Commémoration de la mort des 7 femmes d’Abobo : Katinan Koné répond à Mariatou Koné

Lettre ouverte de Katinan Koné, Porte-Parole de Gbagbo à Mariatou Koné, ministre de la Solidarité, relatif à la commémoration de la mort des 7 femmes d'Abobo.

À Madame Mariatou Koné Ministre de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de la lutte contre la pauvreté.
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OBJET : VIVES PROTESTATIONS

Madame la ministre

Le mardi 03 mars 2020, vous avez organisé, ès-qualités, à Anokoi Kouté, dans la commune d'Abobo, une cérémonie commémorative des victimes des différentes crises qu'a connues notre pays ces deux dernières décennies. Tout en se félicitant du caractère inclusif de cette commémoration qui prend en compte la douleur collective de la nation, il reste cependant qu'il n'est pas passé inaperçu que, pendant cette cérémonie, plusieurs pancartes portées par des manifestants, incriminaient exclusivement le Président .

La présence de telles pancartes à cette cérémonie et les différents comptes rendus qui en ont été faits par certains médias proches du pouvoir prennent à défaut le caractère inclusif de ladite cérémonie. Tout concourt, les slogans sur les pancartes faisant foi, à l'idée qu'il s'agissait plutôt de la journée commémorative des tueries alléguées des militantes du du 3 mars 2011.

D'ordre et pour le compte du Président Laurent GBAGBO, j'élève de vives protestations contre cette pratique du gouvernement ivoirien qui relève de la manipulation de l'opinion pour soutenir sa cause devant la CPI telle que défendue par ses avocats le 6 Février 2020 devant la chambre d'appel de ladite cour ; à savoir empêcher le retour du Président Laurent GBAGBO dans son pays. Je rappelle que le Président Laurent GBAGBO, que le gouvernement ivoirien a traduit devant la justice internationale, a été déclaré innocent par celle-ci.

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Jusqu'à preuve du contraire, c'est cette décision, avec toute la force que lui confère l'autorité de la chose jugée, qui constitue l'unique référent probant qui met fin aux accusations portées contre le Président Laurent GBAGBO. Elle devrait par conséquent inspirer l'action du gouvernement en matière de réconciliation nationale. Relativement aux allégations des femmes tuées à Abobo le 03 mars 2011, il me plait de vous rappeler que les juges de la CPI ont relevé, au point 1786 de leur décision écrite que : «…… Compte tenu de ce qui précède, aucune chambre de première instance raisonnable ne peut conclure que le convoi avait ouvert le feu dans le but de tuer ou de blesser des manifestantes pro-Ouattara non armées. Cette conclusion est renforcée par le fait qu'il n'y a aucune preuve qu'il y ait eu des instructions préalables de recourir à la violence contre les civils, que l'équipage n'a été en contact avec personne à l'extérieur du véhicule pendant le trajet du Camp Commando au Camp Agban, et que le convoi n'était pas au courant de la marche des femmes et a été pris par surprise quand ils ont rencontré les manifestants ».

Le Président de la chambre y ajoute, au point 84 de son argument additif, que « ce qui frappe le plus, c'est le choix du Procureur d'ignorer les éléments de preuve qui suggèrent que les femmes participant à la marche aient pu avoir été utilisées comme boucliers humains par des tireurs d'élite cachés parmi elles et visant d'abord le convoi FDS; une remarque d'autant plus importante compte tenu de sa cohérence avec d'autres éléments de preuve selon lesquels la nature, la fréquence et le type des attaques contre eux ont fait craindre aux FDS d'être envoyés ou de devoir traverser Abobo: [quand vous revenez, vous dites merci au Seigneur] .De plus, le Procureur n'a jamais tenté d'expliquer pourquoi cette marche (et celle-ci seulement) aurait été choisie comme cible délibérée; les preuves montrent que des marches de partisans du RHDP ont eu lieu tout au long de la période postélectorale, et lorsqu'elles étaient autorisées, étaient encadrées par les FDS dans l'intention de garantir la sécurité des marcheurs et d'éviter aussi que ces marches ne puissent perturber l'ordre public ».

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Avec de telles conclusions, toute opinion qui incrimine le Président Laurent GBAGBO sur les allégations de tueries des femmes à Abobo le 3 mars 2011 tombe désormais sous le coup de la diffamation et de la manipulation de l'opinion à des fins politiques.

Madame la ministre, aucun Ivoirien ne peut être fier de ce qui arrive à notre pays depuis plus de 20 ans. Et croyez-moi, le Président Laurent GBAGBO en est le plus malheureux. C'est dans un élan de solidarité vraie et par une contrition sincère que notre pays pourra panser ses profondes blessures et reconstruire une nouvelle cohésion sociale solide. Le Président Laurent GBAGBO en a déjà donné le ton en instruisant son parti de s'inscrire dans la recherche de la réconciliation. La lettre que son parti a adressée au Chef de l'Etat à ce propos est restée sans suite.

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Il est regrettable et inacceptable que le gouvernement adopte une position très partisane dans le processus de réconciliation. Au demeurant, une telle démarche du gouvernement corrompt davantage la cohésion sociale tant recherchée. Charger une personne de tous les péchés d'une communauté n'a jamais libéré la conscience collective de cette communauté. Le bouc émissaire que l'on charge de tous les péchés en espérant soulager la conscience individuelle et collective d'un peuple est une légende d'un autre lieu et d'un autre temps.

Je vous prie de croire, madame la ministre, en ma considération distinguée.

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