Lettre ouverte au bureau politique du PDCI : « Sortez de la logique d’affrontement avec des cadres importants du parti »

Maurice Kakou Guikahué a mis en garde les "exclus du PDCI"
Maurice Kakou Guikahué a mis en garde les "exclus du PDCI"

La lettre ouverte du Dr Dogbo Pépé au bureau politique PDCI et au Comité des sages du .

Il y a plus de 18 mois en arrière, lorsque j'ai entrepris de dénoncer les tergiversations, le manque de courage et de volonté, ainsi que le double jeu de mon parti, le PDCI-RDA, sur le parti unifié, j'ai fait l'objet de toutes sortes d'attaques. Ayant élevé l'hypocrisie, la langue de bois, le louvoiement, la cachotterie et le culte de la personnalité au rang de vertus, les censeurs de la loge n'ont perçu dans nos légitimes questionnements, que les propos d'un militant frustré, aigri et corrompu.

Paul Maurice Dogbo Pépé
Paul Dogbo Pépé

Mus par la même volonté, celle de réinstaller le président Bédié dans le fauteuil présidentiel en 2020, en activant la clause de l'alternance « tontinière », contenue selon eux dans le fameux appel de , comme d'une courte échelle, des militants malfaisants se sont organisés pour faire obstacle à toute initiative et à tout individu pouvant gêner la mise en œuvre réussie de leur projet. C'est dans ce cadre-là qu'il faut inscrire la tragi-comédie du 17 juin 2018 et l'annonce unilatérale, sans l'avis préalable du bureau politique (BP), du retrait du PDCI du processus de création du part unifié.

« L'alternance au profit de M. Bédié serait-elle la seule raison qui a motivé le PDCI à adhérer à l'idée du parti unifié ? »

Pour réussir ce coup tordu, il lui a fallu rapprocher son patron de l'aile socialiste du parti, des théoriciens de l'union sacrée des de souche authentique, des caciques les plus hostiles à la personne du président et des ex-thuriféraires du régime de la refondation, non sans avoir auparavant dénigré les pro- ici présentés comme étant tous au cœur de la œuvre visant à obtenir un troisième mandat pour le président Ouattara.

Soutenu principalement par , , Ouassenan Koné, Bendjo et Billon, pour ne citer que les plus déterminés à en découdre avec le pouvoir Ouattara, M. Guikahué, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'a vraiment pas eu du mal à convaincre le président Bédié que n'importe quel candidat sérieux du PDCI devancera largement le président Ouattara qui ne pourra même pas obtenir le ticket pour se présenter au deuxième tour, si l'envie lui prenait effectivement de candidater en 2020.

Convaincus qu'il a été lâché par la , qu'il n'est rien et ne peut rien sans le PDCI et que les « Ivoiriens » ne veulent plus de ce « régime de sanguinaires », persuadés que les militants du lui en voudront éternellement pour avoir traduit le président Gbagbo devant la CPI, M. Bédié et ses suiveurs ont d'abord tenté de confiner le président Ouattara dans l'inaction et le statu quo sur la composition du gouvernement et le parti unifié avant de demander aux militants du PDCI de s'en méfier et de s'en éloigner.

Comment peut-on tout à coup se méfier et se désolidariser du RDR en bataillant ferme pour se rapprocher de la branche radicale du MPCI ? Pourquoi le président Ouattara devrait-il être tenu pour seul responsable du transfèrement du président Gbagbo à La Haye, alors que tous nous savons que l'avis motivé du président Bédié a compté pour beaucoup dans la prise et l'exécution de cette décision ? L'alternance au profit de M. Bédié serait-elle la seule raison qui a motivé le PDCI à adhérer à l'idée du parti unifié ?

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Erreur de novice ou surestimation de ses propres forces ? Mauvaise connaissance de la psychologie des militants du PDCI et en particulier des cadres, principaux financiers du parti ou sous-estimation des capacités de réaction de l'allié ? Chacun est libre de répondre à ces interrogations selon sa propre sensibilité mais nul ne peut nier qu'ayant compris le chantage auquel son aîné voulait le soumettre et s'étant affranchi de ses caprices et avis, le président Alassane Ouattara a pris des décisions salvatrices pour la réconciliation, le renforcement des institutions de la république et l'approfondissement de la démocratie, en amnistiant Mme et ses camarades et en fixant, sans traîner outre mesure, la date du renouvellement des conseils régionaux et municipaux, conformément aux prescriptions de la constitution.

De même, le gouvernement a été réaménagé sans son avis mais le président du PDCI a fini par reconnaître les ministres issus de nos rangs, après les avoir reniés. Les membres du gouvernement, les PCA et DG militants du PDCI et candidats aux élections locales à venir se présentent tous, au grand dam de la direction du parti, sous la bannière du RHDP, mais aucune mesure de rétorsion ne peut être prise à leur encontre. Incapable de pourvoir en candidats tous les postes électifs ouverts, le PDCI est passé du statut de parti national à celui de parti loco-régional, s'étant tellement « rabougri » qu'il se confond désormais au clan Bédié du V Baoulé.

Partout, dans les délégations communales et départementales, les dépossessions du PDCI, au profit du RHDP, se poursuivent, sans aucune possibilité pour les PDCI Ou Rien de s'y opposer, avec les arguments du droit. Les jours passent et se ressemblent avec leurs lots de sanctions d'animateurs du parti, d'éclatements de délégations et de nouvelles promotions. L'indiscipline s'est généralisée mais le parti n'a aucun moyen d'y mettre un terme. Le désordre a pris des proportions inquiétantes, créé dans certaines circonscriptions électorales par la direction du parti, en mettant par exemple en compétition de candidats officieux et de candidats officiels, des candidats de Bédié et de candidats de Guikahué.

L'ambiance est délétère, la crise est profonde et la suspicion s'est généralisée. Livrés à eux-mêmes, les militants à la base s'interrogent et se perdent en conjectures. La communication du parti est chaotique, basée sur une idée fixe et une rhétorique de bas niveau qui sonne comme un aveux d'impuissance et d'incompétence : les contestataires sont achetés et uniquement mus par des motivations alimentaires. Pendant ce temps, le fossé entre les partisans du pardon des offenses, de la réunification des Houphouëtistes de tous bords d'un côté et ceux de la revanche, de la reconquête du pouvoir par les « vrais Ivoiriens » de l'autre côté, s'élargit et s'approfondit, chaque jour davantage.

Personne, malgré un comité des sages riche en octogénaires, ne lève le petit pour décréter la trêve et proposer que l'on accorde une oreille attentive à ceux qui contestent la décision prise par M. Bédié d'engager l'outil politique commun sur « les chemins obscurs de sa vie ». De gène, de pudeur, de candeur, de mansuétude, de lâcheté ou d'hypocrisie, ceux que nous considérions comme les garants de l'unité et de la cohésion du parti ont tous mis les voiles et disparu des écrans radars, préférant se mettre en sécurité à l'abri des turbulences dans le silence, le temps de mieux apprécier les forces en présence de sorte à ne courir le risque de prendre une position perdante. Ainsi, pour la 4ème fois consécutive, après le décès de son fondateur et sous le magistère de M. Bédié, le PDCI s'est encore fracturé en deux blocs.

Mesdames et Messieurs, Respectables et Vénérables membres du BP et du Comité des Sages,

Ce bureau politique qui se tient après l'échec de celui du 17 juin dernier vous donne l'opportunité d'aller, au-delà des matières inscrites à son ordre du jour, plus loin dans la réflexion pour faire l'état des lieux et établir un diagnostic étiologique non complaisant afin de prescrire les meilleures solutions aux maux qui minent notre parti. Pour réussir cet exercice, vous devez absolument vous éloigner du mensonge qui consiste à dire que les contestataires sont instrumentalisés pour détruire le PDCI.

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De même, vous devez considérer que la décision de justice rendue dans l'affaire Jérôme N'Guessan / PDCI-RDA est une bonne opportunité pour remettre les compteurs à zéro et repartir du bon pied. Vous avez le choix entre encourager la direction du parti à ostraciser d'avantage les « unifiés » et les « traceurs » et le détourner du cul de sac dans lequel il s'est engouffré. Je vous conjure d'exhorter la direction du parti à sortir de la logique de l'affrontement avec une importante frange de ses cadres et militants de base pour se réapproprier l'arme du dialogue, comme seul moyen intelligent et efficace de règlement de nos incompréhensions.

Abandonner la posture de défiance à l'égard du chef de l'État et du pouvoir, faire preuve d'humilité en sachant que le président Alassane Ouattara est au pouvoir parce-qu'il a proprement gagné les élections de 2010 et qu'en 2015 nous ne pouvions faire autrement que soutenir sa candidature et retourner « OKLM » reprendre notre place dans le parti unifié, voilà la seule voie qui nous reste pour sauver les meubles.

Avec tout le respect dû à vos rangs et grades, je vous prie de croire, chers camarades militants en l'expression parfaite de ma considération distinguée.

Dr Dogbo Pépé

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Written by YECLO.com

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