin ses patrons témoignent en sa faveur.

Les violations similaires de droits de l'homme, il y en a beaucoup en Côte d'Ivoire. Elles ont certes toujours existé, du fait d'une justice habituée aux « enquêtes en cours », mais elles semblent s'être accentuées. IvoireSoir.net a décidé de crever l'abcès sur ces graves injustices de notre justice.

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