Le tribunal d’Abidjan a condamné à 10 ans de prison Joseph Mathias Lebahy, le « faux général » à 10 ans de prison pour son réseau d’escroquerie.
L’affaire Lebahy s’est conclue par une sentence exemplaire au tribunal d’Abidjan. Le Pôle Pénal Économique et Financier (PPEF) a condamné Joseph Mathias Lebahy à 10 ans de prison ferme le 26 mars 2025, assortis d’une amende de 10 millions FCFA et de 3 milliards FCFA de dommages et intérêts à verser à l’État ivoirien.
Le verdict dépasse significativement les réquisitions du parquet qui avait demandé 7 ans d’emprisonnement. Le tribunal a considéré la gravité des faits et l’ampleur des sommes détournées, estimées à plus de 300 millions FCFA, pour prononcer cette sanction maximale.
Un stratagème d’escroquerie élaboré
Lebahy avait mis en place un système frauduleux basé sur une imposture sophistiquée. Il se présentait comme un haut gradé de l’ONU en mission en Haïti et portait des uniformes avec insignes pour asseoir sa crédibilité. Son arrestation en octobre 2022 avait mis fin à plusieurs années d’activités frauduleuses.
« Sous le couvert d’aumônier d’une organisation rattachée à l’ONU, il avait recruté et formé des jeunes destinés selon lui, à devenir des juges de paix », précisent les documents judiciaires. Cette façade lui permettait d’extorquer d’importantes sommes d’argent à des jeunes ivoiriens en quête d’opportunités professionnelles.
Qualification juridique des faits
Le tribunal a retenu quatre des cinq charges initialement présentées : usurpation de titre et de fonction, faux et usage de faux, escroquerie portant sur des numéraires et blanchiment de capitaux. La charge de port illégal d’uniforme militaire n’a pas été retenue, les tenues utilisées n’étant pas celles de l’armée ivoirienne.
L’équipe de défense de Lebahy a immédiatement réagi après l’annonce du verdict. « Nous ferons appel de la décision », a déclaré un proche du condamné, contestant la sévérité de la peine prononcée. Les avocats estiment que les sanctions financières sont disproportionnées par rapport aux faits établis.
Ramifications et suites judiciaires
L’affaire avait pris une dimension médiatique importante en impliquant des personnalités connues du grand public. L’artiste Ariel Sheney, soupçonné d’avoir bénéficié des largesses de Lebahy, a finalement été acquitté de toutes les charges. Ses comptes bancaires, gelés pendant l’instruction, ont été débloqués.
Ce dossier illustre la détermination des autorités judiciaires ivoiriennes à lutter contre les réseaux d’escroquerie structurés. Le montant record des dommages et intérêts fixé à 3 milliards FCFA témoigne de la volonté de réparer le préjudice causé à l’image des institutions et à la confiance publique.
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