Abobodoumé : Quand la police maritime rançonne les vendeuses de poissons

La police maritime est accusée de racketter les vendeuses de poissons à Abobodoumé
La police maritime est accusée de racketter les vendeuses de poissons à Abobodoumé

Entre tracasseries et intimidations, les commerçantes de poissons d'Abobodoumé () subissent le joug de la police maritime. Elles appellent l'Etat à l'aide.

« C'est nous qui avons voté . J'en suis la preuve. Pendant la crise, je n'ai pas bougé. J'étais en Côte d'Ivoire jusqu'à la fin. La marine était vide je n'ai pas vu de marins ici. Au moment où nous avions besoin d'eux, nous ne les avons pas vus », martèle une vendeuse de poisson d'Abobodoumé, en colère.

Plusieurs personnes gagnent leur pain sur ce marché qui ravitaille la commune de Yopougon en poissons. Cependant, avec la construction du débarcadère, les agents économiques de ce secteur vont voir leurs activités aller à vau l'eau. La police maritime avec une attitude désinvolte n'hésite pas à les contraindre à débarquer leurs productions au débarcadère qui visiblement n'est pas assez approvisionné.

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« Quand les marins sont sur l'eau, ils prennent de l'argent avec les femmes qui vont acheter du poisson aux pêcheurs. Le poisson que nous allons acheter pour venir vendre, ils nous le prennent. Ce n'est pas normal , ils nous prennent le poisson et ils revendent. Pourquoi font-ils cela ? », s'est demandé cette commerçante désemparée.

« L'état c'est eux et moi. Ce sont nous qui faisons l'état. Sans nous, il n'y a pas d'Etat. Qu'ils nous laissent tranquilles »

« Ils nous prennent le poisson et ils revendent », a-elle ajouté. A L'en croire, les pertes subies pour ces actes contre nature peuvent être arrondies à 8 millions de francs CFA. Selon elle, ces agents véreux leur disent cet argent rentre dans les caisses de l'état. « Dans quel état ? L'état c'est eux et moi. Ce sont nous qui faisons l'état. Sans nous, il n'y a pas d'Etat. Qu'ils nous laissent tranquilles », a-t-elle déclaré.

Quant à ce fils du village, opérateur sur le site, il a pointé du doigt deux officiers de la police maritime d'Abobdoumé, qui seraient les instigateurs de ces œuvres : « La police maritime, le Capitaine Dago et son Adjudant Thierry et ses éléments traquent les pirogues artisanales, sur le pont du Banco à , les tirent de force pour alimenter le débarcadère industriel », s'est-il justifié. La police maritime n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

Aussi a-t-il expliqué que le débarcadère a été construit, pas pour que les pirogues artisanales aillent y débarquer leur production, mais pour que les bateaux modernes tels que le service thonier, (…), les sardiniers y débarquent. Et de poursuivre en ces termes : « Les femmes bravent la peur pour aller faire des achats sur l'autre rive. Quand elles arrivent, la police maritime les traque de 50 000 Frs, 25 000 Frs à 15 000 Frs. Cet argent va-t-il au trésor public ? »

« Quand la police maritime arrive, nous leur donne du poisson, Quand ils traquent les pirogues et les hors-bords, ils exigent qu'on leur paye entre 100 000 et 150 000 francs pour reprendre les moteurs »

Mères pour la plupart d'entre elles et contraintes d'être aussi « pères de famille » parce que veuves, elles ont décidé de s'ouvrir pour dénoncer ces traitements injustes : « Je suis allée prendre mon poisson dans un hors-bord. La police maritime a traqué la pirogue et l'a amenée à . J'étais tellement dépassée que j'ai dû sauter deux hors-bords pour tomber dans leur vedette. Il a fallu de peu pour que je tombe dans l'eau. Qui va s'occuper de mes neuf orphelins ? Ils m'ont laissé en brousse et un jeune m'a ramenée. Est-ce que c'est sérieux cela ?», a dit cette femme, les larmes au bord des des yeux.

Des vendeuses de poissons d'Abobodoumé
Des vendeuses de poissons d'Abobodoumé

« Quand la police maritime arrive, nous leur donnons du poisson, Quand ils traquent les pirogues et les hors-bords, ils exigent qu'on leur paye entre 100 000 et 150 000 francs pour reprendre les moteurs. Est-ce Alassane Ouattara qui a dit de faire cela ? Parce que quand on parle on nous dit que c'est l'Etat ivoirien qui demande cela », a-t-elle ajouté.

Et de conclure : « Nous voulons que l'Etat de Côte d'Ivoire nous écoute. Parce que c'est son nom qu'ils ont mis au-devant pour faire des choses qui ne sont pas dans les normes. Qu'ils arrêtent de mentir sur l'Etat ».

En tout état de cause, il y a de sérieux problèmes sur cette plate-forme de vente de poissons à Abobdoumé. Pour faire la part belle des choses, il est urgent que l'Etat s'implique davantage dans la résolution de ce problème, une bonne fois pour toute. Car elle est le gagne-pain d'une bonne frange de la population.

Prince Beganssou avec Akody TV

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Written by Prince Beganssou

Jean-Louis Billon

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