ACTUALITES SHANGHAI, 3 novembre 2020 (Yeclo avec Xinhua) — Pour Jean-Paul Agon, PDG du groupe international de cosmétiques L'Oréal, participer pour la troisième fois à l'Exposition internationale d'importation de la Chine (CIIE) à Shanghai est à la fois passionnant et significatif.
« Dans une année où il y a cette crise (le COVID-19), quand la mondialisation est remise en cause, je pense que le meilleur signal possible est justement d'organiser cette CIIE. J'ai assisté (aux deux précédentes) et elles ont toutes deux été un succès fantastique; nous nous attendons à ce que la troisième édition soit également un grand succès », a confié ce Français qui s'est rendu pour la première fois en Chine en 1997.
Il n'est pas le seul à le penser. Aux yeux de milliers d'exposants étrangers et de quelque 400.000 visiteurs professionnels qui participeront à la 3e CIIE qui s'ouvrira jeudi pour six jours, l'événement est une excellente occasion d'explorer la vitalité économique de la Chine, de connaître son nouveau plan de développement et de constater sa résolution dans le fait qu'une coopération mutuellement bénéfique insufflera davantage de confiance et un nouvel élan à une économie mondiale paralysée par la pandémie.
UNE LUEUR D'ESPOIR
Alors que la pandémie de nouveau coronavirus continue de perturber les activités économiques dans le monde entier, le Fonds monétaire international (FMI) a prédit une contraction économique mondiale de 4,4% pour 2020, tandis que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a estimé que le commerce mondial des marchandises devrait baisser de 9,2% cette année.
Face à « la pire crise depuis la Grande Dépression », selon les mots du FMI, la Chine a réussi à restaurer son économie tout en maîtrisant l'épidémie, devenant la première grande économie à renouer avec la croissance depuis que le COVID-19 a paralysé l'économie mondiale.
« Les vents forts et les tempêtes peuvent bouleverser un étang, mais jamais une mer », avait dit le président chinois Xi Jinping lors de la cérémonie d'ouverture de la première CIIE en 2018, en référence à l'économie chinoise. Ses paroles résonnent encore aujourd'hui.
Clementine Mwaba, une femme d'affaires zambienne travaillant dans le miel, estime que l'énorme production de son pays vise à avoir accès à davantage de marchés étrangers, la CIIE constituant une clé pour cela.
Pour elle, ce rendez-vous « vise à nous fournir l'espace et les opportunités d'accès à davantage de marchés ».
A plus de 12.000 km de là, Marileidy Herrera, directrice associée de Caribex, une société cubaine commercialisant des fruits de mer, manifeste aussi un intérêt marqué pour cette 3e CIIE.
« La Chine est un marché en croissance pour nos produits, qui ont été très bien accueillis par la population chinoise jusqu'à présent », a-t-elle souligné, ajoutant que Cuba comptait y doubler ses ventes de homards d'ici la fin de cette année.
Pour Kenji Mizuta, président du bureau de représentation de l'Organisation japonaise du commerce extérieur (JETRO) à Shanghai, la 3e CIIE sera le plus grand événement auquel son organisation ait jamais assisté cette année.
LE CATALYSEUR D'UNE COOPERATION GAGNANT-GAGNANT
« Nous devons tous nous donner la main au lieu de nous la lâcher les uns les autres. Nous devons abattre les murs au lieu d'en ériger », a recommandé M. Xi lors de la cérémonie d'ouverture de la 2e CIIE l'an dernier, appelant à la construction conjointe d'une économie mondiale ouverte par la coopération, avec l'innovation et pour des bénéfices mutuels.
Les trains de fret sino-européens circulant dans le cadre de l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) sont un exemple tangible d'une telle coopération. Au premier semestre de l'année, les liaisons ont augmenté de 36% en glissement annuel pour atteindre 5.122, transportant 3,67 millions de pièces et 27.000 tonnes de matériel contre la pandémie vers les pays européens.
Et ce rendez-vous annuel est un autre symbole clé de l'ouverture que M. Xi souhaite, une plateforme que Shane Tedjarati, cadre supérieur du conglomérat industriel américain Honeywell, juge « formidable » et « importante ».
Selon lui, « c'est le moment où les entreprises chinoises et occidentales peuvent se réunir, présenter leurs innovations, partager les leçons apprises et accroître leur connectivité », a-t-il noté.
Malgré la pandémie, la CIIE attire en masse des exposants qui viendront honorer et défendre le multilatéralisme. Avec une surface d'exposition élargie de 360.000 m², le nombre d'entreprises de premier plan devant y participer a dépassé celui des années précédentes, selon Sun Chenghai, directeur adjoint du bureau de la CIIE.
« Ce monde interdépendant exige de tous ses acteurs qu'ils soient interconnectés et le commerce en fait partie », note José Antonio Camposano, président de la Chambre nationale d'aquaculture de l'Equateur.
« La CIIE offre une plateforme aux entreprises étrangères pour qu'elles puissent partager les fruits du développement de la Chine. Nous espérons aussi partager les atouts de notre bois d'agar avec les consommateurs chinois dans le même esprit », confie Nicklaus Ho, directeur général de l'entreprise malaisienne Gaharu Tea Valley Gopeng.
UN ESPACE DE NOUVEAUTES
De la santé publique à la prévention épidémique en passant par les économies d'énergie, la protection de l'environnement et les transports intelligents, l'édition 2020 de la CIIE surprendra les visiteurs avec des centaines de nouveaux produits, technologies et services.
Par exemple, l'Oréal présentera plus de 100 nouveaux produits phares et des innovations technologiques de pointe dans le secteur de beauté. Quelque 25 nouveaux produits de Nestlé, l'un des géants mondiaux de l'agroalimentaire, y feront leurs débuts. Plus de 300 laboratoires pharmaceutiques se sont battus pour décrocher un stand afin d'y présenter leurs nouveaux produits et des solutions de santé publique.
De plus, de nouvelles méthodes sans contact telles que la signature par cloud ont été utilisées pour accélérer la préparation de la CIIE.
La troisième édition de ce salon « constitue un point de référence en matière d'innovation, à savoir les nouvelles technologies et les nouveaux systèmes mettant en œuvre le numérique dans la vie réelle », assure Marco Bettin, secrétaire général de la Chambre de commerce italo-chinoise.
Parallèlement, des entreprises étrangères trouveront aussi que le rendez-vous de cette année est un espace de nouveautés.
En se fondant sur l'évolution des conditions de son développement et de la demande en faveur d'une croissance de haute qualité à long terme, la Chine a commencé à adopter un nouveau modèle de développement « à double cycle » qui se focalise sur son marché intérieur, tandis que les marchés nationaux et étrangers se nourrissent mutuellement.
« Faire du marché domestique un pilier ne signifie pas que nous développons notre économie en fermant nos portes », avait assuré Xi Jinping devant un symposium d'entrepreneurs en juillet, ajoutant qu'en donnant toute leur place aux potentialités du marché intérieur, les deux marchés peuvent être mieux connectés et utilisés en vue de parvenir à un développement robuste et durable.
Masahiko Uotani, PDG du groupe japonais de cosmétiques Shiseido, qui est un vieil ami de la CIIE et a décidé de s'y rendre les trois prochaines années, pense que le nouveau modèle de développement de la Chine « est sans aucun doute une bonne chose ». Il peut favoriser un plus grand développement global via des échanges d'information et des apprentissages mutuels entre le marché chinois et les marchés étrangers.
Faisant écho à M. Uotani, Frankie Ng, directeur général de la Société générale de surveillance (SGS), une multinationale suisse, juge que la 3e CIIE « est un parfait exemple du rôle des technologies dernier cri et des meilleurs produits du monde entier au service des besoins de développement du marché intérieur ». Fin
