Le chômage des jeunes diplômés en Côte d'Ivoire atteint un niveau alarmant. Jean Bonin Kouadio alerte sur les risques et appelle à des mesures urgentes.
Le chômage des jeunes en Côte d'Ivoire prend des proportions inquiétantes, comme en témoigne une récente expérience partagée par Jean Bonin Kouadio, juriste et président de FIER. Suite à une offre d'emploi pour un poste de comptable et de secrétaire, il a reçu 758 candidatures en seulement deux jours. Ce qui frappe, c'est la surqualification des candidats, avec des titulaires de master prêts à accepter des postes de secrétaire.
Cette situation révèle le décalage entre les formations proposées et les besoins réels du marché du travail. Chaque année, des milliers de diplômés sortent des universités et grandes écoles, pour se retrouver sans emploi ou contraints d'accepter des postes bien en-deçà de leurs qualifications. Ce phénomène touche même les plus hauts niveaux d'études, comme l'illustre le cas récent des 3000 docteurs de l'enseignement supérieur non recrutés.
Un défi national à relever
Le gouvernement ivoirien semble avoir pris conscience de l'enjeu, en déclarant 2023 « année de la jeunesse ». Cependant, Jean Bonin Kouadio estime que les actions menées jusqu'à présent restent insuffisantes et trop conjoncturelles. Il appelle à la mise en place de mesures structurelles pour faire face à ce qu'il considère comme une « bombe sociale à retardement ».
« La jeunesse est un volcan passif qui pourrait, du jour au lendemain entrer en éruption. Elle est une bombe sociale qui sommeille et qu'il faut désamorcer. Non pas avec de vains slogans et des réformettes, mais avec des projets structurants », déclare-t-il.
Le juriste souligne le paradoxe entre la construction de nouvelles universités et la création simultanée d'une masse de futurs chômeurs. Il pointe du doigt le problème d'adéquation entre les formations proposées et les besoins réels des entreprises et administrations.
Des solutions concrètes proposées
Pour faire face à cette situation, Jean Bonin Kouadio propose plusieurs pistes d'action. Il préconise l'élaboration d'un « Plan Marshall » pour la jeunesse, incluant la construction de centres de formation technique et professionnelle dans chaque région. Il suggère également la mise en place d'une équipe dédiée, coordonnée par le Premier ministre, pour élaborer une feuille de route impliquant tous les ministères dans la valorisation et la promotion du capital humain jeune.
L'exploration de secteurs prometteurs comme l'industrialisation et le numérique, en partenariat étroit avec le secteur privé, fait partie des recommandations. Le juriste insiste sur l'implication des collectivités territoriales dans le financement d'initiatives de création d'emplois dans des secteurs tels que l'artisanat, les services, le commerce et l'agriculture.
La création de zones industrielles, commerciales et artisanales locales structurées, à l'image du village artisanal de Grand Bassam ou celui de Treichville, est également proposée. Enfin, il recommande la mise en place d'un système d'évaluation de la performance des ministres et de l'efficacité de leurs politiques sectorielles en matière d'employabilité des jeunes.
Le juriste insiste sur l'importance d'une action collective et planifiée, soutenue par une vision réaliste et ambitieuse. Il met en garde contre les risques d'une jeunesse diplômée et qualifiée laissée sans perspectives d'avenir.
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« Croyons-nous sérieusement que ces jeunes-là vont tranquillement, indifféremment et indéfiniment continuer à regarder nos élites scolariser leurs enfants dans les meilleures écoles et universités occidentales pour après qu'ils reviennent les diriger, eux qui sont restés sur place, faute de moyens financiers pour prétendre, eux aussi, à une formation de qualité. C'est un pari risqué », alerte-t-il.
Jean Bonin Kouadio appelle à une prise de conscience collective et à une action urgente pour transformer le potentiel créatif de la jeunesse en véritable moteur de la croissance économique ivoirienne. Il souligne que seule une approche globale et coordonnée permettra de relever ce défi important pour l'avenir du pays.
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