Le PDCI-RDA traverse une période de tensions sans précédent, marquée par des conflits entre clans qui menacent sa tradition de dialogue et compromettent sa préparation électorale.
Le PDCI-RDA, parti historique de la Côte d'Ivoire, affronte une crise interne majeure qui se manifeste à travers les sorties médiatiques de ses cadres et cyberactivistes. Cette situation, comme le souligne Jean Bonin, est « tout à fait inédite dans les annales politiques de ce parti qui a pourtant été nourri, depuis sa création, à la sève du dialogue ».
La formation politique, confrontée à une compétition électorale interne inhabituelle, voit s'affronter des clans constitués « de façon ad hoc », bouleversant les équilibres traditionnels d'un parti où le candidat « naturel » n'était généralement pas contesté.
Une crise qui dépasse les clivages traditionnels
Le conflit actuel révèle une profonde division entre deux camps : les « roperos » et les « héritiers ». Cette opposition, loin des débats d'idées, se caractérise par « des piques et petites phrases assassines que les uns et les autres se lancent ».
Cette dynamique conflictuelle a des conséquences multiples. Elle « entrave le besoin d'une réflexion approfondie et prospective au sein du parti » et compromet toute initiative visant le développement de la Côte d'Ivoire dans ses dimensions politique, économique et sociale.
Les familles Thiam et Billon au cœur des tensions
L'analyste politique souligne que ces familles « se connaissent très bien » et devraient pouvoir trouver « les ressorts nécessaires » pour résoudre cette crise qu'il qualifie de « tempête dans un verre d'eau ».
Le parti fait face à un défi majeur : dépasser les conflits personnels pour « démontrer de manière évidente pourquoi le PDCI, dans sa diversité d'opinions progressistes, représente la meilleure option » pour diriger la Côte d'Ivoire.
Le cas récent du FPI offre un parallèle intéressant. Face à une fronde interne, le président Affi N'Guessan a choisi la voie démocratique en invitant ses opposants à l'affronter lors du congrès du parti.
Cette approche a conduit à une résolution pacifique, les opposants ayant préféré se retirer plutôt que d'affronter un vote militant. Cette expérience pourrait inspirer le PDCI-RDA dans sa recherche de solutions.
Vers une solution démocratique
La sortie de crise pourrait passer par « l'organisation d'une primaire crédible entre les différents prétendants à la candidature suprême ». Cette option permettrait de résoudre les tensions tout en renforçant la légitimité démocratique du parti.
Jean Bonin conclut son analyse en rappelant que « la Côte d'Ivoire mérite mieux », appelant à dépasser les conflits personnels pour se concentrer sur les enjeux nationaux. Le PDCI-RDA, fort de son histoire, dispose des ressources nécessaires pour surmonter cette crise et retrouver sa vocation de parti du dialogue et de la paix.
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