Dans une déclaration, les évêques catholiques ivoiriens invitent le gouvernement, l'opposition et la Commission électorale à garantir une élection transparente et inclusive en octobre 2025.
La CECCI (Conférence des évêques catholiques de Côte d'Ivoire) vient d'adresser un message aux différentes parties prenantes du processus électoral à l'approche de la présidentielle d'octobre 2025. Cette interpellation, formulée à sept mois du scrutin, appelle les autorités politiques et électorales à œuvrer pour « une élection présidentielle juste, transparente, inclusive et apaisée ».
La déclaration des prélats ivoiriens intervient dans un contexte où les tensions politiques commencent à se manifester en prévision de cette échéance électorale. Les évêques estiment que le pays traverse une période charnière qui nécessite une attention particulière de tous les acteurs.
Les évêques préoccupés par le climat politique
La conférence épiscopale exprime son inquiétude face à « la situation politique actuelle, dans une société en perpétuelle mutation, [qui] continue d'angoisser les Ivoiriennes et Ivoiriens qui, en fin de compte, considèrent la politique comme l'arène de tous les dangers ». Cette perception négative de la politique constitue, selon les prélats, un obstacle à la participation citoyenne.
« La situation socio-politique ne rassure guère », souligne la CECCI en énumérant plusieurs défis sociétaux : « la culture de la violence, le phénomène des ‘microbes, enfants en conflit avec la loi', la drogue dans les écoles, l'interdiction de manifestation politique, l'achat des consciences, le scandale foncier, le maintien d'opposants politiques en prison ou en exil, les discours à relents identitaires, indécents et discourtois ».
Des recommandations pour des institutions impartiales
Les évêques s'adressent particulièrement à la Commission électorale indépendante (CEI), chargée d'organiser le scrutin. « Le débat sur la composition et le fonctionnement de la Commission électorale indépendante (CEI), ne donne pas l'assurance de son indépendance », affirme la déclaration. Face à cette situation, la CECCI appelle l'institution à « construire la confiance en respectant les normes les plus objectives de transparence et d'impartialité ».
La conférence épiscopale rappelle également que « la démocratie présuppose la capacité de conjuguer de bons choix et des procédures efficientes » et que « les institutions démocratiques lient les structures et les procédures de participation avec des structures de gouvernance ».
Un appel à tirer les leçons des crises passées
La CECCI évoque les séquelles laissées par les précédentes crises électorales. Elle mentionne notamment « le coup d'État de 1999 et la rébellion armée de 2002 qui ont plongé le pays dans une situation socio-politique dramatique avec son lot de morts et de désolation ».
Les évêques observent avec préoccupation que « l'idolâtrie politique, avec les élections de 2010 et 2020, a mis en veilleuse les valeurs humaines qui sont la boussole invariable où la culture politique à visage humain tire sa raison d'être ».
Le message se conclut par un avertissement : « L'élection présidentielle à venir inquiète toute une population dont la mémoire reste blessée par les précédentes élections » et « cette élection nouvelle ne doit pas se transformer en crise sociale avec son corollaire de conflits intercommunautaires, de dislocation des familles, de délinquance, de mensonge, d'humiliation, de déshumanisation ».
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