L'actualité ces derniers temps en Afrique de l'Ouest, rime avec le bras de fer entre le Mali et la Côte d'Ivoire au sujet de l'arrestation de 49 militaires ivoiriens à Bamako.
La passe d'armes qui s'en est suivie et qui continue entre ces deux pays, gagnerait à s'estomper pour la stabilité de la sous-région ouest africaine, encline aux rodéos motorisés des djihadistes.
Pour rappel. Dans un communiqué en date du 11 juillet 2022, le porte-parole du gouvernement de transition malien, a fait état de ce que la veille, deux aéronefs en provenance de la Côte d'Ivoire, ont atterri à l'aéroport de Bamako. A leur bord 49 militaires ivoiriens avec leurs armes et des munitions de guerre.
N'ayant pas préalablement été saisies par les autorités ivoiriennes de l'arrivée de ce contingent, les autorités maliennes affirment avoir pris attache avec certains responsables ivoiriennes qui ont répondu ignorer la présence de ces militaires ivoiriens sur le sol malien.
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Le porte-parole du gouvernement malien ajoute que la profession réelle de ces militaires a été dissimulée. Selon leurs passeports, certains de ces militaires seraient des étudiants, des chauffeurs, des vendeurs, des vigiles, des électriciens, des peintres, etc.
En outre interrogés sur l'objet de leur mission, les réponses variaient d'un militaire à un autre.
Au regard de ce qu'il considère comme un manquement, le gouvernement malien décide de mettre ces militaires ivoiriens à l'arrêt et à la disposition de la justice malienne, les considérant comme des mercenaires avec des objectifs funestes quant à la sécurité du Mali.
En réaction, les autorités ivoiriennes, après une réunion du Conseil National de Sécurité, ont produit un communiqué pour donner leur position. Pour celles-ci, les militaires sur le sol malien, le sont dans le cadre des opérations de soutien logistique à la mission des Nations Unies au Mali. A leur arrivée au Mali, copie de l'ordre de mission du contingent a été transmise aux autorités aéroportuaires maliennes.
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On note toutefois, que les affirmations contenues dans le communiqué malien, faisant état de ce que des officiels ivoiriens disent ignorer la présence de militaires ivoiriens au Mali, et bien d'autres affirmations, n'ont été ni confirmées, ni infirmées par la Côte d'Ivoire.
Après ces deux sorties, on attendait la réaction des instances de la Minusma et partant de l'Onu, pour mieux cerner la situation et la comprendre.
Tout au contraire, les interventions contradictoires de la Minusma et de l'Onu, sont manifestement venues en rajouter à la confusion qui règne dans ce dossier. Assurément, il y a trop de zones d'ombre qui gagneraient à être éclaircies !
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Alors, du Mali et de la Côte d'Ivoire, qui dit vrai ?
L'analyse des deux communiqués qui sont les seuls éléments d'appréciation dont on dispose, conduit à se poser beaucoup de questions :
– Est-il vrai que les autorités maliennes n'avaient pas préalablement été informées du débarquement du contingent ivoirien sur leur sol ?
– Est-il vrai que c'est seulement à l'aéroport que les autorités ivoiriennes ont transmis l'ordre de mission du contingent aux autorités maliennes ?
– Si oui, est-ce la pratique usuelle ?
– Les maliens disent-ils vrai quand ils affirment que des autorités ivoiriennes de haut niveau interrogées, ont avoué ignorer la présence d'un contingent de militaires ivoiriens en mission sur le sol malien ?
– Est-il vrai que des passeports de militaires ivoiriens, mentionnent des professions autres que celles de militaires ?
– Quel intérêt a la Côte d'Ivoire dans une déstabilisation du Mali ?
– Quel intérêt a le Mali à faire de la surenchère à une période aussi sensible?
– Quelle serait la réaction de la Côte d'Ivoire si des militaires étrangers débarquaient sur son sol, sans qu'elle n'ait été préalablement avertie ?
Voilà autant de questions et bien d'autres encore, qui permettraient de mieux comprendre la situation, si elles pouvaient avoir des réponses sans ambigüité.
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Beaucoup de personnes ont tôt fait d'accuser le Mali d'en faire trop, mais la situation sécuritaire le commande, et le pays ne peut pas se permettre le luxe de négliger le moindre détail quand sa sécurité est en jeu, dans une situation précaire.
Les ivoiriens doivent aussi se faire à l'idée que le Mali est actuellement la digue qui retient le flot impétueux des djihadistes et l'empêche de se déverser dans la lagune Ebrié.
Si la « digue malienne » venait à se rompre, la Côte d'Ivoire et les pays côtiers du Golfe de Guinée paieront le prix fort face au terrorisme !
Alors sachons tous raison garder, notre avenir en dépend !
S'il y a eu un soir au Mali, il y aura assurément un matin et l'ivraie sera séparée du vrai.