Les autorités ivoiriennes sont intervenues pour empêcher le mariage forcé d’une collégienne de 17 ans à Katiali, après l’alerte donnée par la jeune fille à son éducateur.
Une élève de 17 ans du Collège Moderne de Katiali a échappé à un mariage arrangé grâce à l’intervention des autorités ivoiriennes. La jeune fille, identifiée par les initiales K.A., avait alerté son éducateur après que son père l’eut informée qu’elle devait se marier « dans quelques semaines » avec un homme choisi par sa famille. L’adolescente, orpheline de mère, vit avec son père et ses deux grands frères qui avaient tous validé cette union.
La ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Nassénéba Touré, informée de la situation le 23 avril 2025, a immédiatement mobilisé ses services. La brigade de gendarmerie de M’Bengué s’est rendue sur place pour interrompre le processus matrimonial et assurer la protection de la mineure. Cette intervention s’inscrit dans un contexte local particulier, puisque le lendemain même, trente-deux mariages collectifs étaient célébrés à Katiali, selon une tradition ancestrale perpétuée par plusieurs familles de la communauté malinké.
Le témoignage révélateur
Lors d’un entretien avec le Directeur régional du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant du Poro, la collégienne a livré un témoignage éclairant sur sa situation. « Il y a un mois, mon papa m’a informé que je devais me marier dans quelques semaines parce qu’un homme avait demandé ma main et que cette demande avait été accordée par la famille », a-t-elle expliqué. Face à cette annonce, la jeune fille a immédiatement exprimé son refus, déterminée à poursuivre sa scolarité.
« Je ne voulais pas me marier. Je voulais continuer mes études », a-t-elle confié, ajoutant que ses parents lui avaient répondu qu’il s’agissait « d’un accord entre notre famille et celle de mon prétendant ». Ce témoignage met en évidence le dilemme auquel sont confrontées de nombreuses adolescentes dans certaines régions du pays : choisir entre le respect des décisions familiales et leurs aspirations personnelles.
Dans ce cas précis, l’élève de 4ème a fait preuve d’un courage remarquable en refusant de se soumettre à cette décision. Elle a d’abord alerté son éducateur à l’école, puis porté plainte à la gendarmerie, déclenchant ainsi le mécanisme de protection qui a permis l’intervention des autorités. Cette démarche proactive illustre l’importance de l’éducation dans la prise de conscience des droits fondamentaux par les jeunes filles.
Entre tradition et protection des mineurs
L’affaire se déroule dans un contexte culturel particulier à Katiali, sous-préfecture du département de M’Bengué. Selon le correspondant de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP), chaque année après le mois de jeûne musulman, les familles Diabaté, Koné, Sylla et Traoré organisent des mariages collectifs, perpétuant ainsi une coutume ancestrale de la communauté malinké. Le 24 avril 2025, soit le lendemain de l’intervention pour K.A., trente-deux mariages ont été célébrés dans la localité.
Cette coïncidence temporelle soulève des questions sur la nature de ces unions collectives et sur le respect du consentement et de l’âge légal des participants. Si les traditions matrimoniales font partie intégrante du patrimoine culturel des communautés, elles ne peuvent s’exercer au détriment des droits fondamentaux, particulièrement lorsqu’elles concernent des mineurs.
Les services du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant du Poro travaillent actuellement à la réintégration de K.A. dans sa famille, tout en garantissant qu’elle pourra poursuivre sa scolarité. Ce suivi est essentiel pour éviter que la jeune fille ne subisse des représailles ou que la tentative de mariage ne soit simplement reportée à une date ultérieure.
Cette affaire illustre les tensions persistantes entre certaines pratiques traditionnelles et les droits des enfants en Côte d’Ivoire. Malgré l’existence d’un cadre légal interdisant le mariage des mineurs, les unions précoces continuent d’affecter la trajectoire scolaire et professionnelle de nombreuses jeunes filles, particulièrement dans les zones rurales.
L’intervention réussie dans le cas de K.A. démontre néanmoins que les mécanismes de protection mis en place par l’État peuvent fonctionner efficacement lorsque l’alerte est donnée à temps. Elle souligne également l’importance des campagnes de sensibilisation dans les établissements scolaires, qui permettent aux jeunes filles de connaître leurs droits et les recours possibles face à des situations de mariage forcé.
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