Dans sa tribune du 15 avril 2025, Nazaire Kadia décrypte le changement de position de Marcel Amon Tanoh sur la question du mandat présidentiel en Côte d’Ivoire.
Nazaire Kadia s’attaque frontalement au positionnement politique de Marcel Amon Tanoh dans une tribune publiée ce 15 avril 2025. L’analyste politique y décortique le récent plaidoyer de l’ancien ministre en faveur d’un possible troisième mandat présidentiel, qualifiant cette argumentation de « démonstration juridico-mécanique […] tirée par les cheveux ».
« L’actualité cette semaine sur les réseaux sociaux bruit avec la démonstration juridico-mécanique de Marcel Amon Tanoh, relative à la possibilité du chef de l’État de briguer trois ou quatre mandats s’il le désire, selon la constitution de 2016 », écrit Nazaire Kadia en ouverture de sa tribune. L’auteur y établit un contraste saisissant entre cette position actuelle et celle adoptée par l’ancien directeur de cabinet présidentiel lors de son bref passage dans l’opposition en 2020.
Un opportunisme politique dénoncé
Nazaire Kadia ne mâche pas ses mots pour qualifier ce qu’il considère comme un opportunisme politique. « L’homme qui fut il n’y a pas longtemps, un oiseau-voltigeur, passant d’une branche à une autre, se doit de montrer patte blanche pour convaincre le chef de l’État, que ce qui s’est passé en 2020, ne se reproduira plus », affirme-t-il dans son texte.
L’analyste rappelle les circonstances du revirement de Marcel Amon Tanoh après l’élection présidentielle. « À l’image d’Henri IV (1050-1106), l’empereur allemand, obligé de rester les deux pieds dans la neige pendant trois jours avant d’être reçu à Canossa […], Marcel Amon Tanoh, s’était lui aussi fendu d’une déclaration de reniement et de regret », souligne Nazaire Kadia. Cette référence historique illustre selon lui la soumission politique qui a suivi le bref passage dans l’opposition.
Une analyse des motivations profondes
Dans sa tribune, Nazaire Kadia propose une lecture psychologique du parcours de l’ancien ministre. « Né une cuillère d’or à la bouche, habitué aux ors et aux lambris dorés qu’offre le sillage du pouvoir, l’homme n’est resté dans l’opposition que moins de quatre (4) mois », note l’analyste, expliquant que « l’inconfort du voyage dans le train de l’opposition » aurait rapidement eu raison de ses convictions affichées.
Nazaire Kadia développe cette analyse en mobilisant la théorie des besoins de Maslow : « Comme l’a démontré Abraham Maslow dans sa stratification des besoins, la satisfaction d’un besoin, fait reconnaître un autre d’ordre supérieur. Ce qui manquait à Marcel Amon Tanoh […] est la reconnaissance du rôle qu’il devait jouer dans le champ politique ivoirien à l’effet que l’histoire retienne son nom. » Cette quête de reconnaissance expliquerait selon l’auteur tant l’opposition temporaire que le retour dans le giron présidentiel.
L’échec d’une ambition politique
La dernière partie de la tribune de Nazaire Kadia se concentre sur les conséquences du parcours politique chaotique de Marcel Amon Tanoh. « C’est un secret de polichinelle que de dire que l’ambition politique de cet opposant de la 25ème heure est à son terminus », tranche l’analyste, évoquant ensuite son passage controversé à la tête du Conseil de l’Entente.
« A défaut de voir son nom inscrit en lettres d’or au panthéon de l’histoire de notre pays […], il a pu demeurer dans les ors et les lambris dorés qu’offre le sillage du pouvoir, quand il fut nommé Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente […]. Il y fit des siennes, et fut limogé sans ménagement », rappelle Nazaire Kadia avant de conclure sa tribune par une formule lapidaire : « Mais s’il a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai. »
Cette tribune de Nazaire Kadia s’inscrit dans un contexte politique marqué par les débats sur une possible candidature présidentielle en 2025, où la question de l’interprétation constitutionnelle reste au cœur des discussions politiques en Côte d’Ivoire.
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