Dans un communiqué, le député Assalé Tiémoko dénonce l'afflux de victimes d'expropriation et s'inquiète des conséquences des litiges fonciers en Côte d'Ivoire.
L'expropriation foncière devient un sujet d'inquiétude nationale selon Assalé Tiémoko Antoine. Le député et directeur de « L'Éléphant Déchaîné » a publié un communiqué dans lequel il alerte sur la multiplication des cas similaires à l'affaire « Djorogobite-2 » à travers le pays et leurs conséquences sur la confiance des citoyens.
Les locaux du journal qu'il dirige seraient désormais un refuge pour les victimes. « Les bureaux de ‘L'Éléphant Déchaîné' sont envahis par des centaines de victimes expropriées issues de tout le pays. Les journalistes sont submergés », écrit-il, témoignant d'un phénomène qui dépasse le cadre d'Abidjan pour toucher l'ensemble du territoire.
Des enquêtes journalistiques en cours
Le communiqué révèle que la rédaction de « L'Éléphant Déchaîné » a déployé ses journalistes sur plusieurs fronts pour documenter ces affaires. « Des journalistes de ‘L'Éléphant Déchaîné' enquêtent en déplacement au centre du pays sur un dossier impliquant un ministre de la République, tandis que d'autres explorent des affaires touchant des membres du système judiciaire, à Abidjan », précise le député.
Cette mobilisation journalistique illustre l'ampleur du phénomène et suggère l'implication de personnalités de haut rang dans certains dossiers. Le député semble ainsi vouloir mettre en lumière une problématique systémique plutôt que des cas isolés, impliquant différents niveaux de l'appareil d'État.
Assalé Tiémoko rapporte avoir lui-même reçu plusieurs plaignants venus de différentes localités. « Ce mardi, au cabinet à la mairie de Tiassalé, j'ai reçu des victimes d'un village de Bingerville, confrontées au même Traoré Gnounvié dans une affaire rocambolesque où la justice s'est dite incompétente en première instance », relate-t-il.
Le communiqué mentionne également « d'autres victimes arrivées de Yamoussoukro et de Songon », élargissant la carte des zones concernées. Cette dispersion géographique des cas signalés renforce le constat d'un problème à l'échelle nationale, touchant aussi bien la capitale politique que les zones périurbaines d'Abidjan.
Une « dégradation morale » des institutions
Le député porte un jugement sévère sur l'état des institutions. « Nous avons atteint un tel niveau de dégradation morale, d'insouciance professionnelle, et d'absence totale de patriotisme que mon angoisse grandit, au fil des dossiers que nous recevons, pour l'ensemble des Ivoiriens », affirme-t-il dans son communiqué.
Cette analyse établit un lien direct entre les défaillances institutionnelles et les injustices foncières. Le député semble pointer des dysfonctionnements profonds qui dépassent les simples erreurs administratives pour relever d'une crise éthique au sein des institutions chargées de rendre justice.
La conclusion du communiqué prend la forme d'un avertissement sur les risques sociaux liés à cette situation. « Quand un peuple perd foi en ses institutions, la République vacille et la loi de la rue s'impose », écrit le député en ouverture, avant de conclure: « Le foncier est une bombe sociale avec laquelle nous jouons… ».
Entre ces deux affirmations, il alerte spécifiquement sur « la perte totale de confiance dans les Institutions et à l'avènement de la justice de la Rue ». Cette mise en garde souligne les conséquences potentielles de la défiance citoyenne: le risque d'un basculement vers des formes de justice parallèle, en dehors du cadre républicain.
Un aspect particulièrement préoccupant soulevé par Assalé Tiémoko concerne les victimes silencieuses. « En réalité, derrière une victime d'injustice qui s'exprime publiquement, se cachent neuf victimes qui ont soit abandonné, soit tout perdu soit ont peur de crier leur détresse », analyse-t-il.
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