Les responsables de l'intersyndicale IS MENA-METFPA, dont son porte-parole Bli Blé David, ont été arrêtés mardi 8 avril 2025 après une rencontre avec la ministre au Plateau.
L'arrestation des responsables syndicaux enseignants s'intensifie en Côte d'Ivoire. Selon les informations qui nous sont parvenues, Bli Blé David, porte-parole de l'Intersyndicale IS MENA-METFPA, et plusieurs autres responsables syndicaux ont été interpellés ce mardi 8 avril 2025. Cette arrestation serait intervenue directement après une rencontre avec la ministre au Plateau. Les syndicalistes auraient été conduits à la Brigade de recherches de la gendarmerie pour interrogatoire.
Cette nouvelle vague d'interpellations intervient moins d'une semaine après l'arrestation de Ghislain Duggary Assy, autre figure syndicale du secteur éducatif. Ces opérations policières successives traduisent un durcissement de la position gouvernementale face à la grève des enseignants qui paralyse les établissements scolaires depuis plusieurs jours. Le mouvement de contestation, initié par l'intersyndicale, porte principalement sur le paiement d'une prime d'incitation liée aux conditions de travail.
Une arrestation qui interroge sur les méthodes
L'arrestation de Bli Blé David et des autres responsables syndicaux présente un caractère particulièrement troublant. Selon des témoins, les syndicalistes auraient été interpellés à l'issue d'une réunion avec la ministre, censée constituer une première étape vers le dialogue. Cette méthode suscite des interrogations sur la volonté réelle du gouvernement de résoudre ce conflit social par la négociation.
Cette nouvelle arrestation intervient dans un contexte déjà tendu par l'incarcération de Ghislain Duggary Assy. Ce dernier, interpellé dans la nuit du 2 au 3 avril à son domicile, a été placé sous mandat de dépôt le 4 avril. Il est poursuivi pour « coalition d'agents publics » et « entrave au fonctionnement des services publics de l'État ». Des charges qui pourraient également être retenues contre Bli Blé David et ses collègues.
Un appel à la libération et au dialogue
Face à cette escalade répressive, le Congrès Panafricain pour la Justice et l'Égalité des Peuples (COJEP) a publié une déclaration appelant à la libération des enseignants arrêtés. Dans ce communiqué signé par FIAN Emilienne, Secrétaire Exécutive en charge de l'alphabétisation et de la réforme éducative, l'organisation « exprime sa vive inquiétude face à l'escalade de tensions entre les syndicats d'enseignants et le gouvernement, qui pourrait fragiliser davantage notre système éducatif déjà confronté à de nombreux défis. »
Le COJEP exige particulièrement « la libération immédiate de tous les enseignants qui ont été arrêtés dans le cadre de ces mouvements syndicaux, notamment monsieur ASSI Yapo Ghislain interpellé dans la nuit du 2 au 3 avril 2025 dans des conditions particulièrement brutales. » Une demande qui s'applique désormais également à Bli Blé David et aux autres responsables de l'intersyndicale.
L'organisation rappelle que « le droit de grève et la liberté syndicale sont garantis par notre Constitution et doivent être scrupuleusement respectés. » Elle appelle à l'ouverture immédiate de négociations : « Il est impératif que le gouvernement ouvre sans délai une table de négociation avec les représentants des syndicats grévistes afin de trouver, dans les plus brefs délais, une issue consensuelle et durable à cette crise. »
Ces arrestations compromettent sérieusement les chances d'un règlement rapide du conflit. L'intersyndicale IS MENA-METFPA avait appelé à un arrêt de travail dès le lundi 7 avril, mouvement qui risque de se durcir suite à ces nouvelles interpellations. Des sources proches des syndicats évoquent une mobilisation accrue et un front uni face à ce qu'ils considèrent comme des tentatives d'intimidation.
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