Alors que le gouvernement et les syndicats se concertent sur la grève des enseignants, Jean-Louis Billon appelle à réformer durablement le dialogue social dans l'éducation.
« L'école, l'otage perpétuel des tensions sociales ». C'est par ces mots que Jean-Louis Billon a qualifié la situation actuelle du système éducatif ivoirien, paralysé par un mouvement de grève depuis le 3 avril 2025. L'ancien ministre du Commerce a publié cette déclaration alors que l'intersyndicale du secteur Éducation/Formation maintient son mot d'ordre pour réclamer une prime d'incitation.
Cette prise de position intervient dans un contexte marqué par une rencontre entre le gouvernement et les représentants syndicaux, organisée le 9 avril 2025 au Cabinet du Ministre d'État. Une réunion qui s'inscrit dans la recherche d'une solution à ce conflit social qui menace le bon déroulement de l'année scolaire, comme le révèle le communiqué officiel signé par les deux parties.
L'analyse et les propositions de Jean-Louis Billon
« Je comprends les frustrations. Je reconnais les défis. Mais je crois fermement qu'aucune cause ne justifie la paralysie de l'avenir de nos enfants », poursuit Jean-Louis Billon dans sa déclaration. L'homme politique ne se contente pas de déplorer la situation, il formule des propositions concrètes pour sortir durablement de cette impasse.
Il préconise l'établissement d'un « cadre permanent de dialogue social dans l'éducation », la réalisation « d'audits indépendants sur les conditions de travail » et « l'instauration des contrats de performance mutuelle entre l'État et les syndicats ». Il conclut son intervention par un appel à dépasser le schéma conflictuel actuel : « Il est temps de sortir du cycle grève-répression. L'école mérite mieux. Le pays aussi. »
Le jour même où Jean-Louis Billon exprimait cette position, une rencontre se tenait entre plusieurs membres du gouvernement et les responsables syndicaux. Selon le communiqué officiel, cette réunion était présidée par Anne Désirée Ouloto, Ministre d'État, Ministre de la Fonction Publique et de la Modernisation de l'Administration, en présence du Ministre de l'Éducation Nationale, Professeur Mariatou Koné, et du Ministre de la Promotion de la Jeunesse, Mamadou Touré.
Cette rencontre, organisée « sur instruction du Premier Ministre », visait à « ramener à la table du dialogue ces organisations syndicales en vue de mettre fin à la crise qui secoue le secteur Éducation/Formation », précise le document. Les enjeux étaient clairement définis : « sauvegarder l'année scolaire, garantir le droit à l'éducation et trouver une issue favorable à la résolution de cette crise ».
Les résolutions adoptées
À l'issue des échanges, plusieurs décisions ont été actées par les parties. Un atelier inclusif réunissant l'ensemble des parties prenantes se tiendra les 17, 18 et 19 avril 2025 autour du thème : « Examen de la revendication relative à la prime : élaboration d'un chronogramme de travail ».
Une rencontre de restitution des conclusions de cet atelier est programmée pour le mardi 22 avril 2025 au Cabinet du Ministre d'État. Le communiqué souligne également « la réaffirmation de la nécessité de privilégier la voie du dialogue responsable pour l'examen de toute préoccupation conformément à l'esprit de la trève sociale ».
Au-delà de la question de la prime d'incitation, principal motif de la grève, d'autres sujets ont été abordés lors de cette rencontre. Le communiqué révèle que « les organisations syndicales ont fait le plaidoyer de la libération de leurs camarades incarcérés et/ou interpellés, et la levée des mesures à caractère financier prises lors de l'arrêt de travail observé les 15, 16 et 17 octobre 2024 ».
Sur ce point, les représentants gouvernementaux ont indiqué que « le plaidoyer relatif à la demande des personnes condamnées ou interpelées relève de la compétence de la justice », tout en promettant de porter ces doléances à l'attention du gouvernement. En retour, ils ont demandé « un signal fort allant dans le sens de l'apaisement par l'arrêt de la grève déclenchée depuis le 3 avril 2025 ».
L'intersyndicale, qui a salué « l'esprit de convivialité qui a prévalu au cours de ces discussions », s'est engagée à consulter sa base le jeudi 10 avril 2025 lors d'une Assemblée Générale. La proposition de Jean-Louis Billon pour une réforme structurelle du dialogue social dans l'éducation s'inscrit donc dans un contexte où les parties tentent de trouver un terrain d'entente, sans pour autant abandonner leurs positions de principe.
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