L’intégralité des graves propos de Soro à Ferké : « Ceux qui sont chassés, s’appellent Méité, Traoré, Konaté… ces noms sont des Bété ?

Guillaume Soro à ferké, le 21 février 2019

L'ancien président de l'Assemblée nationale Ivoirienne, en visite le vendredi 22 février 2019, à Ferkessédougou a animé un meeting, devant ses parents. Ci-dessous l'intégralité de son discours.

Ouattara Kawéli, l'homme fidèle, loyal. Je salue le maire de Koumbara, Soro Kossominan, le courageux. Cher papa, Kiyali, chef de canton, je te salue. Je sais comment tu souffres pour moi. A plusieurs reprises, ce n'est pas facile pour un fils de voir pleurer son père. Face à la douleur, je t'ai vu pleurer.

Chers chefs traditionnels, je vous salue. Tous mes pères, je vous salue. Je salue les guides religieux.

Ma chère Côte d'Ivoire, cette terre bénie de la Côte d'Ivoire. Laissez-moi quelques minutes m'adresser, à mes parents de . Mais, je n'oublie pas toutes les autres régions qui sont venues. Je salue Gagnoa, le chef Ziké. J'ai vu Sinématiali. J'ai vu Diawala, là où je suis né. J'ai vu Sokonan venu depuis Boundiali ici. J'ai vu Ouangolo, Niellé. En passant, je vous salue.

« CE N'EST PAS NOUS LE POUVOIR, C'EST LE PEUPLE QUI EST LE POUVOIR »

Aujourd'hui est un jour particulier pour moi. C'est un jour de décision. Oui, le maire Kawéli l'a dit. J'ai décidé de venir à Ferké pour saluer mes parents. Pour saluer chacune et chacun de vous, ici présents. Pour une fois, j'ai dit à Kawéli : « Ah comme je suis chômeur, je ne vais pas donner l'argent pour organiser l'accueil ». Il est assis où même ? Quand j'étais ministre d'Etat, premier ministre, président de l'Assemblée nationale, les populations ont souhaité me recevoir. D'autres parce qu'ils étaient fiers de voir leur fils premier ministre. Mais les populations de Ferké ne m'ont jamais autant accueilli, comme elles l'ont fait hier. Et je vais vous dire merci. A un moment donné, j'étais dans mon véhicule, et je me posais la question. Je dis mais comment ? Pourquoi est-ce que tout Ferké est sorti ? Certains malins ont dit que c'est parce que c'était le jour de marché. Mais aujourd'hui n'est pas jour de marché. Et vous êtes là encore, un vendredi à 15 heures. Je mets quiconque au défi d'organiser un meeting à 15 heures un vendredi à Ferké et puis on va compter les gens. Mais pourquoi vous ne voulez pas reconnaître que le lièvre court plus vite que vous ? Je suis venu pour parler à Ferké.

Le fils de Ferké qui parle à Ferké. C'est pourquoi, j'ai demandé la permission et l'autorisation à la Côte d'Ivoire entière, la Côte d'Ivoire du sud, de l'ouest, de l'est, du centre, du nord pour me permettre de vous parler. Oui, on a voulu m'humilier, on a voulu me ridiculiser, on a voulu me mépriser, mais voyez-vous, ce sont les aléas de la vie d'un homme politique. Ainsi donc, je ne suis plus président de l'Assemblée nationale de la Côte d'Ivoire. Mais, ça ne fait pas de moi un sous-homme. Je reste Guillaume Kigbafori Soro, le député de Ferké. Parce que c'est vous qui m'avez élu. Si on est démocrate, on doit reconnaître que le pouvoir-là n'est pas à nous. Le pouvoir est du peuple, le pouvoir vient du peuple. Le peuple, détenteur exclusif du pouvoir, prête le pouvoir pour un bout de temps à un président de la République.

Le peuple, détenteur du pouvoir exclusif, nous prête son pouvoir pour un moment. N'oublions pas, ne confondons pas, ne nous trompons pas pour penser que c'est nous le pouvoir. Ce n'est pas nous le pouvoir, c'est le peuple qui est le pouvoir (…) Il nous confie, nous délègue pour cinq ans, son pouvoir. Oui, je ne suis plus président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire. Beaucoup m'ont posé la question de savoir pourquoi j'ai démissionné. J'ai vu des femmes pleurer, j'ai vu des hommes pleurer. Et qui me suppliaient de ne pas démissionner. Mes propres collaborateurs me suppliaient de ne pas démissionner. Parce qu'en réalité, dans la Constitution, j'ai été élu pour cinq ans. Mais la constitution de 2016 avait déjà réduit mon mandat à quatre ans. Je n'ai rien dit. Tout ce que Dieu fait est bon. En m'élisant député de Ferké, vous m'avez donné le mandat. Et en allant à l'Assemblée, je me suis levé …,

Quand on dit ça, on dit pourquoi il a dit ça ? On te dit de démissionner et on te dit de lire pour mettre dessus. Ça, c'est difficile. Donc j'ai démissionné. Mais ne soyez pas tristes. Parce que, moi, je ne suis pas triste parce que je ne suis pas président de l'Assemblée nationale. Je ne suis pas né avec un poste. C'est Dieu qui donne les postes aux hommes… J'ai rendu… parce que j'aurais pu dire je ne démissionne pas. Mais cela allait encore créer des palabres en Côte d'Ivoire. Je ne veux pas être responsable des palabres en Côte d'Ivoire.

« J'ai démissionné pour la Côte d'Ivoire. J'ai démissionné pour la paix en Côte d'Ivoire »

Ce n'est pas ce que vous m'avez enseigné. J'ai démissionné pour la Côte d'Ivoire. J'ai démissionné pour la paix en Côte d'Ivoire. J'ai décidé de sacrifier mon poste. Si mon poste peut permettre à accompagner de réussir son mandat, je suis prêt à démissionner. Si le poste de président de l'Assemblée nationale peut permettre à la Côte d'Ivoire de réussir le développement, je suis prêt à le donner. Personne n'est indispensable. C'est vous qui m'avez appris, quand j'étais jeune, Guillaume va à l'école, mais va aussi au champ. Le jour où l'école ne marche pas, tu vas au champ, tu as un métier, tu vas labourer la terre et tu auras à manger. J'ai démissionné parce que je veux rester digne. Parce que le Niarafolo, c'est d'abord la dignité (…)

J'ai décidé, depuis un certain temps, d'être un homme de paix, de pardon et de réconciliation. Il ne pouvait pas être question pour moi de m'accrocher à un poste. Il n'était pas question pour moi de troubler la paix, si chèrement acquise. C'est pourquoi je suis venu demander à mes parents de rester sereins. N'arrive à Dieu que ce que Dieu permet. J'ai entendu certains dire ‘'mais Guillaume Soro fait le malin parce qu'il est président de l'Assemblée nationale ; il va dans les pays, c'est parce qu'il est le président de l'Assemblée nationale qu'on lui déroule le tapis rouge dans les autres pays''. Oui, je ne suis plus président de l'Assemblée nationale. D'autres ont dit : « laissez-le, quand on va le chasser de l'Assemblée, un mois, deux mois, il va devenir pauvre. Il n'aura rien, tout le monde va le quitter. Affamé, il viendra demander pardon ». Ça, ils ne connaissent pas le peuple Sénoufo. Oui, je ne suis plus le président de l'Assemblée nationale. Peut-être que d'autres pays ne me recevront pas avec le tapis rouge. Mais moi, j'ai déjà marché sur tapis rouge à Bouaké. Soul avait un tapis rouge dans sa voiture, quand je veux descendre, il déroule (rires).

Mais voyez-vous, ce qui m'a frappé, ce sont deux choses. Le jour où j'ai rendu ma démission, j'ai voulu rigoler, plaisanter, j'ai dit : « je suis devenu chômeur, donnez-moi deux sacs de riz, je vais manger ». Je rigolais, je m'amusais sur tweeter. J'arrive à la maison, je vois des jeunes devant ma porte avec des sacs de riz qu'ils veulent me donner… ça m'a touché. Ils savent que je n'avais pas besoin de sacs de riz. Mais c'était le symbole de leur affection, de leur amour, de leur attachement.   Certains aussi : « On va ruiner Guillaume Soro. Maintenant on va le rendre pauvre ». Mais pourquoi cette méchanceté. Pourquoi vous voulez me rendre pauvre. Si je suis pauvre, est-ce que ça va vous faire riche ? Moi, quand j'étais Premier ministre, je ne vous ai pas rendus pauvres. Je vous ai aidés. Ceux qui venaient, je donnais un peu. Y a d'autres que j'ai recrutés à la Primature pour qu'ils puissent manger aussi. J'ai partagé.

Aujourd'hui, on dit on va me chasser, je vais devenir pauvre. Je n'aurai rien. Comme ça, il ne sera rien, on va l'écraser. Mais pourquoi vous voulez m'écraser ? Ça va vous servir à quoi ? … Quand j'étais Premier ministre de Gbagbo à l'époque. Ceux qui veulent aujourd'hui qu'on m'écrase-là, mais je les ai embauchés à la Primature, ils mangeaient. Eux, ils peuvent se rappeler ça. Ceux qui sont chauds pour dire, il faut l'écraser, il faut en découdre avec moi, je les avais recrutés à la Primature. Beaucoup travaillaient avec moi. Je m'attendais à ce que ceux que j'avais embauchés à la Primature, même s'ils n'envoyaient pas deux sacs de riz, ils envoient un. Mais ce sont eux qui disent, il faut qu'on l'écrase. Alors que quand eux-mêmes avaient des problèmes, je les aidais.

Mais ceux à qui je n'avais rien donné, le petit peuple, ce sont ceux-là qui courent dans ma maison pour me donner du riz à manger.  C'est une leçon de vie. A la Primature, il y avait beaucoup qui travaillaient là-bas. Je me souviens une fois, c'était en février 2010, Gbagbo a dissous le gouvernement et la CEI. Donc j'essayais de voir comment je vais aider mes amis, mes frères. La politique, elle passe. Mais gardons notre fraternité. Même si je ne suis pas . Je suis votre frère. Vous n'avez pas besoin de m'écraser. Je vous attends avec vos sacs de riz. Hier, je vous ai rendu service, aujourd'hui, c'est moi qui ai besoin que vous me rendiez service. Vous pouvez venir avec un sac, je n'ai même pas dit deux. On était à la Primature ensemble non. Un sac…

Chers parents,

Voyez-vous, la vie d'un homme politique est ainsi faite. C'est vrai d'autres, aujourd'hui, ont oublié. Ils ont de grands postes. Ils ont oublié que c'est 15 ans de notre vie, à courir dans les forêts, dans les brousses. À dormir et à lutter contre les serpents, les scorpions. A mener ce combat, ce combat pour lequel beaucoup d'entre nous sont morts, pour qu'on arrive au pouvoir. Maintenant on est au pouvoir. On voulait le pouvoir. Mais pourquoi, on est méchant entre nous-mêmes ? Est-ce qu'on a besoin d'être méchant entre nous-mêmes ? On ne peut pas dire qu'on n'a rien fait. On a aidé un peu aussi. On s'est débattu. Des gens sont morts parmi nous. Aujourd'hui quand on poursuit quelqu'un à au nom de la rébellion, c'est qui ? C'est Guillaume Soro.

 » Vous avez dit que Guillaume a fait la rébellion, que Bédié ne va jamais accepter Guillaume Soro. Bédié a pris ma main, il m'a envoyé devant les chefs traditionnels Baoulé. Il dit : « cet homme, c'est Guillaume Soro, c'est mon fils ». »

Quand même. Même si on dit qu'on a oublié. Mais, pourquoi on nous chasse tous ? Ceux qui sont renvoyés ce sont qui ? C'est Méité Sindou, c'est Traoré Amadou, c'est Konaté Zié, Bamba Lamine. Est-ce que ces noms que je cite-là, ce sont des noms ? Ce sont des noms du nord. Le dernier à être chassé s'appelle Guillaume Soro. C'est des gens du nord. Ça a été dur. On a payé quand même le prix fort. Et il y a des gens qui sont assis, au moment où on nous renvoyait-là, on nous mettait en prison, vous étiez où ? Personne n'a eu le courage d'aller dire au président Alassane Ouattara, pardon fais doucement avec ces enfants. Et puis aujourd'hui, vous venez me voir, moi. Vous allez me dire quoi ? Ah Guillaume pardon.

Je ne veux plus. D'ailleurs, je vais fermer tous mes téléphones. Au moment où il faut avoir le courage, vous n'avez pas eu le courage de dire la vérité au président. Ça a surpris qui ? Ce qui arrive-là, surprend qui ? ça fait deux ans ou trois ans qu'on est en train de renvoyer tous les gens des Forces nouvelles. Ça fait combien de temps, on met les gens des Forces nouvelles en prison ? Maintenant, quand on ne demande qu'aux plus faibles, quand c'est moi, ils sont courageux pour venir me demander quoique ce soit. Oui j'entends, j'entends ce qui se dit. On va le détruire. Ce n'est pas bon (il indexe du doigt). C'est dangereux.

Arrêtez de mentir ! Arrêtez de mentir ! Arrêtez de vous moquer de nos parents ! Parce que vous croyez qu'ils sont analphabètes, ils ne sont pas intelligents ? Que Guillaume Soro veut aller voir Bédié. Mais qui est allé voir Bédié premier ? Est-ce que c'est moi ? Qui a fait alliance avec Bédié premier ? Rhdp là, quand ça a été signé à Paris, est-ce que j'étais là-bas ? Si on veut mentir, c'est grave. Troisième pont-là s'appelle comment ? Si on n'aime pas quelqu'un, est-ce qu'on donne son nom à un pont ? Donc, où est Guillaume Soro dans ça là ? Mais, moi-là, Bédié dit qu'il m'aime, de dire que je ne l'aime pas ? De faire quoi ? Vous avez dit que Guillaume a fait la rébellion, que Bédié ne va jamais accepter Guillaume Soro. Bédié a pris ma main, il m'a envoyé devant les chefs traditionnels Baoulé. Il dit : « cet homme, c'est Guillaume Soro, c'est mon fils ».

Donc, vous êtes fâchés. C'est ça là, je ne comprends pas. Je me couche, je dis mais, Bédié ne m'a rien fait. Vous voulez que je le haïsse pour quoi ? Moi, je suis un homme qui veut faire la réconciliation avec la paix. Et vous me dites d'aller me battre contre Bédié. Pourquoi ? On me dit, population du nord, regardez Guillaume Soro, il veut s'allier à Gbagbo qui a tué vos parents. Mais qui a été le premier à s'allier à Gbagbo en Côte d'Ivoire ici ? Le Front républicain, ça ne vous dit rien ? Donc vraiment, moi je ne comprends pas. Mais ce que je demande, arrêtez de mentir. Ils disent, au temps d'Houphouët, aucun Baoulé ne s'opposait à Bédié ou à Houphouët. Vous mentez. Il y avait beaucoup de Baoulé qui s'opposaient à Bédié. Houphouët, lui-même, il y avait des Baoulé qui s'opposaient à Houphouët. N'Go Blaise, grand syndicaliste.

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Il a dû fuir la Côte d'Ivoire pour aller s'installer en de Sékou Touré. Parce que vous pensez que nos parents sont analphabètes, ils ne sont pas intelligents. Ce n'est pas vrai. Ne leur mentez pas. Bédié là, beaucoup de Baoulé ont combattu Bédié. Awéli Michel était au FPI. Il est Baoulé. Etienne Doubé, FPI. Il est Baoulé. Koffi Lazare, FPI. Il est baoulé. Pourquoi vous voulez mentir ? Voilà des noms que j'ai donnés, et puis on peut dire beaucoup de noms encore. Au temps de Gbagbo, il y avait beaucoup de Bété qui étaient contre Gbagbo. Bailly Dago, il était Bété mais il était contre Gbagbo. Guédé Guinan, il était Bété de Gagnoa, mais il était contre Gbagbo. Dacoury Tabley, il était avec nous au sein des Forces nouvelles de la rébellion contre Gbagbo. Donc arrêtez de mentir.

« Quand on rend le tabouret, on ne peut pas se tenir longtemps debout. Il me faut un fauteuil. Si on ne m'avait pas retiré le tabouret, est-ce que j'allais chercher un fauteuil ? »

Chers parents,

Ce que je suis venu vous dire, c'est que je demande aux chefs, vous allez m'accompagner. Nous allons aller demander pardon aux autres partis, aux autres régions de la Côte d'Ivoire. Nous allons sillonner la Côte d'Ivoire pour faire la paix. Parce que nous sommes un peuple de cultivateur, nous sommes un peuple de paix. Et nous allons réussir dans notre combat pour la paix. Le dernier message que je suis venu vous donner, c'est que j'ai rendu le tabouret. Mais il fallait que je fasse quelque chose. J'ai créé le Comité politique. Le Comité politique que j'ai créé, c'est pour vous.

(…) Le Comité politique va conduire aux nouvelles orientations : Quand on rend le tabouret, on ne peut pas se tenir longtemps debout. Il me faut un fauteuil. Si on ne m'avait pas retiré le tabouret, est-ce que j'allais chercher un fauteuil ? Mais on a arraché le tabouret et je suis debout depuis. C'est pourquoi, je suis venu parler à mes parents. Un proverbe Niarafolo dit : ‘'qu'il est préférable qu'on vienne lui faire des histoires sur la tombe de sa maman que d'aller lui faire des histoires sur la tombe de la maman d'une autre personne‘'. Un autre proverbe dit  que ce qui est dans l'intention du gourdin le lièvre le sait…

« J'ai accepté de sacrifier mon poste. Parce que vous m'avez enseigné de ne pas vendre ma dignité. L'homme ne s'achète pas »

Chers parents, j'ai créé le Comité politique. Et il va travailler. Mais je voulais m'adresser aux cadres de Ferké. Chef Kiyali, est-ce que tu vois beaucoup de cadres ici avec nous ? Ils ont fui : ils veulent protéger leur poste.  Les anciennes photos que j'avais faites avec eux en tant que président de l'Assemblée, ils les ont déjà déchirées. Ils ne veulent même pas qu'on trouve une photo de moi avec eux. C'est comme ça que l'homme est. Quand j'étais Premier ministre, ils étaient tous fiers de prendre des photos avec moi. Ceux qui sont ici, c'est le peuple de Ferké. Je veux m'adresser aux cadres de Ferké. Celui qui a fait appel aux cadres, c'est moi. J'étais le numéro 3 de la République. Après le Président de la République, le vice-président, c'était moi. Celui qui a fait le plus appel parmi les cadres du Nord, c'est moi. Mais j'ai accepté de sacrifier mon poste. Parce que vous m'avez enseigné de ne pas vendre ma dignité. L'homme ne s'achète pas. Mais y a certains, poste-là même est précaire et puis tu me fuis.

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Au nom de l'éducation Sénoufo, je veux protéger ma dignité. Toi tu ne sais même pas où tu es. On ne sait même pas tu es à quel rang, tu veux te cacher aussi. Chef, il faut leur parler. Quand demain, vous qui êtes là en train de semer, quand l'air de la moisson va venir, je ne veux pas les voir là. Parce que, ce n'est pas sérieux… Toi Kiyali, quelle pression on ne t'a pas faite. Mais tu es resté digne parce que tu es un chef Niarafolo. Eux, ils sont là. Quels sont ces genres de personnes qui veulent manger toujours ? Mais pour le cultivateur, il y a des périodes de sécheresse et des périodes de pluie. Mais eux, ils sont là, ils veulent être dans le moment de pluie seulement. Et c'est encore eux. C'est parce qu'ils se couchent qu'on pense qu'on n'est rien. Ce sont eux qui nous livrent. Vous protégez quels postes ?… Je leur dis, protégez vos postes…

« Même les imams, on les menace à Ferké ici »

Personne ne sera éternel à un poste. Mais ce que je dis, tous les cadres de Ferké ont tous fui. Aucun n'est là. Ils restent assis cachés là-bas et la nuit, ils vous appellent : « on est avec vous ». Je ne prends pas appel de quelqu'un. Si vous êtes avec nous, venez-vous asseoir. Les chefs qui sont ici, on les menace tous les jours… De tous les cadres du Nord, je suis le plus jeune. Vous avez 50, 60, 70 ans et puis vous avez peur de mourir.  Moi, j'ai 46 ans. Demain, quand ça va marcher, tu vas les voir courir pour dire non. Cette fois, il faut un Ivoirien nouveau. Chacun doit assumer ses responsabilités. Mais les gens qui sont partout, nulle part en même temps, ils vont rester nulle part. Même les imams, on les menace à Ferké ici. Mais tenez bon.

Chers parents, c'est votre fils qui est venu vous dire de ne pas être tristes. De ne même pas vous fâcher. N'ayez aucune rancune. Ceux d'entre vous qui étiez fâchés, apaisez votre cœur parce que moi je suis calme. Ceux qui veulent me rendre pauvre, Dieu m'aidera, le peuple m'aidera. Parents de Ferké, gardez la sérénité. Ce que Dieu a prévu pour moi, va se réaliser. Populations de Ferké, gardez l'espoir, soyez dans l'espérance. Ce que le Tout-Puissant a décidé se réalisera. Je veux que Ferké ouvre les bras aux autres régions de la Côte d'Ivoire. Je veux que Ferké tende la main, de l'amour aux Baoulé, aux Bété, aux , aux , aux et aux qui sont là. Ferké, donnez l'exemple, je vous en supplie. Ne dites pas de mots méchants, ne soyez pas fâchés, n'insultez pas. N'agressez pas. Laissez les autres nous insulter. Laissez les autres se moquer de nous. Mais nous on sait d'où on vient, c'est pourquoi, on sait où on va. Chers parents de Ferké, demain, je serai à , chez Bédié. Je vais aller le saluer.

Je ne suis plus président de l'Assemblée. J'ai mon temps pour moi. Je peux voir qui je veux. Chers parents, le Comité politique, ce n'est pas un parti politique. Ce n'est pas un mouvement politique. Vous voyez, quand un enfant nait, quand nos mamans accouchent le bébé, est-ce qu'il se lève pour commencer à courir ? Il va s'asseoir, après il apprend à se tenir débout en équilibre, après il fait un premier pas, un deuxième avant de se lever. C'est ça le Comité politique. Donc demain, je vais expliquer le Comité politique à Bédié. Et après je vais sillonner la Côte d'Ivoire pour leur expliquer le Comité politique. Je suis venu confier le Comité politique aux chefs traditionnels. C'est le vôtre…

Propos retranscrits par D.A.

Written by YECLO.com

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