7 août 1960 : Voici l’intégralité du discours historique d’Houphouët (suite et fin)

IvoireSoir.net vous propose la suite et la fin du discours d'Houphouët-Boigny du 7 août 1960, proclamant l'indépendance de la Côte d'Ivoire.

A un moment donné, je me suis senti presque seul,  seul au soir du combat, si près du but. C'est alors que trois admirables combattants m'ont dit : « Tu n'es pas seul, nous sommes à tes côtés et nous t'aiderons pour vaincre tous ensemble ». Et c'est notre ami Maurice Yaméogo, le benjamin des leaders africains d'expression française qui a gravi rapidement les étapes qui conduisent à la maturité politique grâce à son courage, à sa vivacité d'esprit et aussi et surtout grâce à sa fidélités aux principes sacrés.

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Maurice Yaméogo, qui nous rappelle l'irremplaçable Ouezzin Coulibaly a contribué efficacement à la réussite de l'œuvre d'émancipation que nous fêtons aujourd'hui. Le l'a écrit : « La Haute-Volta est le pays des hommes qui savent ce qu'ils veulent ». Maurice Yaméogo a tenu, comme nous, à assigner à sa politique une fin : l'homme, l'homme que Yaméogo, et nous tous, voulons heureux, fier, digne et frère de tous les autres hommes.

Notre ami Hubert Maga de ce vieux et cher Dahomey, qui a su concilier le régionalisme plus que séculaire, auquel le Dahoméen demeure jaloux, à la volonté d'unité que portent ses enfants intelligents. Maga qui a une mission délicate, difficile à remplir, n'a pas hésité à se joindre à nous dans la croisade pour la liberté des peuples.

Si Yaméogo nous rappelle Ouezzin Coulibaly par son courage, sa lucidité, la vivacité de son esprit, Hamani Diori, notre Président du Conseil de l'Entente, est l'image même de celui que nous avons tous pleuré. Comme ce sage, j'ai nommé « Mamadou Konaté » Hamani Diori, c'est la probité même, c'est la modestie faite homme. Mais ce qu'il a de plus précieux et sur quoi je vais conclure, c'est qu'il a le culte à la fois de la confiance et de l'espoir.

Espoir, confiance, solidarité

Comment peut-il en être autrement chez ce leader qui a la conviction que, dans son immense désert, l'homme rôti par le soleil de feu, aveuglé par le sable rouge, n'a jamais désespéré parce qu'il sait que quelque part dans cette immensité de sable il y a un homme, un frère, qui lui portera secours. Je sais la vocation du qu'a si magnifiquement défini notre ami Boubou Hama : Espoir, confiance, mais aussi solidarité.

C'est cette solidarité qui est la base de notre action et quand je voulais donner comme exemple de solidarité, le Conseil de l'Entente, je le faisais sans pour autant dénier à d'autres Africains la vertu de rechercher une formule meilleure. Mais nous croyons à la vertu de la nôtre. Nous pensons que l'union indispensable de l'Afrique doit se réaliser dans le respect de la personnalité de chaque Etat.

Dans une même famille, bien que chacun concourt à la prospérité générale, chaque membre s'efforce de garder sa personnalité, et, si, demain, se réalise, comme nous le souhaitons tous, l'union des continents, cette union ne sera pas pour autant la perte de la personnalité de chacun d'eux. Nous souhaitons l'union sincère, la plus étroite entre tous les Africains.

« qu'on ne se trompe pas sur les intentions de mes amis et de moi-même. Dans cette association que nous souhaitons la plus large possible, je le répète, il n'y aura pas de place pour des compétitions inutiles »

Nous la souhaitons pour des raisons de cœur, nous la souhaitons aussi parce qu'il y a de l'intérêt bien compris de nous tous. Mais qu'on ne se trompe pas sur les intentions de mes amis et de moi-même. Dans cette association que nous souhaitons la plus large possible, je le répète, il n'y aura pas de place pour des compétitions inutiles, pour des ambitions qui sacrifieraient à l'amour-propre, à l'orgueil, l'intérêt réel des masses laborieuses de nos pays.

Ce que nous voulons rechercher tous ensemble, et que nous devons obtenir tous ensemble, c'est la paix entre nous, la paix entre nous, Africains, pendant que ceux qui se disent grands parce qu'ils ont la faculté de détruire, s'ils le veulent, le genre humain, cherchent sans y croire, à désarmer.

Il importe, ô Africains, de donner l'exemple. Armons-nous contre la misère, contre les incompréhensions, mais de grâce, ne portons aucune arme contre notre prochain, parce que c'est notre frère. Chers enfants de chez nous, je vous invite à répondre à l'appel de la fraternité. Ne nous attardons plus à de vaines lamentations, tous les peuples sont passés par là où nous sommes passés.

Allons courageux vers notre idéal commun de bonheur, n'hésitons pas en cours de route à piétiner, à écraser, à détruire tout germe de division et de haine qui naitrait, alors que nous pourrions, nous Africains, avec le concours d'autre frères africains, et avec le concours de tous les hommes de bonne volonté de ce vaste monde, assurer le règne de la justice.

Parce qu'au fond, c'est bien de cela qu'il s'agit : la justice, qui seule peut soutenir la paix, non pas la « Paix des braves », mais la « Paix de justes ». C'est parce que nous avons la conviction sincère qu'en réalisant la paix des justes, nous assurerons le triomphe final de la fraternité humaine, que je voudrais, ce soir, en nous séparant, après avoir exprimé tous les sentiments qui nous animent à l'égard de la grande nation qui doit être fière de nous comme nous sommes fiers d'elle : la France, après avoir remercié du plus profond de mon cœur, tous les honorables représentants étrangers, dire à nos frères africains, de quelque expression qu'ils soient, que le moment est venu de nous concerter pour assurer le meilleur devenir de nos pays.

Permettez-moi, en terminant, de vous demander, à tous, de partager ma foi inébranlable dans un monde meilleur, un monde de Paix, un monde de Liberté, un monde de Fraternité.

Félix Houphouët-Boigny (7 août 1960)

7 août 1960 : Voici l'intégralité du discours historique d'Houphouët (1ère partie)

 

Written by YECLO.com

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