Venance Konan, ancien DG de Fraternité Matin, questionne les arguments de l'opposition sur les listes électorales et analyse les tensions politiques à l'approche des échéances électorales.
Les listes électorales en Côte d'Ivoire font l'objet d'une controverse politique persistante. Dans une récente analyse, Venance Konan, journaliste et ancien directeur général de Fraternité Matin, apporte un éclairage basé sur son expérience personnelle. Il évoque le cas de sa mère décédée dont le nom figure toujours sur les listes, pour illustrer la complexité de leur mise à jour.
Cette situation, souvent pointée du doigt par l'opposition comme preuve de manipulation, mérite selon lui une analyse plus nuancée. À travers son témoignage, le journaliste questionne la responsabilité de la Commission électorale indépendante (CEI) et les motivations réelles des partis d'opposition dans cette controverse récurrente.
Les défis de l'actualisation des listes
Venance Konan relate son expérience familiale pour démontrer les limites pratiques du système électoral. « Ma mère était inscrite sur les listes électorales et avait voté lors de toutes les élections passées. Mais elle est décédée l'année dernière […] Nous n'avons entrepris aucune démarche pour l'en informer afin qu'elle enlève son nom de la liste électorale », explique-t-il, avant de poser une question essentielle : « Qui parmi nous, à la suite du décès d'un proche, pense à la CEI ? »
Le journaliste va plus loin en questionnant les moyens dont dispose réellement la CEI pour actualiser ses listes. « A-t-elle le devoir de regarder tous les communiqués nécrologiques dans les journaux pour savoir qui est décédé dans le pays ? Quand bien même elle le ferait, qu'en serait-il des personnes dont le décès n'est pas annoncé dans les journaux ? », s'interroge-t-il, soulignant les limites pratiques du système.
La stratégie politique derrière les revendications
L'analyse de Venance Konan s'étend aux revendications de l'opposition concernant l'inscription de certaines personnalités politiques sur les listes électorales. Il rappelle les procédures légales en jeu : « Ces partis qui avaient des représentants au sein de la CEI savent pourtant très bien comment elle fonctionne. Ce n'est pas elle qui déchoit des personnes de leurs droits civiques. Elle ne fait que prendre acte des décisions des tribunaux. »
Le journaliste pointe ce qu'il considère comme une incohérence dans la démarche de l'opposition. « Ces partis savent que pour remettre ces personnes sur la liste électorale, il faut une loi d'amnistie. […] Pourquoi ces partis qui ont des députés et des sénateurs au Parlement ne le font-ils pas ? », questionne-t-il, suggérant que l'objectif réel pourrait être ailleurs : « La réponse est que ces partis veulent créer la chienlit dans le pays afin de ne pas aller à l'élection présidentielle. »
Un rappel historique des tensions électorales
Venance Konan établit un parallèle avec les précédentes élections, notamment celles où Laurent Gbagbo était impliqué. « Depuis 1990, année du retour au multipartisme, c'est seulement en 2015 que nous avons eu une élection tranquille, sans la peur au ventre, sans injures, sans violences. Parce que Laurent Gbagbo se trouvait à la Haye », affirme-t-il, avant de détailler les incidents survenus lors des scrutins de 1995, 2000, 2010 et 2020.
Le journaliste évoque également les récentes déclarations de Laurent Gbagbo à Dabou, où celui-ci aurait « laissé entendre qu'il donnera bientôt des mots d'ordre. » Face à cette situation, Venance Konan conclut son analyse par une interrogation directe adressée aux Ivoiriens : « êtes vous encore prêts à aller mourir pour Laurent Gbagbo ? »
Cette intervention de Venance Konan s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes à l'approche des prochaines échéances électorales. Son analyse, basée tant sur une expérience personnelle que sur un rappel historique, invite à une réflexion sur les motivations réelles derrière les controverses électorales et leurs potentielles conséquences pour la stabilité du pays.
A LIRE AUSSI
- Affaire Braquage BCEAO: Gbagbo répond enfin, « une accusation, trop politicien. Ce n'est pas digne »
- CPI : la défense de Gbagbo répond au mémoire d'appel de Bensouda, ce qui va se passer
- Soro « ne peut pas être djihadiste ou terroriste », voici pourquoi
- Enrôlement CNI : Kyria Doukouré répond aux enseignants du RDR
- Affaire plainte pour la mort de IB : « Guillaume Soro ne sera pas la seule personne à se présenter à la barre »