Comment changer la Côte d’Ivoire, selon Assalé Tiémoko

Pour Assalé Tiemoko, maire de Tiassalé, on ne va pas changer la Côte d'Ivoire en faisant des posts sur les réseaux sociaux. Il faut plus que ça !

Si nous voulons changer notre pays, on peut passer des journées entières à publier ce qui nous passe par la tête, à dénoncer ce qui ne va pas, sur les réseaux sociaux. C'est une solution, mais une solution non suffisante et à l'efficacité de courte durée. Si nous voulons changer notre pays, changer les choses, commençons par prendre des initiatives dans la vie réelle, sur le terrain.

Notre quartier est sale ? Au lieu d'insulter la ministre de la salubrité, organisons nous d'abord pour rendre le quartier propre, avant de critiquer la ministre. Nous voulons que nos parents ne votent pas tel ou tel candidat pendant une élection ? Ce n'est pas en restant à pour le dire sur les réseaux sociaux que les populations en zone rurale vont suivre cette volonté. Il faut aller sur le terrain pour leur expliquer ce que c'est qu'une élection, ses enjeux pour eux-mêmes et leurs enfants, pour leur pays. Il faut aller sur le terrain pour expliquer pourquoi ils ne doivent pas brader leur bulletin de vote pour un tee-shirt, pour un billet de 2000 FCFA, pour une boîte de sardine.

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C'est de cette manière que durablement, on arrivera à la prise de conscience. Et non en restant dans l'illusion de l'influenceur virtuel. Dans la vie réelle, les choses sont totalement differentes. Vous êtes candidat à une élection, il y a des gens qui ne vous voteront pas dans le village parce qu'ils n'ont pas reçu de tee-shirts. Ce n'est pas en criant sur les réseaux sociaux ou dans les journaux qu'on fera changer cette réalité. C'est en descendant sur le terrain pour parler aux gens dans le langage qu'ils comprennent. J'ai été candidat à deux élections locales et je sais de quoi je parle. C'est une réalité commune dans toute la Côte d'Ivoire et notamment dans les zones rurales.

Nous voulons que nos députés agissent au parlement dans l'intérêt du peuple et non dans l'intérêt de leur parti ? Mais nous-mêmes, sur les réseaux sociaux et dans la vie réelle, nous ne défendons que des individus et les partis qu'ils incarnent. Nous ne défendons que les valeurs de nos « dieux politiques » et non les valeurs de la République. Nous n'aimons notre pays que lorsqu'il est dirigé par notre leader.

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Lequel peut commettre toutes les erreurs, faire preuve de la plus grande incompétence, nous n'aurons pas le courage de critiquer cela. Pourquoi voulons-nous que nos députés, majoritairement réagissent et agissent, autrement ? Sommes-nous capables de critiquer les errements de nos leaders que nous avons élevés au rang d'hommes infaillibles ?

Nous voulons changer le pays ? Engageons-nous dans tous les domaines, sur le terrain.
Critiquer la ministre de l' pour la faiblesse du niveau des élèves, c'est bien. Mais aller au village pendant les vacances quand on ne fait rien à Abidjan, pour donner des cours de renforcement à nos petits frères, c'est mieux et cela nous rend légitime à critiquer la ministre.

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Pendant des années, j'ai risqué ma liberté, ma vie, ma sécurité, celle de mes enfants, en faisant des enquêtes, en dénonçant la mauvaise gouvernance. Sous les applaudissement et les insultes des uns et des autres. Et, je me suis rendu compte que les sont tellement politiquement fanatisés, que même des dossiers qui devraient soulever l'indignation nationale ne créaient de l'émotion que le temps de la lecture ou selon le camp politique dans lequel les uns et les autres se trouvaient.

Ces révélations ne changeaient pas grand chose dans le pays et les populations rurales n'en entendaient jamais parler et ne voyaient aucun changement. J'ai préféré changer de tactique, en m'engageant sur le terrain depuis 2014. Et ceux qui connaissent Tiassalé, qui connaissent la sous-préfecture de Morokro et qui y vont, peuvent témoigner aujourd'hui, des résultats de cet engagement citoyen sur le terrain.

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Améliorer la vie des populations, rendre moins pénibles leur existence, rechercher des solutions à leurs problèmes, rechercher des moyens, faire du lobbying auprès des autorités étatiques, réhabiliter des écoles, créer des mutuelles de développement, donner de l'eau potable, réhabiliter des centres de santé, financer de petits projets, financer des cours de renforcement pour des élèves en classe d'examen, etc, sont désormais les seules choses qui ont du sens à mes yeux et qui donnent un vrai sens à mon existence.

À quoi je sers, pour ma famille ? À quoi je sers, pour ma région, ma commune, ma sous-préfecture, mon village ? À quoi je sers pour mon pays ? Voilà les questions qui m'intéressent. Tout le reste n'est que bavardage stérile et guerre de tous contre tous pour les intérêts de quelques-uns. Engageons-nous. Formons nous. Rendons-nous utiles pour le pays. Demain nous dirigerons ce pays.

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Written by Assalé Tiemoko

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