Dans une tribune, l'ancien préfet d'Abidjan Vincent Toh Bi compare la Côte d'Ivoire à ses voisins et interpelle le président sur la nécessité d'organiser enfin des élections sans violence.
Les élections pacifiques constituent une denrée rare en Côte d'Ivoire selon Vincent Toh Bi Irié. Dans une tribune diffusée sur les réseaux sociaux, l'ancien préfet d'Abidjan s'interroge sur cette anomalie politique persistante depuis l'indépendance du pays, contrastant avec l'évolution de pays voisins pourtant confrontés à des crises similaires.
Son intervention intervient à un moment où le climat politique montre des signes de tension à l'approche des prochaines échéances électorales. Le texte, structuré comme une réflexion nationale, questionne la responsabilité collective face à cette incapacité historique à organiser des élections apaisées.
Le paradoxe ivoirien face aux voisins
L'ancien haut fonctionnaire place sa réflexion dans une perspective régionale comparative. « Expliquez-moi comment l'exercice de la démocratie est-il si difficile en Côte d'Ivoire, alors que ce pays ne se trouve ni sur Mars ni sur Jupiter, mais juste voisin du Liberia et du Ghana ? », s'interroge-t-il.
Vincent Toh Bi cite notamment l'exemple ghanéen : « Un Parti au pouvoir reconnaisse sa défaite seulement 14 heures après la clôture des bureaux de vote ». Cette comparaison souligne l'absence d'une culture de l'alternance pacifique en Côte d'Ivoire, pointant un problème systémique plutôt que conjoncturel.
La succession de transitions problématiques
La tribune présente un bilan chronologique des transferts de pouvoir en Côte d'Ivoire. « Le premier Président de la Côte d'Ivoire est décédé au pouvoir […] Le deuxième Président a été déchu du pouvoir par Coup d'État […] Le troisième Président est parti du pouvoir dans une confusion et une insurrection populaire », rappelle Vincent Toh Bi.
Ce regard historique révèle un cycle de violences électorales aux conséquences dramatiques : « Ce sont 147 morts, 3.000 morts, 87 morts, que nous avons à fournir comme bilan au monde ». L'ancien préfet attribue cette constante à « une incompréhensible attitude de la classe politique ivoirienne » uniquement préoccupée par la conservation du pouvoir.
La conclusion de la tribune constitue un appel explicite au Président de la République. « Vous avez tout le pouvoir et tous les instruments nécessaires pour donner au pays une première élection paisible », écrit Vincent Toh Bi, ajoutant que « le peuple commence à prendre peur » face aux tensions grandissantes.
Son message alerte également contre certaines influences : « N'écoutez pas les faucons, ils perdront le pays ». La tribune se termine par une observation de ce que la Côte d'Ivoire n'a jamais véritablement connu malgré ses nombreuses réussites dans d'autres domaines : « La Côte d'Ivoire a tout connu […] Donnons-lui ce qu'elle n'a jamais vraiment connu : la paix et des élections pacifiques ».
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