Le GPS de Guillaume Soro a publié ce 25 mars 2025 une déclaration détaillée sur les irrégularités constatées dans la liste électorale provisoire et appelle à un processus inclusif avant la présidentielle.
La liste électorale provisoire publiée le 17 mars par la Commission Électorale Indépendante suscite de vives réactions en Côte d'Ivoire. Le mouvement Générations et Peuples Solidaires a publié le 25 mars sa déclaration n°003-2025 après une réunion de son Cadre restreint consacrée à l'examen de ce document électoral.
Cette liste, qui recense 8 761 348 électeurs, fait l'objet de contestations multiples depuis sa publication. GPS y voit la continuation d'une pratique d'exclusion politique qui, selon le mouvement, a été source de crises répétées dans l'histoire récente du pays.
Les contestations techniques du fichier
GPS relève huit catégories d'anomalies dans la liste provisoire. Parmi les plus notables figurent « plusieurs centaines d'électeurs annoncés comme âgés de plus de 115 ans » et « 136 cas de jeunes nés en 2007 ou après, donc mineurs, mais inscrits comme majeurs ». Le mouvement cite également des cas d'électrices apparaissant comme « mères de plus de 50 enfants ».
« Selon le PDCI, 58% des 943 157 modifications enregistrées en 2024 n'ont fait l'objet d'aucune notification ni justification officielle », indique la déclaration qui mentionne aussi « environ 23 000 électeurs supprimés pour ‘doute sur la nationalité', sans procédure contradictoire ». Ces éléments alimentent, selon GPS, les doutes sur la fiabilité du fichier.
Les exclusions politiques contestées
La déclaration s'attarde particulièrement sur l'absence de trois personnalités politiques de la liste : Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé. Selon GPS, ces exclusions s'inscrivent dans une stratégie délibérée visant à écarter certains adversaires politiques de la prochaine élection présidentielle.
« Celui qui se présentait jadis comme la victime de l'exclusion règne et procède aujourd'hui par la même détestable politique d'exclusion de ses adversaires politiques », affirme GPS dans sa déclaration. Le mouvement condamne ce qu'il qualifie de « volonté manifeste de M. Alassane Ouattara et du RHDP de se maintenir au pouvoir par des méthodes déloyales ».
L'analyse historique des crises électorales
GPS établit un parallèle entre la situation actuelle et les crises passées. « Tous les rapports d'experts internationaux indiquent que les violences politiques survenues en Côte d'Ivoire au cours des trois dernières décennies sont toutes liées à la violation de la Constitution, à la manipulation de la justice et à la distorsion des lois électorales », souligne la déclaration.
Le document énumère les crises successives depuis 1993, du boycott actif de 1995 à ce que GPS nomme « le coup d'État constitutionnel de 2020 ». Pour le mouvement, l'histoire démontre que « l'exclusion politique a déjà précipité la Côte d'Ivoire dans les pires conflits fratricides de 1993 à 2020 ».
Face à cette situation, GPS formule plusieurs demandes précises : un audit indépendant de la liste électorale, l'annulation des exclusions jugées injustifiées et l'ouverture d'un dialogue inclusif. Le mouvement « interpelle la communauté internationale et notamment l'Organisation des Nations Unies à rompre avec toute forme d'inaction coupable ».
« Une crise majeure en Côte d'Ivoire, pilier économique de l'Afrique de l'Ouest, menacerait encore plus gravement la stabilité de toute la sous-région, déjà ébranlée par les récents troubles politiques au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger », avertit GPS qui appelle à la formation d'un « large front uni pour l'obtention d'un cadre démocratique » avant la présidentielle prévue en octobre 2025.
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