Le prêtre catholique Marius Hervé Djadji publie un extrait de son prochain livre appelant à rompre avec la violence électorale en Côte d’Ivoire avant le scrutin de 2025.
« Prendre conscience et prendre des dispositions pour arrêter l’hémorragie ». Cette phrase extraite du prochain livre du Père Marius Hervé Djadji résume son appel aux Ivoiriens face aux cycles de violence électorale. Le prêtre catholique s’adresse directement aux responsables politiques, religieux, journalistes et autres acteurs sociaux dans une méditation sur les conséquences des six scrutins présidentiels organisés depuis le retour du multipartisme.
L’ouvrage intitulé « Œcuménisme et Politique – Réflexion et contribution pour des élections sans morts en Afrique : Cas de la Côte d’Ivoire » paraîtra en juillet 2025, à l’approche de la prochaine présidentielle. Ce timing n’est pas anodin, alors que le pays entame une nouvelle année préélectorale et que les tensions commencent déjà à se manifester.
L’impossible décompte des victimes électorales
Le Père Djadji établit un constat implacable sur l’absence de bilan officiel des victimes. « Depuis le retour du multipartisme, de 1990 à 2020, la Côte d’Ivoire a connu six élections présidentielles. Mais personne, aucune institution ne saura jamais combien de morts il y a eu lors de ces élections présidentielles », écrit-il dans ce texte présenté comme une méditation.
Le religieux explore les raisons de cette impossibilité en évoquant les diverses formes de dissimulation des corps et l’absence de traces laissées par ces disparitions. Il mentionne les victimes « enterrés sans funérailles », « incinérés, calcinés, jetés dans les rivières, fleuves, puits », ainsi que ceux « enterrés dans les forêts, savanes, montagnes, dans les prisons ou maisons privées ».
Cette énumération précise des lieux et méthodes de dissimulation suggère un phénomène structurel et organisé plutôt que des actes isolés. Le prêtre évoque également « combien d’anonymes, combien d’inconnus ont disparu », soulignant la dimension invisible d’une violence qui échappe aux statistiques officielles.
Une interpellation directe à tous les acteurs sociaux
La force de ce texte réside dans son adresse directe à l’ensemble des acteurs de la société ivoirienne. Le Père Djadji présente explicitement sa méditation comme étant destinée aux « politiciens ivoiriens, religieux, journalistes, intellectuels, jeunes, militaires, militants et militantes des partis ».
Cette interpellation collective souligne la responsabilité partagée de tous ces groupes dans la perpétuation ou, au contraire, dans la rupture du cycle de violence. Le prêtre invite chaque catégorie à un examen de conscience et à une prise de responsabilité pour les élections à venir.
La dimension spirituelle de cette réflexion apparaît à travers des références théologiques. « À la parousie, nous le saurons peut-être si Dieu le veut bien mais malheureusement à l’eschaton nous serons comme des anges », écrit le Père Djadji, suggérant que la vérité complète sur ces drames pourrait n’être révélée qu’au jour du jugement dernier.
La conclusion de l’extrait, « Les esprits de ces morts vous parlent et vous regardent », introduit une dimension presque mystique qui place les acteurs politiques face à une responsabilité morale transcendant les considérations immédiates.
Cette publication intervient dans un contexte où la Côte d’Ivoire cherche à consolider sa stabilité après plusieurs décennies marquées par des violences électorales. L’ouvrage du Père Marius Hervé Djadji se présente comme une contribution au débat public sur les conditions nécessaires à l’organisation d’élections pacifiques, alors que le pays se prépare au scrutin présidentiel de 2025.
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