En Côte d’Ivoire, « les ingrédients d’une nouvelle et autre grave crise sociopolitique sont bel et bien réunis. Et c’est un cocktail molotov »

Face aux intimidations, aux menaces et aux messages incendiaires de « gens inconscients », l'église catholique a reculé et annulé sa marche du 15 février.

La « marche priante » du diocèse d' pour la paix en Côte d'Ivoire s'est muée en séance de prière, à son corps défendant. Face aux intimidations, aux menaces et aux messages incendiaires de « gens inconscients », Mgr Jean-Pierre Cardinal Kutwa, archevêque métropolitain d'Abidjan a reculé. Tout comme, hier, l'État ivoirien.

À la suite de l'invalidation de la candidature d' aux législatives du 10 décembre 2000, le pays a été mis, en effet, à feu et à sang. En lieu et place d'un meeting au stade , le RDR a organisé, les 4 et 5 décembre, une marche émaillée de nombreux incidents violents, qui s'est soldée par 42 morts, selon l'ONG Human Right Watchs.
Le parti a retiré tous ses candidats du scrutin, par solidarité avec son président, et empêché son déroulement dans 29 circonscriptions électorales sur 32 au Nord du pays, son bastion. Il a ainsi détruit le matériel électoral et chassé les fonctionnaires.

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Last but not least, à Kong, ville d'origine d'Alassane Ouattara, le drapeau burkinabé a été hissé sur les bâtiments administratifs, les fonctionnaires et les gendarmes ont été aussi chassés et leurs résidences, brûlées. Les missions de réconciliation initiées par le Gouvernement de et conduites par les ministres d'État Abou Drahamane Sangaré, le 21 avril 2001 à , et Émile Boga Doudou, le 23 avril à Odienné, se sont terminées en queue de poisson.

À l'instar des autres envoyés dans la partie septentrionale du pays, ils ont été conspués, lapidés et chassés. Le pays n'a depuis lors pas rompu avec la violence aveugle comme moyen d'expression. Après la rébellion armée du 19 septembre 2002 pour tenter de renverser les institutions républicaines et la guerre pour départager les protagonistes du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, la Côte d'Ivoire a repris sa danse du diable, sur un volcan. Avec deux camps en état permanent de belligérance et décidés à en découdre, en y mêlant les religions (cf. la Une du journal ci-dessous).

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C'est pourquoi la marche du diocèse d'Abidjan a été assimilée à un casus belli. Cet incident n'est nullement anodin mais trahit le signal que le pays est une cocotte-minute plombée et prête à exploser. Les ingrédients d'une nouvelle et autre grave crise sociopolitique entre le Nord et le Sud, entre pouvoir et opposition, sont bel et bien réunis. Et c'est un cocktail molotov.

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Après la manifestation avortée du diocèse d'Abidjan qui a montré le niveau d'animosité entre les acteurs , il ne reste que la petite étincelle pour mettre le feu aux poudres d'une déflagration sociale à maturité à l'occasion de la présidentielle d'octobre 2020 qu'aucun camp ne veut perdre.

Written by Ferro Bally

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