Les syndicats d'enseignants prévoient un mouvement de grève les 3 et 4 avril 2025 pour exiger des primes d'incitation, alors que Mariatou Koné appelle à la responsabilité.
Les primes d'incitation constituent le motif principal d'un préavis de grève déposé par plusieurs syndicats d'enseignants pour les 3 et 4 avril 2025. Ce mouvement social, qualifié de « renouvelable » par ses organisateurs, intervient dans un contexte où le ministère peine à répondre aux attentes salariales des acteurs du système éducatif ivoirien.
La menace de perturbation du calendrier scolaire survient alors que la ministre de l'Éducation nationale et de l'Alphabétisation, Mariatou Koné, multiplie les déplacements sur le terrain. Sa récente visite dans la région de la Nawa, le 20 mars, apparaît comme une tentative de dialogue direct avec les acteurs locaux à l'approche du mouvement social annoncé.
Des revendications persistantes
La question des primes d'incitation figure parmi les doléances récurrentes des enseignants ivoiriens. Les syndicats estiment que ces compléments de rémunération sont nécessaires pour valoriser le métier d'enseignant et améliorer les conditions de travail dans un secteur confronté à de nombreux défis.
Le mouvement prévu début avril s'inscrit dans une séquence de tensions sociales qui perdurent malgré les efforts affichés par le ministère. Les organisations syndicales ont opté pour une stratégie progressive avec une grève de deux jours « renouvelable », laissant entrevoir la possibilité d'une extension du mouvement si leurs revendications ne sont pas satisfaites.
La réponse indirecte du ministère
Face à cette menace de grève, la ministre Mariatou Koné privilégie pour l'instant une approche indirecte. Lors de sa visite dans la Nawa le 20 mars, elle a insisté sur « la responsabilité et la redevabilité » des acteurs du système éducatif, sans aborder frontalement la question des revendications salariales.
« Nous devons poursuivre, avec rigueur et engagement, notre quête de qualité. Je vous fais confiance », a-t-elle déclaré aux personnels éducatifs réunis à Soubré. Ce discours centré sur la qualité de l'enseignement plutôt que sur les conditions matérielles des enseignants illustre le décalage entre les préoccupations ministérielles et syndicales à quelques jours du mouvement social.
Le ministère met en avant ses réalisations pour tenter de désamorcer les tensions. Lors de la rencontre dans la Nawa, le directeur régional de l'Éducation nationale, Bamba Drissa, a énuméré les avancées: « remises de moyens de mobilité aux acteurs administratifs et d'encadrement, construction d'établissements scolaires, adoption de nouvelles approches pédagogiques et formation des encadreurs pédagogiques et des enseignants ».
Cette communication sur les progrès accomplis semble constituer la ligne de défense du ministère face aux revendications salariales. En soulignant les investissements dans les infrastructures et la formation, les autorités tentent de démontrer leur engagement pour le secteur éducatif, tout en évitant d'aborder directement la question sensible des primes réclamées par les syndicats.
L'incertitude sur l'ampleur du mouvement
À deux semaines du début de la grève annoncée, l'ampleur que prendra le mouvement reste incertaine. La capacité de mobilisation des syndicats sera déterminante, dans un contexte où le ministère tente de diviser le front social en s'appuyant sur les cadres locaux.
À l'issue de la visite ministérielle dans la Nawa, les chefs de structures éducatives ont pris « l'engagement d'intensifier leurs actions afin que l'école dans la région soit à la fois apaisée et compétitive ». Cette promesse d'apaisement, formulée précisément dans le contexte de la grève à venir, suggère que le ministère tente de limiter la participation au mouvement en s'appuyant sur les responsables territoriaux.
La grève prévue début avril intervient à un moment sensible du calendrier scolaire, alors que plusieurs examens approchent. Cette période stratégique renforce le pouvoir de négociation des syndicats, tout en augmentant la pression sur le ministère pour trouver rapidement une solution.
L'appel de Mariatou Koné à poursuivre « avec rigueur et engagement, notre quête de qualité » prend ainsi une dimension particulière à l'approche des examens. Sans réponse concrète aux revendications sur les primes d'incitation, le risque d'une perturbation prolongée du système éducatif pourrait contraindre le ministère à des concessions dans les prochaines semaines.
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