Dans « 20 heures 25 avec Tidjane Thiam » épisode 4 du 9 avril 2025, le président du PDCI affirme que la grève est un droit encadré par la loi qui doit pouvoir être exercé sans crainte.
La grève des enseignants ivoiriens trouve un défenseur en la personne de Tidjane Thiam. Lors de l'émission « 20 heures 25 avec Tidjane Thiam » diffusée le 9 avril 2025, le président du PDCI a pris position sur ce sujet qui agite l'actualité nationale. Face aux tensions croissantes entre le gouvernement et les syndicats enseignants, l'ancien banquier international a défendu sans ambiguïté le droit de grève et appelé au dialogue.
Cette sortie intervient dans un contexte social tendu, marqué par des mouvements de contestation dans le secteur éducatif et des accusations d'opportunisme politique à l'encontre de l'opposition. Tidjane Thiam a tenu à rappeler sa position constante sur le sujet, antérieure même aux conflits actuels.
L'enseignant, « enfant chéri de la République »
Le président du PDCI a d'emblée rejeté les accusations d'opportunisme politique en rappelant son discours du 8 février dernier aux enseignants. « On avait fait une grande rencontre à Yamoussoukro. Donc, on est en train de me reprocher d'être opportuniste », a-t-il expliqué avant de préciser le contenu de cette intervention antérieure aux mouvements de grève actuels.
« J'avais dit dans ce discours, bien avant tous ces mouvements, qu'il fallait que les enseignants redeviennent les enfants chéris de la République. C'est le mot que j'ai utilisé », a rappelé Tidjane Thiam. Une formule qui traduit sa vision du rôle central des enseignants dans le développement du pays.
Pour étayer sa position, il s'est appuyé sur des arguments scientifiques : « On sait très bien que le premier déterminant du succès ou de l'échec d'un système scolaire, c'est le sort qui est fait aux enseignants. Il y a des décennies de recherches qui le démontrent ». Cette affirmation établit un lien direct entre la qualité de l'éducation et le traitement réservé au corps enseignant.
Un plaidoyer pour le rôle des syndicats
L'ancien directeur général du Crédit Suisse a également défendu le rôle essentiel des organisations syndicales dans le fonctionnement démocratique. « Les syndicats sont dans la société un corps intermédiaire absolument essentiel », a-t-il affirmé, s'appuyant sur son expérience personnelle dans le secteur privé.
« Quand j'étais au MNET, il y avait trois syndicats. J'ai travaillé en harmonie avec eux, alors qu'ils avaient été très opposés aux directions précédentes », a raconté Tidjane Thiam, évoquant sa gestion paritaire sur des sujets comme la retraite et la santé du personnel.
Le président du PDCI a également cité l'exemple allemand pour légitimer sa position : « Regardez l'Allemagne, qui est un pays que tout le monde admire. Les syndicats ont un rôle prééminent dans la gestion du pays ». Une référence qui transpose le modèle de cogestion à la situation spécifique de l'éducation en Côte d'Ivoire.
Sa conclusion sur ce point est sans appel : « On ne peut pas avoir un système éducatif performant et qui fonctionne quand on est en guerre contre des syndicats d'enseignants. Ce sont les enseignants qui enseignent. C'est très bien évident, ce sont les enseignants qui enseignent ».
Le droit de grève, un instrument légal nécessaire
Interrogé directement sur la légitimité des grèves actuelles, Tidjane Thiam a livré une réponse nuancée mais ferme sur le principe. « Ce n'est pas normal. Dans l'idéal, si le dialogue se passe bien et qu'on travaille en bonne intégrance, il ne doit pas y avoir de grève », a-t-il d'abord reconnu.
Mais il a immédiatement affirmé le caractère légitime de ce moyen d'action : « Cela dit, la grève est un instrument légal et nécessaire. Si le législateur l'a prévu, c'est parce qu'elle a son utilité. Parfois, il y a des moments où, pour faire passer certaines obligations, il faut recourir à la grève ».
Sa conclusion sur ce sujet résume clairement sa position : « Donc c'est un droit qui est encadré par la loi, qui doit pouvoir être exercé sans crainte ». Une déclaration qui prend un relief particulier dans le contexte actuel de tensions entre le gouvernement et les syndicats enseignants.
Cette défense du droit syndical s'inscrit dans une perspective plus large de défense des libertés fondamentales, comme l'a rappelé Tidjane Thiam : « Le droit d'association, il est inscrit dans la Constitution, de même que la liberté d'expression. Et là, ce sont des droits fondamentaux avec lesquels on ne doit pas jouer ».
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