Face à la présidentielle d'octobre 2025, le leader du FPI Pascal Affi N'Guessan prend position contre un quatrième mandat d'Alassane Ouattara et dénonce les faiblesses du système électoral ivoirien.
L'élection présidentielle d'octobre 2025 en Côte d'Ivoire suscite déjà des remous dans la classe politique. Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), a pris position contre une nouvelle candidature d'Alassane Ouattara. Lors de la commémoration du 35e anniversaire du multipartisme, l'ancien Premier ministre a livré un réquisitoire contre le pouvoir en place.
« Cette année, le pouvoir doit accepter enfin une évidence : la perpétuation de ce régime met notre pays en danger. Je le dis avec gravité : Alassane Ouattara n'a pas le droit de se représenter pour un 4ème mandat », a déclaré le leader de l'opposition. Une position qui ravive le débat constitutionnel après que le Conseil constitutionnel avait validé le troisième mandat actuel, estimant que le compteur avait été remis à zéro par la réforme de 2016.
Un système électoral contesté
Le président du FPI ne s'est pas contenté de s'opposer à un éventuel nouveau mandat présidentiel. Il a dressé un tableau critique du système électoral ivoirien, qu'il juge inadapté pour garantir une alternance démocratique. « La stabilité passe par l'organisation d'élections ouvertes, pluralistes et transparentes qui donnent une chance à l'alternance », a-t-il souligné.
Affi N'Guessan n'a pas mâché ses mots concernant l'instance organisatrice des scrutins : « La CEI a failli. Le changement de ses membres est un impératif tout comme l'audit de la liste électorale. » Une demande récurrente de l'opposition ivoirienne qui considère la Commission électorale indépendante comme acquise au pouvoir en place.
« La Côte d'Ivoire n'a jamais connu d'alternance sereine, d'élection présidentielle inclusive. Chaque rendez-vous électoral se présente comme une épreuve, un danger, une souffrance, au lieu d'être une confrontation d'idées et de projets », a-t-il affirmé, rappelant les crises post-électorales qui ont marqué l'histoire récente du pays.
Les exclusions politiques dénoncées
L'ancien Premier ministre a également pointé du doigt ce qu'il qualifie « d'exclusion politique » visant plusieurs figures de l'opposition. « Laurent Gbagbo, Blé Goudé et Guillaume Soro se sont vus confirmer la privation de leurs droits civiques. Ces trois radiations seraient inconcevables dans une démocratie réelle : c'est une indignité », a-t-il dénoncé.
Le cas de Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, a particulièrement retenu son attention. « Qui aurait pu imaginer que le nouveau président de l'ex-parti unique soit obligé de se réfugier à l'étranger parce qu'il craint pour sa sécurité ? Qui aurait pu imaginer que son mouvement politique soit l'objet de tentatives permanentes de déstabilisation ? », s'est interrogé Pascal Affi N'Guessan.
Pour le leader du FPI, ces différentes situations attestent de la fragilité de la démocratie ivoirienne, qu'il qualifie « d'immature ». Il pointe la responsabilité du pouvoir qui « a préféré cliver, diviser, fracturer » plutôt que de jouer « la carte d'une réconciliation sincère ». Et de conclure : « Notre cher pays ne peut pas se permettre une nouvelle crise. La Côte d'Ivoire n'a pas le droit de s'entredéchirer. »
À l'approche de ce rendez-vous électoral important, la sortie d'Affi N'Guessan préfigure une précampagne qui s'annonce tendue. La question d'une nouvelle candidature d'Alassane Ouattara, qui n'a pour l'heure pas dévoilé ses intentions, risque de cristalliser les débats dans les mois à venir.
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