Le procureur de Bingerville a détaillé la procédure judiciaire visant Komé Bakary, accusé de faux. Les frères Mambo et Assalé Tiémoko ont déposé plainte en mars 2025.
Les accusations de falsification documentaire contre Komé Bakary se multiplient à Bingerville. Dans un communiqué officiel daté du 29 avril 2025, la procureure de la République Estienne Josiane Adrah détaille la chronologie des poursuites engagées contre cet individu pour « faux et usage de faux en écriture publique ». Trois plaignants distincts l'accusent de faits similaires, survenus vraisemblablement dans la même période.
Le document judiciaire précise que les frères Mambo – Gérard et Yapi – ont été les premiers à saisir la justice, déposant leurs plaintes respectives les 19 et 20 mars 2025. Une troisième plainte, émanant d'Assalé Tiémoko Antoine, a suivi quelques jours plus tard, le 25 mars, visant le même prévenu pour des faits apparemment identiques ou connexes.
La procédure judiciaire en cours
Les plaintes des frères Mambo ont immédiatement déclenché une enquête policière. « Ces deux plaintes ont été transmises le 20 mars 2025 au commissariat de police du 40ème arrondissement pour enquête complète », indique le communiqué. Cette première phase d'investigation s'est conclue par la rédaction d'un procès-verbal transmis au parquet, qui a alors pris la décision d'approfondir les investigations.
Le 4 avril 2025, l'affaire a franchi un cap significatif avec « l'ouverture d'une information judiciaire au premier cabinet d'instruction pour les faits de faux et usage de faux en écriture publique ». Cette qualification précise des faits reprochés suggère que les documents prétendument falsifiés revêtent un caractère officiel ou administratif, ce qui aggrave la nature des faits incriminés par rapport à des falsifications de documents privés.
Le traitement différencié des plaintes
La procureure explique dans son communiqué la gestion particulière de la troisième plainte. Celle d'Assalé Tiémoko Antoine, bien que portant sur « les mêmes faits » selon les termes du document, n'a pas été jointe à la procédure d'instruction. Le parquet a préféré la classer sans suite « pour inopportunité des poursuites », au motif que les faits dénoncés faisaient déjà l'objet d'une information judiciaire.
Cette décision s'inscrit dans une logique d'économie procédurale, évitant la multiplication des procédures pour des faits identiques. Toutefois, le communiqué révèle un détail inhabituel : « Les nombreuses tentatives du Parquet en vue de la notification de l'avis de classement à Monsieur ASSALE Tiémoko sont restées infructueuses ; ce dernier ayant, à maintes reprises, fait part de son indisponibilité. » Cette précision dénote une volonté du parquet de se prémunir contre d'éventuelles critiques sur le traitement de cette plainte.
Le choix du parquet d'ouvrir une information judiciaire pour « faux et usage de faux en écriture publique » situe cette affaire dans un registre pénal spécifique. En droit ivoirien, comme dans la plupart des systèmes juridiques d'inspiration française, cette qualification recouvre la falsification de documents officiels ou leur utilisation en connaissance de cause.
La distinction entre le simple faux et l'usage de faux est significative juridiquement. Le premier désigne l'acte de falsification lui-même, tandis que le second concerne l'utilisation du document falsifié pour en tirer un avantage ou causer un préjudice. La double qualification retenue par le parquet suggère que Komé Bakary est soupçonné non seulement d'avoir falsifié des documents, mais également de les avoir utilisés dans des démarches officielles.
L'ouverture d'une information judiciaire marque le début d'une phase d'investigation approfondie sous la direction d'un juge d'instruction. Cette procédure, plus longue qu'une citation directe devant le tribunal, permet de recueillir méthodiquement tous les éléments de preuve, d'entendre les différentes parties et de déterminer précisément l'étendue des faits reprochés.
La publication de ce communiqué par le parquet de Bingerville, signé de la procureure Estienne Josiane Adrah, répond à un souci de transparence sur une affaire qui semble impliquer plusieurs personnes et pourrait avoir des ramifications au-delà des faits actuellement connus. L'instruction en cours devra déterminer la réalité et l'ampleur des falsifications alléguées, ainsi que leurs éventuelles motivations et conséquences.
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