Lycée Sainte Marie de Cocody : « Sur 92 élèves interrogées, 52 ont touché au moins une fois à la drogue »

Des élèves dans une buvette à Abidjan
Des élèves dans une buvette à Abidjan

Drogue . Dans la deuxième partie de sa réflexion sur l'éducation nationale ivoirienne, le journaliste-enseignant Dr François Konan revient sur les raisons pour lesquelles la Côte d'Ivoire Voici pourquoi la Côte d'Ivoire a été classée dernière à l'évaluation des systèmes éducatifs, dans les pays de la .

Dr François Konan
Dr François Konan

C'est le cœur lourd, que nous avons appris que la Côte d'Ivoire a été classée dernière à l'évaluation du Programme d'analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC) 2009, sur l'ensemble des pays de la francophonie. La crédibilité du diplôme ivoirien en a sérieusement pâti.

Des données plus récentes, notamment celles produites par la Banque mondiale dans son rapport 2017 sur l'école ivoirienne montre certes quelques améliorations dues aux efforts et à la volonté politique du gouvernement ivoirien, mais il subsiste encore de nombreuses « plaies » qui minent l'École ivoirienne.

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Selon ce rapport « la Côte d'Ivoire a fait de l'amélioration de la performance de son système éducatif une des priorités de sa stratégie de développement. Malgré des efforts soutenus depuis 2012, le système présente encore des défaillances. Le nombre d'élèves entrant dans le secondaire reste faible. La discrimination contre les filles reste persistante. Les salles de classes pas toujours bien équipées. Les enseignants parfois mal formés. Et le curriculum scolaire inadapté aux besoins du marché du travail ».

Education nationale ivoirienne : quel impact d'un tel tableau sur l'écosystème scolaire ?

Depuis 1990, la violence n'a jamais vraiment quitté l'école ivoirienne. La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire dans sa lutte acharnée contre l'Etat pour, disent ses principaux responsables, l'amélioration des conditions de vie et de travail de leur membres, utilisent sans retenue la violence contre l'administration, les enseignants et même leurs propres camarades qu'ils n'hésitent pas martyriser. Beaucoup d'élèves en gardent encore les séquelles. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'élève n'a plus peur de son maître. L'autorité du maître s'est effritée depuis quelques années.

« Les scandales sexuels sont aujourd'hui monnaie courante dans nos écoles. Des élèves utilisant parfois des salles de classes comme des hôtels de passe »

Dans le public comme dans le privé, les élèves n'en font qu'à leur tête. L'exemple le plus patent, ce sont « les mutineries » à la veille des congés. Les élèves s'arrogent le droit de se mettre en congés au grand dam de leurs encadreurs. On n'est pas loin du jour où l'élève exigera le type de cours qu'il voudra recevoir. A cela, il faut ajouter la dépravation des mœurs à l'école.

Scandales sexuels

Les scandales sexuels sont aujourd'hui monnaie courante dans nos écoles. Des élèves utilisant parfois des salles de classes comme des hôtels de passe. Ce développement de la sexualité précoce et débridée chez les élèves, entraine immanquablement la propagation de certaines maladies sexuellement transmissibles tel le et…et des grossesses.

« L'année scolaire 2016-2017 a révélé 4.471 cas de grossesse », selon les chiffres communiqués par la Direction stratégique, de la planification et des statistiques du Ministère ivoirien de l'éducation nationale. 1.153 filles âgées de 9 à 14 ans, 2.393 de 15 à 18 ans, et 920 jeunes femmes de plus de 19 ans sont tombées enceintes, précise le rapport intitulé « Statistiques scolaires de poche 2016-2017 ».

« Au lycée Sainte-Marie, par exemple, sur 92 élèves interrogées, 52 ont reconnu avoir touché au moins une fois à la drogue »

Le rapport a révélé 404 grossesses dans l'enseignement primaire en 2015-2016 contre 512 en 2014-2015. 51 cas de grossesse ont été dénombrés chez les moins de 12 ans et 353 chez les 12 ans et plus. Ces chiffres, bien qu'importants, sont en baisse par rapport à l'année scolaire 2014-2015 où 5.992 cas de grossesses avaient été répertoriés dans les établissements d'enseignement primaire et secondaire du pays, et par rapport à 2013-14 (6.800 cas). Le gouvernement ivoirien a élevé au rang de priorité la scolarisation des filles, qui s'élevait en 2017 à un taux de 55,8% pour les filles dans le primaire, contre 67,1% chez les garçons.

Drogue Lycée sainte Marie de Cocody

Dans le secondaire, le taux de scolarisation des filles s'élevait à 24,6%, contre 33,1% chez les garçons. Les grossesses précoces engendrent presque systématiquement la déscolarisation pour la jeune fille. La ministre de l'Education , qui mène depuis 2013 une lutte contre ce phénomène, n'a pas hésité à pointer du doigt les enseignants, menaçant de « punir et radier sévèrement les auteurs » de grossesses en milieu scolaire.

« Dans l'unité de prise en charge du Centre régional de formation à la lutte contre la drogue (CRFLD) situé à , le plus jeune patient en désintoxication a 12 ans »

Certains enseignants n'hésitent pas à profiter de leur autorité ou à monnayer des notes contre des services sexuels, une pratique surnommée les « NST » (Notes sexuellement transmissibles) en allusion aux MST (maladies sexuellement transmissibles). En plus, nous ne risquons pas de nous tromper en affirmant que drogues et alcool font désormais partie de l'environnement sociologique de l'école. Dans l'unité de prise en charge du Centre régional de formation à la lutte contre la drogue (CRFLD) situé à Grand-Bassam, le plus jeune patient en désintoxication a 12 ans. Il est élève en classe de 5e.

En Côte d'Ivoire, pendant longtemps, on a pensé que la consommation de stupéfiants était un privilège des établissements français. Une addiction pour gosses de riches. Aujourd'hui, le constat est alarmant. La drogue est une plaie qui infecte presque tous les établissements scolaires. Des plus anonymes embourbés dans les quartiers populaires aux plus insoupçonnables. Lycée moderne d'Abobo, lycée moderne Pierre Gadié de Yopougon, lycée moderne Tiapani (Dabou) …et même le lycée Sainte Marie de Cocody. A dresser la liste des établissements narcotiques, très peu d'écoles seront certifiées hors drogue.

Campagne de sensibilisation sur la drogue et la violence, à Yopougon
Campagne de sensibilisation sur la drogue et la violence, à Yopougon

Polytoxicomanes

«La Direction de la mutualité et des œuvres sociales en milieu scolaire (DMOSS) a mené une enquête dans différents établissements scolaires. Les résultats sont alarmants» indique Zamblé Justin conseiller psychologue Service éducation à la lutte contre la drogue et la toxicomanie (SELDT).

Au lycée Sainte-Marie, par exemple, sur 92 élèves interrogées, 52 ont reconnu avoir touché au moins une fois à la drogue. Dans ce lycée d'excellence dont les résultats font pâlir d'envie beaucoup d'établissement de la place, la plus jeune consommatrice de stupéfiant à 9 ans.

« C'est une élève très brillante. Elle subit des pressions énormes afin de rester la meilleure. Cette élève prend des amphétamines pour pouvoir étudier », explique l'un des enquêteurs. Au cours de cette évaluation de la situation de la drogue en milieu scolaire qui s'est déroulée du 9 au 20 décembre 2013, 68% des élèves ont reconnu avoir déjà consommé de la drogue. Parmi ces derniers, 58% sont des polytoxicomanes. C'est-à-dire qu'ils consomment au moins deux types de drogue.

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Written by YECLO.com

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