La présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire suscite déjà des manœuvres politiques. Les principaux candidats potentiels multiplient les déplacements à l'étranger, révélant l'influence occidentale sur le scrutin.
La présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire s'annonce comme un enjeu majeur pour l'avenir du pays. Les partis politiques s'activent en coulisses, préparant leurs stratégies et mobilisant leurs militants. Cependant, derrière cette effervescence apparente, des questions cruciales restent en suspens.
Le paysage politique ivoirien est actuellement marqué par deux incertitudes majeures. D'une part, la décision d'Alassane Ouattara concernant un éventuel quatrième mandat n'est pas encore connue. D'autre part, la réintégration de Laurent Gbagbo sur la liste électorale fait l'objet de débats. Ces deux éléments maintiennent le pays dans une forme d'attentisme politique.
Parallèlement à ces interrogations, les principaux acteurs politiques ont récemment effectué des déplacements à l'étranger. Laurent Gbagbo s'est rendu en Belgique via la France le 14 août. Alassane Ouattara est rentré le 1er septembre après un séjour en France incluant une rencontre à l'Élysée. Tidjane Thiam, membre du Comité international olympique (CIO), est revenu le 2 septembre après avoir assisté aux Jeux Olympiques de Paris.
Des tractations internationales
Ces voyages simultanés en Europe soulèvent des questions sur d'éventuelles négociations en coulisses. Ferro Bally, analyste politique, suggère : « Il y a anguille sous roche et d'éventuelles tractations pour arrondir les angles des rivalités ou trouver un aggiornamento politique au goût de compromis ou compromissions. »
Pendant ce temps, les représentants des principaux partis politiques ivoiriens ont participé à la Convention du Parti démocrate à Chicago le 19 août. Cette présence conjointe aux États-Unis n'est pas anodine et s'inscrit dans un contexte géopolitique plus large.
L'influence occidentale en question
L'analyste Ferro Bally souligne l'importance de ces démarches internationales : « Embarqués dans la lutte géostratégique entre les grandes puissances mondiales, nos principaux leaders, sans appartenance d'idéologie, veulent tous montrer patte blanche, pour éviter d'être blacklistés. »
Cette stratégie se manifeste notamment par un positionnement clair dans le camp occidental. Les leaders ivoiriens semblent soutenir la candidature de Kamala Harris pour la présidentielle américaine de 2024, se distanciant ainsi de Donald Trump et, par extension, de la Russie.
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L'influence occidentale sur la politique ivoirienne n'est pas nouvelle. Ferro Bally rappelle l'histoire du pays depuis l'indépendance, marquée par des périodes d'autonomie relative et des phases de forte ingérence étrangère.
Il cite notamment l'exemple de Félix Houphouët-Boigny, qui a rompu ses liens avec le Parti communiste français en 1951 pour s'aligner sur les positions occidentales. Cette décision a permis un développement économique initial, mais a également ouvert la voie à des pressions extérieures croissantes.
Les défis de l'indépendance politique
L'analyste évoque les difficultés rencontrées par les dirigeants ivoiriens cherchant à s'émanciper de l'influence occidentale. Il mentionne les cas d'Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo, qui ont tous deux fait face à des obstacles majeurs lorsqu'ils ont tenté de s'affranchir des directives internationales.
Ferro Bally affirme : « Je n'accepterai jamais que la Côte d'Ivoire, mon pays, soit un pays vassal. Je ne serai jamais le sous-préfet de la France, » citant Laurent Gbagbo. Cependant, ces velléités d'indépendance ont souvent été suivies de crises politiques et économiques.
Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire occupe une position stratégique pour les puissances occidentales, notamment dans le contexte de l'influence croissante de la Russie dans la région du Sahel. Ferro Bally note : « La Côte d'Ivoire est devenue un refuge et une base arrière des puissances occidentales. »
Cette situation se traduit par une présence militaire occidentale accrue et un endettement important du pays. L'analyste cite John Adams, deuxième président des États-Unis : « Il y a deux manières de conquérir et asservir une nation, l'une est par les armes, l'autre par la dette. »
Perspectives pour 2025
Ferro Bally estime que l'Occident conserve une influence déterminante sur la politique ivoirienne. Il affirme : « L'Occident détient la clé du pouvoir en Côte d'Ivoire. C'est lui qui fait et défait les pouvoirs dans notre pays, au point que tous les leaders y cherchent des soutiens. »
Cette analyse soulève des questions importantes sur l'indépendance réelle du processus électoral à venir et sur la capacité des futurs dirigeants à mettre en œuvre des politiques véritablement adaptées aux besoins du pays et de sa population.
La présidentielle de 2025 en Côte d'Ivoire s'annonce donc comme un moment clé, non seulement pour l'avenir politique du pays, mais aussi pour sa position sur l'échiquier géopolitique international. Les mois à venir seront cruciaux pour comprendre les dynamiques en jeu et les véritables enjeux de ce scrutin.
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