Cinq cardinaux africains participeront au conclave 2025, pour élire le successeur du pape François. Entre conservateurs et modérés, ils représentent un continent catholique en pleine croissance.
L'Afrique occupera-t-elle une place décisive lors du prochain conclave? Cinq cardinaux africains figureront parmi les 133 électeurs appelés à désigner le successeur du pape François dès mercredi à Rome. Leurs profils variés, entre figures conservatrices et sensibilités plus modérées, illustrent la diversité du catholicisme africain face aux défis contemporains de l'Église.
Le continent africain, où le nombre de fidèles catholiques connaît une croissance constante, reste pourtant minoritaire dans le collège cardinalice. Cette sous-représentation numérique n'empêche pas ces cinq prélats de porter des voix influentes au sein de la Curie romaine, chacun incarnant une vision particulière de l'avenir de l'institution.
Des figures emblématiques aux positions tranchées
Le cardinal Robert Sarah incarne l'aile la plus traditionaliste parmi les électeurs africains. À 79 ans, ce Guinéen francophone représente une opposition frontale à certaines évolutions récentes. « Figure de proue des catholiques traditionalistes critiques de François », il a notamment « qualifié d'hérésie le texte du Saint-Siège ouvrant la voie, en 2023, à une bénédiction des couples homosexuels ». Son positionnement lui vaut « une grande popularité parmi les catholiques traditionalistes, notamment dans les pays francophones ».
À l'opposé du spectre théologique, le cardinal Stephen Brislin apporte une sensibilité plus libérale. Ce Sud-Africain de 68 ans, « d'ascendance irlandaise et écossaise », a été créé cardinal par François en 2023. Après avoir dirigé l'archidiocèse du Cap « pendant près de 15 ans », il est aujourd'hui à Johannesburg. « Considéré comme étant un libéral au sein de la Curie », il reste néanmoins « influent et capable de parler aux plus conservateurs », une qualité précieuse dans un contexte de polarisation.
Entre diplomatie vaticane et engagement terrain
Le cardinal Peter Turkson occupe une position centrale dans cette constellation africaine. À 76 ans, ce Ghanéen polyglotte qui « parle six langues » demeure « l'un des cardinaux africains les plus influents » et a « souvent été présenté parmi les favoris pour devenir le premier pape noir de l'Église ». Sa présence régulière au Forum économique mondial de Davos, où il intervient « pour alerter les chefs d'entreprise des dérives de l'économie libérale », témoigne de son rayonnement international.
Le cardinal Fridolin Ambongo apporte quant à lui la voix d'un pays meurtri par les conflits. À 65 ans, cet archevêque de Kinshasa depuis 2018, devenu cardinal en 2019, s'est imposé comme une « voix puissante du mouvement pour la paix en République démocratique du Congo ». Membre du « C9 », le conseil des neuf cardinaux conseillers du pape, il avait néanmoins « joint sa voix aux protestations soulevées par la publication en décembre 2023 » du document sur la bénédiction des couples homosexuels, illustrant la complexité des positionnements africains.
Un engagement pour la paix interreligieuse
Le cardinal Dieudonné Nzapalainga complète ce tableau avec un profil singulier. Premier cardinal de l'histoire de la Centrafrique, créé en 2016 « à l'âge seulement de 49 ans », il est issu « d'une famille modeste » comme « le cinquième d'une fratrie de quatorze enfants ». Son action pendant le conflit centrafricain l'a distingué: « En plein conflit en 2013, Dieudonné Nzapalainga parcourt la capitale au volant de sa voiture, pour secourir des personnes vulnérables ».
Son engagement œcuménique est également remarquable. Il a parcouru « toutes les régions de la RCA aux côtés de l'imam Kobine Layama, décédé en 2020, et du pasteur Nicolas Guerekoyame, pour prôner la paix », incarnant une Église engagée dans le dialogue interreligieux. Cette dimension politique de son ministère lui a valu d'être « nommé membre de la congrégation pour l'évangélisation », l'un des dicastères les plus importants pour l'avenir de l'Église en Afrique.
Cette diversité de profils reflète les multiples visages du catholicisme africain contemporain. Si le continent est souvent perçu comme un bastion de conservatisme, la réalité s'avère plus nuancée, entre figures traditionalistes comme Robert Sarah et sensibilités plus ouvertes comme Stephen Brislin. Ces cinq cardinaux, bien que numériquement minoritaires, porteront lors du conclave la voix d'un continent où l'Église catholique connaît une vitalité remarquable, contrastant avec son déclin en Europe.
Leur influence sur l'élection du prochain pape dépassera probablement leur poids numérique, d'autant que certains d'entre eux occupent des positions stratégiques au sein de la Curie romaine. Qu'un pape africain émerge ou non de ce conclave, ces cinq cardinaux témoignent du rôle croissant de l'Afrique dans les équilibres d'une Église mondiale en pleine mutation démographique.
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