La Préfecture de Police d'Abidjan a émis une convocation officielle pour Soumaïla Brédoumy du PDCI. Il est attendu le 30 avril 2025 avec son conseil juridique.
La convocation émise par la Préfecture de Police d'Abidjan à l'encontre de Soumaïla Brédoumy est explicite. Le document officiel, daté du 29 avril 2025 et signé par le commissaire Coulibaly Yao, enjoint le secrétaire exécutif du PDCI-RDA à se présenter au Service des enquêtes générales ce mercredi 30 avril à 11 heures précises. La convocation mentionne clairement que le responsable politique, domicilié à Cocody, devra être accompagné de son conseil juridique.
Le document indique que le Service des enquêtes générales est situé « non loin des entreprises FILTISAC et MOTORAGRI, route d'Abobo, après le carrefour MACACI ». Une note en bas de page précise que M. Brédoumy est « prié de se présenter avec son conseil conformément aux disposition de l'article 90 du nouveau code de Procédure Pénale », une référence légale qui suggère le caractère potentiellement sérieux de l'affaire.
Les implications juridiques de la convocation
La référence à l'article 90 du nouveau code de Procédure Pénale n'est pas anodine. Cet article prévoit la présence obligatoire d'un avocat lors des interrogatoires dans le cadre d'une enquête préliminaire pouvant déboucher sur des poursuites pénales. La formulation de la convocation, avec son numéro d'opération partiellement masqué « OP N—–/MIS/DGPN/DGA-CSP/PPA/SEG DU—–/—-/25 », respecte le formalisme des procédures officielles.
Les convocations au Service des enquêtes générales revêtent généralement un caractère sensible en Côte d'Ivoire. Ce service, rattaché à la Direction générale de la Police nationale, traite des affaires pouvant relever de la sûreté de l'État ou de troubles potentiels à l'ordre public. Le document porte le sceau officiel de la République de Côte d'Ivoire et la signature du commissaire de police, éléments attestant son authenticité.
Le contexte politique de cette convocation
Cette convocation intervient dans un contexte politique tendu. Soumaïla Brédoumy a récemment annoncé, au nom du PDCI-RDA, l'organisation de manifestations sur toute l'étendue du territoire national à partir du 2 mai 2025. Ces manifestations visent à « protester contre toutes les procédures judiciaires intentées contre le président Tidjane Thiam et à exiger sa réinscription sur la liste électorale », selon le communiqué lu par le secrétaire exécutif.
La chronologie des événements est révélatrice : l'annonce des manifestations par le PDCI-RDA, puis dans les heures qui suivent, la convocation de son porte-parole par les services de police. Cette séquence suggère un lien direct entre l'appel à la mobilisation et la réaction des autorités. La date de la convocation, fixée au 30 avril, soit deux jours avant le début prévu des manifestations, pourrait également être interprétée comme une tentative de dissuasion.
La convocation de Brédoumy s'inscrit dans le cadre plus large de l'affaire Tidjane Thiam, qui cristallise les tensions entre le PDCI-RDA et les autorités. Le président du parti a été radié des listes électorales, une décision que ses avocats ont qualifiée de « nulle » lors d'une conférence de presse le 28 avril. Ils ont annoncé avoir « déposé un recours pour un jugement de fond de cette affaire ».
Le ministère de la Justice a de son côté pris position en affirmant que Thiam « n'a jamais été apatride et n'est pas apatride parce qu'il est indiscutablement Ivoirien selon le Code de la nationalité ivoirienne ». Toutefois, le ministère a reconnu qu'il « avait perdu la nationalité ivoirienne – puisque Français-, lors de son inscription sur le listing », une position ambiguë qui n'a pas satisfait le PDCI-RDA.
La direction du parti n'a pas encore réagi officiellement à cette convocation. L'incertitude demeure quant à l'impact que pourrait avoir cette audition sur la mobilisation annoncée pour le 2 mai. Le PDCI-RDA, parti historique de Côte d'Ivoire fondé par Félix Houphouët-Boigny, dispose d'une base militante conséquente capable de se mobiliser sur l'ensemble du territoire national.
La suite de cette affaire sera surveillée de près par les observateurs politiques, alors que le pays entre dans une période pré-électorale où les tensions entre pouvoir et opposition tendent traditionnellement à s'exacerber.
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