Des escrocs utilisent l'image du ministre ivoirien du Commerce pour proposer un faux fonds de subventions aux entreprises. Les autorités dénoncent la manœuvre.
L'usurpation d'identité gouvernementale sévit en Côte d'Ivoire. Le ministère du Commerce et de l'Industrie a publié le 5 mai 2025 un démenti formel concernant une fausse campagne de subventions diffusée sur les réseaux sociaux. Cette publication frauduleuse, apparue le 28 avril dernier, utilise l'image du ministre Souleymane Diarrassouba pour promouvoir un prétendu « Fonds de Subventions aux Entreprises ».
La technique employée par les fraudeurs consiste à créer une confusion en associant des signes officiels à leur communication trompeuse. Le communiqué ministériel décrit une opération visant à attirer des victimes pour les dépouiller de leurs données personnelles, voire de leur argent.
La stratégie des escrocs
Le mode opératoire des fraudeurs révèle une préparation minutieuse. Le document signé par Loesse Jacques Esso précise que « ces individus indélicats associent constamment l'image du Ministre du Commerce et de l'Industrie et les symboles du Ministère du Commerce et de l'Industrie à de fausses activités de promotion sur les réseaux sociaux, invitant les populations à y adhérer avec l'intention de les arnaquer ».
Cette stratégie s'appuie sur la crédibilité des institutions publiques pour piéger les entreprises à la recherche de financements. Les escrocs exploitent le besoin de soutien financier des entrepreneurs ivoiriens, dans un contexte économique où les subventions publiques représentent une aide précieuse pour le développement des affaires.
Le ministère souligne que cette manœuvre vise explicitement à « tromper [les populations] à des fins d'escroquerie tout en contournant les voies légales pour accéder à leurs données à caractère personnel ». Cette double intention – l'appropriation frauduleuse de fonds et le vol de données – constitue une menace sérieuse pour les victimes potentielles.
Réponse institutionnelle
Face à cette situation, le ministère adopte une position claire et sans ambiguïté. Le communiqué affirme catégoriquement : « Le Ministère du Commerce et de l'Industrie n'est pas associé à toutes les informations contenues dans cette publication sur l'Approbation d'un Fonds de Subventions aux Entreprises ».
Pour renforcer sa communication authentique, le ministère invite le public à vérifier systématiquement les informations auprès de ses services officiels. « Le Ministère du Commerce et de l'Industrie appelle à la vigilance des populations et les invite à se rapprocher constamment de sa Direction de la Communication et des Relations Publiques sise à Abidjan-Plateau, au 4ème étage de l'immeuble Postel 2001, téléphone : 2720229528, pour toutes publications, annonces et parutions faites pour son compte », précise le document.
Cette centralisation de la communication vise à créer un point de référence unique, facilitant l'authentification des informations pour le public. Elle témoigne également d'une prise de conscience des autorités face à la prolifération des fraudes numériques impliquant des usurpations d'identités institutionnelles.
Implications juridiques
La réponse des autorités ne se limite pas à une simple rectification. Le ministère annonce clairement son intention de poursuivre les responsables de cette fraude : « Le Ministère du Commerce se réserve le droit de poursuivre devant les juridictions compétentes les auteurs de toutes publications mensongères faites pour son compte ».
Cette mention des poursuites judiciaires souligne la gravité des faits aux yeux des autorités. Elle indique également une volonté de traiter cette affaire non comme un simple incident de communication, mais comme une infraction pénale relevant de l'usurpation d'identité et de la tentative d'escroquerie.
Le cadre légal ivoirien permet effectivement de sanctionner ce type de pratiques, qui portent atteinte tant à l'image des institutions qu'à la sécurité économique des citoyens. Cette affaire pourrait constituer un précédent dans la lutte contre les fraudes numériques en Côte d'Ivoire, à l'heure où la numérisation croissante des services crée de nouvelles opportunités pour les escrocs.
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