Un nouveau rapport de la Banque mondiale révèle que l’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée par l’extrême pauvreté, avec des solutions concrètes pour la Côte d’Ivoire.
La Banque mondiale dresse un constat alarmant sur la situation de la pauvreté en Afrique subsaharienne dans son dernier rapport publié le 3 décembre 2024. Intitulé « Partir sur un pied d’égalité : éliminer les inégalités structurelles pour accélérer la réduction de la pauvreté en Afrique », ce document révèle que la région abrite 60% de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté.
Les chiffres présentés sont particulièrement préoccupants : alors que le taux d’extrême pauvreté mondial est passé sous la barre des 10%, il atteint encore 38% en Afrique subsaharienne en 2022. Sans réformes significatives, cette proportion pourrait grimper jusqu’à 87% d’ici 2030.
Les causes profondes des inégalités
Le rapport identifie plusieurs facteurs structurels à l’origine de cette situation. « Les inégalités structurelles n’ont rien d’inéluctable », souligne Nistha Sinha, co-autrice du rapport, citant des exemples de réussites dans différents pays africains. L’accès limité aux services essentiels constitue un obstacle majeur : seuls 32% des ménages pauvres ont accès à l’électricité, contre 70% pour les ménages non pauvres.
Les disparités se manifestent également dans l’éducation, où les enfants des familles les plus démunies présentent les taux d’achèvement scolaire les plus faibles. Ces inégalités sont renforcées par des distorsions du marché qui maintiennent de nombreux jeunes dans des emplois précaires du secteur informel.
Face à ces défis, la Banque mondiale propose quatre axes d’intervention prioritaires. Le premier concerne le renforcement des fondations économiques et institutionnelles, visant à éliminer les obstacles à la concurrence et à protéger les droits de propriété.
Le deuxième axe met l’accent sur les investissements dans l’éducation, la santé et les infrastructures. « Ces priorités doivent être abordées de manière intégrée, car elles se renforcent mutuellement », explique Gabriela Inchauste, co-autrice du rapport.
La Côte d’Ivoire s’engage
La réaction de la Côte d’Ivoire à ce rapport est particulièrement significative. Belmonde Dogo, ministre de la Solidarité, de la Cohésion nationale et de la Lutte contre la pauvreté, a déclaré lors du lancement : « Ce rapport arrive à point nommé pour la plupart des pays africains, comme la Côte d’Ivoire, qui sont prêts à lutter contre la pauvreté et les inégalités car il nous incite à être plus stratégiques et à aborder les causes profondes des inégalités. »
Le gouvernement ivoirien prévoit d’intégrer ces recommandations dans son nouveau plan de développement 2025-2030. Cette démarche s’inspire des succès observés dans d’autres pays africains, comme l’Éthiopie avec sa réforme des droits d’utilisation des terres, ou le Kenya avec le développement de l’argent mobile pour renforcer l’inclusion financière.
Des solutions concrètes pour l’avenir
Le rapport préconise également de faciliter la création d’emplois en améliorant l’accès aux capitaux et aux technologies. Le quatrième axe recommande une utilisation plus équitable des ressources publiques, notamment par une fiscalité progressive et des dépenses publiques efficaces.
Ces mesures visent à briser le cycle de la pauvreté intergénérationnelle. Les exemples de réussite cités, comme le Ghana avec ses investissements dans l’éducation primaire et la libéralisation partielle du marché du cacao, démontrent qu’un changement positif est possible avec des politiques adaptées.
La mise en œuvre de ces recommandations représente un défi majeur pour la Côte d’Ivoire, mais aussi une opportunité de transformation sociale profonde. Le succès de cette stratégie dépendra de la capacité du pays à adapter ces solutions à son contexte local tout en maintenant une vision à long terme du développement inclusif.
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