Un cadre du PDCI à Mgr Marcellin Yao Kouadio: « votre Homélie a transpercé les cœurs et les âmes de cette population impuissante »

Lettre ouverte de Jean-Yves Esso Essis du bureau politique du PDCI à l'attention de Mgr Marcellin Yao Kouadio.

Votre Éminence Monsieur le Président,

Permettez-nous de vous adresser cette Lettre Ouverte pour vous dire merci…

Merci pour votre Homélie courageuse et votre responsabilité dans cet océan d'hypocrisie chronique qui mine notre société.

En effet, Votre Eminence, nous assistons à un « développement effectué en morceau choisi, en reconnaissance au militant docile, où en représailles aux localités insoumises ».

La religion chrétienne ne devrait pas choisir de fermer les yeux face aux problèmes les plus cruciaux de notre société, et, en ce sens, vous nous avez donnez la Bonne Nouvelle. Celle qui ne se réfugie pas derrière cette odieuse félonie qui a de moins en moins de chance de tromper moralement et spirituellement vos ouailles que nous sommes.

Vous avez ainsi refusé d'être le porte-voix de la duperie de bonne foi d'une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les solutions artificielles et chimériques proposées.

Il faudrait que nos gouvernants actuels ne protestent guère plus d'être les fourriers de la dégringolade de nos valeurs éducatives, nobles à la base. Qu'ils ne protestent guère plus d'être ceux qui ont tué aveuglément notre éducation et continuent de le faire, qui ont pillé goulûment notre économie et continuent de le faire. Qu'ils nous installent dans le marbre des institutions fortes qui sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des moeurs, et la garantie d'un peuple libre contre la corruption du gouvernement.

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Votre Eminence Monsieur le Président,

Sauf votre respect, deux des grandes responsabilités de cette décadence de nos valeurs ont été le silence et la soumission chrétiennes, pour avoir instillé dans l'esprit de ses ouailles, silence et soumission perpétuelles. Votre Homélie vient de d'alléger, en partie, cette grande culpabilité…Elle vient de remettre en pleine lumière cette Eglise Catholique, grande, belle, imposante et qui assume ses défauts séculiers mais à décidé de dénoncer les tares de la société et les manquements des responsables, quitte à leur provoquer de l'urticaire.

En effet, votre Homélie a transpercé les cœurs et les âmes de cette population impuissante qui assiste inexorablement à cette régression drastique de la société ivoirienne dans laquelle elle est condamnée à vivre, à cette gangrène qui s'installe, à ce foyer d'infection qui s'étend à la vitesse de la lumière…

Et au bout de toute cette corruption propagée, de toutes ces légèretés nocives tolérées, de tous ces drames sociétaux banalisés, au bout de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de notre jeunesse et le progrès lent, mais sûr, de l'ensauvagement de notre nation.

Le grand reproche adressé aujourd'hui à ce pouvoir circonstanciel qui s'avère impuissant à fonder une morale collective et individuelle, c'est d'avoir trop longtemps rapetissé les droits de l'homme, d'en avoir eu et d'en avoir encore une conception étroite, parcellaire et partiale, et, tout compte fait, sordidement subjective.

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Votre Eminence Monsieur le Président,

En vérité, il est des tares qu'il n'est au pouvoir de personne de réparer et que l'on n'a jamais fini d'expier.

Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes plutôt que de louvoyer sans cesse, nos dirigeants actuels semblent aspirer, non pas à l'égalité, mais à la domination de la nouvelle haute bourgeoisie sur les classes moyennes et pauvres. Cela sonne net, hautain, brutal, et nous installe en pleine sauvagerie hurlante.

Entre le gouvernant et le gouverné, il n'y a de place que pour l'intimidation, la pression, la police, l'impôt, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie des élites, envers les masses populaires avilies. Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission.

Nous entendons ici bas le tonnerre gronder, mais on nous parle tout là-haut de progrès, de réalisations, de niveaux de vie élevés… au-dessus d'eux-mêmes.

Nous parlons de sociétés vidées d'elles-mêmes, d'institutions minées, de terres d'abord convoitées puis tout simplement confisquées, d'espaces verts étouffés par un urbanisme sauvage et incontrôlé, mais on nous lance à la tête, des statistiques, des immeubles, des kilomètres de routes et de ponts.

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Votre Eminence Monsieur le Président,

Votre propos a été brutal et pur. Conception immaculée de la parole divine, qui nécessairement vous attirera les foudres des disgracieux, des informes et des laids. Néanmoins cette révélation a emprunté le Chemin Divin qui était le sien pour parvenir à nos oreilles pécheresses et à nos yeux endoloris.

Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme d'iniquité ses pensées. Qu'il retourne à l'Eternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner.

Puisse le Seigneur vous bénir abondamment et que la grâce de notre Dieu surabonde dans votre vie.

Nous vous disons encore une fois…

MERCI !

Jean-Yves ESSO ESSIS

Written by Jean-Yves Esso

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