LGBTIQ « Woubi » en Côte d’Ivoire lancent un cri d’alarme face à la recrudescence des discours haineux et des violences. Dix organisations de défense des droits humains appellent à l’action.
LGBTIQ en Côte d’Ivoire vivent dans la peur. Le 5 septembre 2024, dix organisations de défense des droits humains ont publié une déclaration commune pour alerter sur la montée alarmante des violences à leur encontre. Ce document révèle une situation préoccupante pour cette communauté dans un pays pourtant doté d’un cadre juridique théoriquement protecteur.
La déclaration met en lumière l’utilisation croissante des réseaux sociaux comme vecteur de propagation de messages haineux. Les signataires constatent une augmentation des publications stigmatisantes et diffamatoires sur ces plateformes. Ils dénoncent également la diffusion de capsules vidéo et de panels cherchant à inciter à la violence contre la communauté LGBTIQ.
Ces attaques virtuelles se traduisent par des conséquences bien réelles. Les organisations rapportent une recrudescence des agressions verbales, physiques, morales et psychologiques contre les personnes LGBTIQ dans les espaces publics. Plus inquiétant encore, elles notent que même certaines institutions censées protéger l’ensemble de la population participent à cette dynamique discriminatoire.
Un paradoxe juridique
La situation des LGBTIQ en Côte d’Ivoire présente un paradoxe frappant. Le pays dispose d’un arsenal juridique qui, sur le papier, protège les droits de tous les citoyens sans discrimination. L’article 2 de la constitution ivoirienne stipule : « La personne humaine est sacrée. Tous les êtres humains naissent libres et égaux devant la loi. Ils jouissent des droits inaliénables que sont le droit à la vie, à la liberté, à l’épanouissement de leur personnalité et au respect de leur dignité. »
De plus, la Côte d’Ivoire n’a aucune disposition légale criminalisant spécifiquement les personnes LGBTIQ. Le nouvel article 226 du code pénal ivoirien reconnaît même la discrimination basée sur l’apparence physique comme un délit. Les auteurs de la déclaration soulignent également que la Côte d’Ivoire a ratifié plusieurs traités internationaux garantissant l’égalité et la non-discrimination, comme le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Un appel à l’action sur plusieurs fronts
Face à cette situation, les organisations LGBTIQ lancent un appel à l’action sur plusieurs fronts. Elles demandent aux plateformes de réseaux sociaux, notamment Facebook, TikTok et YouTube, de prendre des mesures rapides pour modérer les contenus haineux. Les signataires insistent sur la nécessité d’intégrer le terme « woubi » (qui désigne la communauté LGBTIQ en Côte d’Ivoire) dans les algorithmes de détection des discours haineux.
Le gouvernement ivoirien est également interpellé. Les auteurs appellent les autorités à mettre en application les dispositions légales existantes pour protéger les personnes LGBTIQ. La déclaration affirme : « Le gouvernement et les institutions étatiques garants du maintien de l’ordre public doivent impérativement mettre en application les dispositions prévues par la loi en renforçant les mécanismes de protection et d’application des lois contre les discours de haine en ligne et les agressions qui en résultent. »
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La déclaration sollicite également l’appui et l’assistance des institutions nationales et internationales de protection des droits humains. Elle cite notamment la Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains, la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme, et Amnesty International Côte d’Ivoire.
L’appel s’étend à l’ensemble de la société civile. Les signataires demandent la solidarité des autres groupes et organisations, soulignant que la haine qui cible aujourd’hui les LGBTIQ pourrait s’étendre demain à d’autres communautés. « Nous sommes aujourd’hui la cible de ces discours de haine et d’appel à la criminalisation, mais ne savons pas quels seront les groupes cibles demain », avertissent-ils.
Les médias sont également invités à jouer un rôle responsable. La déclaration leur demande d’éviter de relayer des discours haineux ou discriminatoires, et de mettre en lumière les histoires de résilience et de courage au sein des communautés LGBTIQ.
Cette déclaration, signée par dix organisations de la société civile ivoirienne, marque une étape importante dans la lutte pour les droits des personnes LGBTIQ en Côte d’Ivoire. Elle met en lumière le décalage entre un cadre juridique théoriquement protecteur et une réalité sociale marquée par la discrimination et la violence. L’appel à l’action lancé par ces organisations souligne l’urgence de la situation et la nécessité d’une mobilisation à tous les niveaux de la société pour garantir les droits fondamentaux de tous les citoyens, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
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