« Il pleut à Bouaké parce que Ouattara est allé à la Mecque » : Les énormités d’un ministre de la République

Laurent Tchagba, ministre de l'Hydraulique, à Bouaké le 31 août 2018 avec le préfet Tuo Fozié
Laurent Tchagba, ministre de l'Hydraulique, à Bouaké le 31 août 2018 avec le préfet Tuo Fozié

, ministre de l'Hydraulique, a effectué une visite de travail à , le 31 août 2018, en vue de s'imprégner de l'avancement des travaux pour l'approvisionnement effectif en eau potable de la ville.

C'est sa deuxième visite dans cette localité, en un mois. A cette occasion, il a sorti une énormité qui mérite qu'on s'y attarde et qui mérite qu'on commence à le suivre, l'homme semblant abonné aux déclarations à l'emporte-pièce.

« Je suis venu pour un suivi et évaluation des instructions que j'ai données. J'ai promis qu'en un mois le problème d'eau devrait être réglé. Et un mois après je suis venu pour le suivi et évaluation. Le ministre que je suis est chanceux parce que le président de la République est parti à la Mecque et les retombées de ses bénédictions nous permettent d'avoir la pluie. La pluie est abondante et la Loka est remplie », a lancé avec force conviction, l'homme qui, on n'en pas assez parlé, était le directeur général de Côte d'Ivoire Logistique au moment où éclatait le scandale des véhicules importés.

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Laurent Bogui Tchagba s'est exprimé ainsi devant , nouveau préfet de la région du , de Berté Ibrahiman et Adèle N'Djoré, respectivement directeur général et PCA de l'Office national de l'eau potable ().

Unepénurie d'eau frappe Bouaké depuis près de six mois. Dès le premier mois, le gouvernement, par des annonces multiples avait fait croire que le problème serait résolu en un mois. D'Amédé Kouakou à Laurent Tchagba, les habitants de la ville et ses environs ont constaté que les déclarations officielles ne cadraient pas avec leur quotidien, vu que l'eau ne coulait toujours pas suffisamment dans leurs robinets.

Laurent Tchagba et les limites de la « pluie de la Mecque »

Un commerce juteux s'est développé autour de la distribution de l'eau et l'Onep a été beaucoup critiquée dans sa stratégie d'approvisionnement. Laurent Tchagba conscient que ses premières déclarations relevaient du laudateur prosélyte est cependant vite redescendu sur terre, pour reconnaître la faillite du gouvernement dans ce dossier.

Sa stratégie douteuse qui a consisté à exiger que les techniciens pompent l'eau de la Loka, sans étude préalable d'impact sur la nappe phréatique a certes porté des fruits (preuve que ce n'est pas forcément la « pluie de la Mecque » qui a fait descendre un peu d'eau dans les robinets) mais elle est insuffisante, alors que la région du Gbêkê est entrée depuis plusieurs semaines, en saison pluvieuse.

Stratégie douteuse

« Je n'ai pas eu tort de dire à mes collaborateurs de pomper la Loka pour donner de l'eau à la population, ils avaient hésité, et aujourd'hui j'ai eu raison. Aujourd'hui dans les robinets l'engagement que j'ai pris se réalise avec l'eau potable qui est dans les robinets des populations. Mais ce n'est pas encore suffisant, à mon sens, dans la mesure où en pompant la Loka je suis pratiquement à 25.000 m3. Il me reste 5000 m3 à trouver pour que nous atteignions véritablement l'objectif de 30.000 m3 », a admis Laurent Tchagba.

« Parallèlement à la stratégie de pompage de la Loka, j'ai mis en place la possibilité de créer 44 forages et je vais mettre en place deux stations mobiles de traitement d'eau, au niveau de deux sites pour sécuriser la production et la distribution d'eau à Bouaké », a-t-il révélé.

Ajoutant : « J'ai proposé qu'un projet soit rapidement exécuté. Et ce projet  consiste à prendre de l'eau directement à Béoumi pour pouvoir injecter à la Loka pour que nous sécurisions de l'eau. Le faisant nous aurons de l'eau jusqu'en 2045 ».

Comme pour l'instruction visant à pomper l'eau de la Loka, sans précautions, ni études préalables, il faudrait peut-être que les spécialistes se prononcent sur cette autre stratégie évoquée par Laurent Tchagba qui semble assez problématique. En définitive, autant l'homme est à surveiller pour ses déclarations, autant il doit être surveillé pour sa gouvernance. Tous ces investissements à Bouaké semblent faire un peu désordre et quand des dirigeants créent un désordre, c'est qu'ils y ont leur intérêt.

Elvire Ahonon

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Written by Elvire Ahonon

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