La Hongrie a officialisé sa décision de quitter la Cour pénale internationale (CPI), une première en Europe. Ce retrait s'inscrit dans la critique persistante de Budapest envers cette institution.
La Hongrie a officiellement lancé la procédure pour se retirer de la Cour pénale internationale (CPI), devenant ainsi le premier pays européen à prendre cette décision radicale. Cette annonce, faite le 3 avril 2025, intervient alors que le pays accueille le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de cette même juridiction.
Le processus de retrait, qui prendra environ un an selon les règles du Statut de Rome, marque un tournant dans les relations entre Budapest et les institutions judiciaires internationales. Pendant cette période transitoire, la Hongrie reste théoriquement soumise aux obligations du traité.
Des arguments constitutionnels avancés
Le gouvernement hongrois justifie sa position en rappelant que, bien qu'ayant signé le Statut de Rome en 1999 et l'ayant ratifié en 2001, il n'a jamais validé la convention associée pour des raisons de constitutionnalité. Cette nuance juridique permettrait, selon Budapest, de ne pas être contraint d'appliquer certaines décisions de la CPI.
« Notre Constitution ne permet pas l'application directe de certaines dispositions du Statut de Rome », a expliqué le ministère hongrois de la Justice dans un communiqué. Cette position est toutefois contestée par la CPI, qui souligne que la ratification du Statut engage pleinement les États membres.
Seulement le troisième retrait mondial
Depuis sa création en 2002, la CPI n'a connu que deux retraits effectifs : le Burundi en 2017 et les Philippines en 2019. La Hongrie deviendrait ainsi le troisième pays à quitter cette institution qui compte 125 membres, et le premier au sein de l'Union européenne, soulevant des questions sur l'universalité de la justice internationale.
Cette décision intervient dans un contexte où d'autres pays ont menacé de se retirer sans jamais concrétiser cette démarche, comme l'Afrique du Sud et le Kenya qui avaient finalement maintenu leur participation. La Russie, quant à elle, avait retiré sa signature en 2016 sans avoir jamais ratifié le traité.
La décision hongroise s'inscrit dans une politique plus large de critique des institutions supranationales par le gouvernement de Viktor Orban. Depuis plusieurs années, Budapest qualifie régulièrement la CPI d'institution « politiquement biaisée » et conteste son indépendance.
Cette position rejoint celle des États-Unis sous la présidence de Donald Trump, qui a imposé en février 2025 des sanctions contre la CPI. La Hongrie, en actant ce retrait lors de la visite de Netanyahu, envoie un message diplomatique fort sur sa vision de la souveraineté nationale face aux juridictions internationales.
Ce retrait pose la question de l'avenir de la justice pénale internationale et de sa légitimité face aux États qui remettent en cause son autorité, dans un contexte mondial où les tensions géopolitiques s'intensifient.
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