Katinan Koné, le président du Conseil stratégique du PPA-CI, a appelé le 3 avril 2025 à la dissolution de la CEI pour « préserver la paix sociale » à l'approche des élections.
Katinan Koné a formulé une proposition radicale concernant l'organisation des élections en Côte d'Ivoire. Lors d'une tribune du PPA-CI organisée le 3 avril 2025, le président du Conseil stratégique et politique du parti de Laurent Gbagbo a demandé la suppression de l'organe électoral actuel.
« J'appelle tous les partis politiques et tous ceux qui aiment ce pays à s'associer pour demander la dissolution de la CEI afin de préserver la paix sociale et la remplacer par une structure moins militante », a déclaré Katinan Koné. Cette demande intervient à six mois de l'élection présidentielle et dans un contexte de tensions croissantes autour de la liste électorale provisoire.
Une CEI mise en cause
La tribune du PPA-CI, intitulée « Le contentieux et les irrégularités sur la liste électorale provisoire : le RHDP et la CEI prennent en otage la paix sociale », a permis à Katinan Koné de développer ses critiques envers l'institution électorale. Il a notamment remis en question son indépendance.
« La Commission électorale indépendante est une quasi-délégation du RHDP », a-t-il affirmé, établissant un lien direct entre l'organe électoral et le parti au pouvoir. Cette proximité présumée expliquerait, selon lui, pourquoi « les deux ont signé un pacte anti-Laurent Gbagbo ».
Katinan Koné a également mis en cause l'efficacité de la CEI, estimant que l'institution a reçu « tout pouvoir » et a un « devoir de résultat ». Il s'est interrogé : « On ne peut pas avoir autant de moyens et nous faire sortir une liste électorale de cette façon », pointant la responsabilité de la commission dans les irrégularités qu'il dénonce.
Des irrégularités dans la liste électorale
Pour justifier sa demande de dissolution, Katinan Koné s'appuie sur les analyses de la « Sentinelle anti-fraude électorale » du PPA-CI. Selon ces données, la liste électorale comporterait « plus de 6 millions de personnes ne remplissant pas les conditions de figurer sur la liste électorale » sur un total de 8,7 millions d'inscrits.
Les anomalies signalées incluent « 2 000 personnes ayant plus de 160 ans », des « étrangers inscrits sur la liste », ainsi que des incohérences comme « des enfants nés avant leurs parents ». Ces irrégularités affecteraient donc une proportion significative du corps électoral.
« Comment expliquer aux Ivoiriens que 6 millions de personnes sur les 8 700 000 ne remplissent pas les conditions d'être sur la liste électorale, des conditions qui sont fixées par la loi elle-même ? », a questionné Katinan Koné, suggérant que ces anomalies ne sont pas fortuites mais résultent d'un dysfonctionnement systémique.
Le contentieux électoral en question
Katinan Koné a également critiqué la procédure de contentieux électoral, qui prendra fin deux jours après sa déclaration. Selon lui, cette étape est « volontairement biaisée » par la CEI qui aurait mis en place plusieurs obstacles.
Le premier obstacle identifié est « la restriction du nombre de bureaux dans lesquels doivent être portés les contentieux ». Le second concerne des exigences administratives jugées excessives, notamment pour les personnes décédées, pour lesquelles la CEI exige un certificat de décès.
Sur ce dernier point, Katinan Koné a rappelé qu'en « Côte d'Ivoire, il y a seulement 21% des cas de décès qui sont déclarés selon le ministère de l'Intérieur », rendant cette exigence particulièrement problématique pour l'épuration de la liste électorale.
Le responsable politique a résumé sa position en déclarant : « L'enrôlement est bâclé, le contentieux est biaisé et la CEI refuse une révision de la liste électorale conformément à la loi ». Cette situation justifie, selon lui, l'appel à remplacer l'institution par « une structure moins militante » capable d'organiser des élections crédibles en octobre 2025.
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