Face aux accusations d'instrumentalisation de la justice pour écarter Tidjane Thiam, le porte-parole du RHDP Kobenan Kouassi Adjoumani dément toute ingérence dans les affaires du PDCI.
Le RHDP rejette catégoriquement les accusations d'ingérence dans les affaires internes du PDCI concernant Tidjane Thiam. Lors des « Rendez-vous du RHDP » tenus à la Rue Lépic le 2 avril 2025, Kobenan Kouassi Adjoumani a répondu aux allégations selon lesquelles le pouvoir instrumentaliserait la justice pour écarter la candidature du président du PDCI à l'élection présidentielle.
« Le RHDP a le dos large. Donc, il supporte tout. Nous sommes comme une poubelle », a déclaré le ministre d'État, avant de préciser: « Sinon, dans cette affaire de justice, où est la place du RHDP? Ce sont des militants du PDCI qui attaquent la direction de leur parti sous le prétexte qu'ils sont abusivement exclus du parti ».
Une stratégie de diversion selon le RHDP
Pour le porte-parole principal du parti présidentiel, ces accusations relèvent d'une stratégie délibérée des formations d'opposition. « C'est de la diversion que les gens sont en train de faire. Tous ont peur du RHDP et pour peu qu'il y ait des problèmes au sein d'un parti, c'est le RHDP », a-t-il affirmé.
Le ministre a particulièrement insisté sur le fait que son parti n'a aucun intérêt à s'immiscer dans les affaires internes du PDCI. « On n'a pas le temps d'aller chercher à tripatrouiller ou à nous immiscer dans un parti politique dont le candidat ne nous fait pas peur », a lancé Kobenan Kouassi Adjoumani, ajoutant que le RHDP était concentré sur sa propre stratégie électorale.
Cette position a été renforcée par l'intervention de Mamadou Touré, porte-parole adjoint, qui a estimé que « le RHDP est devenu aujourd'hui le souffre-douleur de certains partis de l'opposition » et leur « bouc émissaire ». Selon lui, « au lieu de gérer leurs contradictions internes, leurs problèmes internes, on cherche des échappatoires en essayant de faire porter la responsabilité au RHDP ».
Séparation entre parti et justice
Les deux porte-parole ont insisté sur la séparation entre le parti au pouvoir et l'appareil judiciaire. « Nous avons des positions de principe. […] Nous ne nous mêlons pas des questions de justice parce que nous considérons que nous sommes dans un état de droit. Nous refusons même de commenter les décisions de justice, quelles qu'elles soient », a déclaré Mamadou Touré.
Kobenan Kouassi Adjoumani a même rappelé que le recours à la justice dans les affaires internes des partis n'est pas une nouveauté en Côte d'Ivoire. « Dans mes recherches, j'ai vu qu'il y a Jérôme Nguessant, alors que le président Bédié était président du PDCI, qui a eu recours à la justice contre un bureau politique qui devait être organisé », a souligné le porte-parole adjoint.
Le ministre d'État a également critiqué la crédibilité de Tidjane Thiam, affirmant que ce dernier n'avait visité « que dix villes en Côte d'Ivoire sur 201 communes » depuis son retour au pays. « Comment est-ce que ce candidat peut nous faire peur à une élection présidentielle? », s'est-il interrogé.
L'inclusivité au cœur du débat électoral
Au-delà de la question judiciaire, Kobenan Kouassi Adjoumani a abordé la notion d'inclusivité électorale, en réponse au récent communiqué des évêques ivoiriens. « Moi, je suis parfaitement d'accord avec ce que les évêques ont dit. Mais il ne faudrait pas faire des amalgames. L'inclusivité n'est pas par rapport à des individus », a-t-il déclaré.
Le porte-parole a cité l'exemple du Sénégal où, selon lui, le leader de l'opposition Ousmane Sonko, empêché de participer à l'élection présidentielle, « a choisi un autre candidat, donc une candidature de substitution ». Une allusion à peine voilée suggérant que le PDCI pourrait désigner un autre candidat si Tidjane Thiam était écarté du scrutin.
« Ce que nous demandons au parti, c'est de ne pas nous priver d'une élection inclusive […]. Maintenant, s'il y a des partis qui sont focalisés sur des individualités qui empêchent que leur parti ait des candidats, c'est ceux-là qui vont nous priver de cette inclusivité », a conclu le ministre d'État.
En fin de conférence, Kobenan Kouassi Adjoumani a réaffirmé la sérénité du RHDP face aux échéances électorales à venir: « Nous sommes sereins et quelles que soient les attaques, quelles que soient les menaces, nous demeurons sereins ».
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