En Côte d'Ivoire, la conférence des évêques catholiques appelle la CEI à engager un dialogue avec l'opposition face aux contestations sur la liste électorale avant l'échéance de 2025.
La liste électorale en Côte d'Ivoire demeure au centre des préoccupations politiques depuis la publication de sa version provisoire par la Commission Électorale Indépendante (CEI). Cette publication a révélé l'absence de personnalités politiques influentes, dont l'ancien président Laurent Gbagbo, provoquant de vives réactions dans les rangs de l'opposition.
Dans ce contexte de tensions croissantes, la Conférence des Évêques Catholiques de Côte d'Ivoire (CECCI) a formulé une position claire appelant à privilégier le dialogue entre la CEI et les formations politiques pour garantir un processus électoral inclusif et transparent avant la présidentielle d'octobre 2025.
Les points de discorde sur la liste électorale
Le processus de contentieux électoral, démarré le 22 mars et programmé jusqu'au 5 avril 2025, permet actuellement aux partis et citoyens de contester les omissions ou erreurs constatées sur la liste provisoire. Le PPA-CI a formellement dénoncé l'absence de son leader sur ce document officiel.
L'opposition ivoirienne ne se limite pas à des contestations ponctuelles et réclame une révision intégrale de la liste électorale, estimant que la version actuelle comporte trop d'irrégularités. La CEI, pour sa part, considère cette demande irréalisable dans les délais impartis par le calendrier électoral déjà établi.
L'intervention mesurée des évêques catholiques
Dans leur déclaration, les évêques catholiques ont abordé explicitement la question de l'indépendance de la CEI : « Le débat sur la composition et le fonctionnement de la Commission Électorale Indépendante ne donne pas l'assurance de son indépendance. Aussi appelons-nous la CEI à construire la confiance en respectant les normes les plus objectives de transparence et d'impartialité. »
La CECCI ne se contente pas de pointer les problèmes mais propose une démarche concrète, encourageant la CEI à s'engager dans « un dialogue constant avec toutes les parties prenantes, en particulier les partis politiques, afin de répondre à toutes les préoccupations, notamment la révision de la liste électorale et d'assurer l'intégrité des résultats. »
Les perspectives pour le processus électoral
La position de l'Église catholique intervient à un moment critique où la confiance dans le processus électoral semble fragilisée. Si la CEI maintient sa position sur l'impossibilité d'une nouvelle révision complète, les risques de boycott ou de contestation du scrutin présidentiel par certaines formations politiques ne peuvent être écartés.
La voix de l'Église, respectée par de nombreux Ivoiriens au-delà des clivages politiques, pourrait faciliter l'établissement d'un compromis entre les exigences de calendrier avancées par la CEI et les préoccupations légitimes de transparence exprimées par l'opposition. L'enjeu dépasse la simple question technique de la liste électorale et touche à la crédibilité même du processus démocratique ivoirien à l'approche de cette échéance majeure.
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