Les bénéficiaires du programme filets sociaux en Côte d’Ivoire témoignent de son impact concret. Le dispositif qui touche 457 000 ménages sera étendu à 70 000 foyers supplémentaires en 2025.
Les filets sociaux productifs transforment progressivement la vie des ménages vulnérables en Côte d’Ivoire depuis 2017. Ce programme, présent dans les 31 régions du pays, a touché 457 000 ménages à travers une allocation trimestrielle de 36 000 FCFA sur trois ans, permettant aux bénéficiaires de développer des activités génératrices de revenus.
À travers les régions du Sud Comoé, du Tonkpi, des Grands Ponts ou du Hambol, les témoignages recueillis auprès des familles montrent des parcours de sortie de la précarité. Ces résultats concrets ont motivé l’annonce présidentielle du 31 décembre 2024 : « Le programme des filets sociaux, qui compte aujourd’hui 230 000 bénéficiaires, sera renforcé par 70 000 nouveaux ménages en 2025 », a déclaré Alassane Ouattara.
Parcours de transformation individuelle
Dans la région du Sud-Comoé, Parfaite Amenan Konan illustre le potentiel du programme à travers son expérience. Bénéficiaire des allocations trimestrielles, elle a investi dans la production d’attiéké, changeant radicalement sa situation familiale. « Les choses ont changé. Maintenant, nous arrivons à subvenir à nos besoins, manger, payer le loyer, les factures. Tous les enfants vont à l’école », témoigne-t-elle.
Cette dynamique se répète dans la région des Grands-Ponts où Amy Tioté, du village d’Agbaille près de Dabou, a suivi un parcours similaire. D’abord engagée dans la fabrication d’attiéké, elle a progressivement diversifié ses activités en ouvrant une échoppe commerciale. « Ma situation sociale est meilleure. Je m’occupe de ma famille, je paie les factures d’eau et d’électricité », affirme-t-elle. Son témoignage représente l’un des 3 835 ménages bénéficiaires dans les zones rurales et urbaines de Dabou, Grand-Lahou et Jacqueville entre 2019 et 2024.
L’architecture financière et formative
Le programme repose sur un modèle alliant transferts monétaires et renforcement des capacités. Selon Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, « le coût global des transferts redistribués aux ménages bénéficiaires de 2017 à décembre 2024 s’élève à 156 milliards FCFA », comme il l’a précisé lors du Conseil des ministres du 12 mars 2025. Cette somme comprend 141,3 milliards FCFA en transferts directs et 14,6 milliards FCFA en subventions de sortie.
Au-delà de l’aspect financier, le ministère de la Solidarité, de la Cohésion nationale et de la Lutte contre la pauvreté organise des sessions de formation qui constituent un pilier essentiel du dispositif. Ces ateliers visent à développer l’estime de soi, la confiance, et les compétences de prise de décision des bénéficiaires. Les participants apprennent également à élaborer un projet de vie structuré, transformant ainsi le soutien ponctuel en opportunité de développement durable.
La dimension collective du programme
L’impact du programme dépasse le cadre individuel grâce aux Associations de valorisation de l’entraide communautaire (AVEC). Ces structures collectives, créées par les bénéficiaires formés, constituent un prolongement naturel de l’accompagnement initial. On recense 219 AVEC dans le Sud-Comoé et 130 dans la région des Grands-Ponts.
Le bilan national montre la création de 5 200 AVEC qui ont mobilisé et redistribué 2,7 milliards FCFA pour financer des activités économiques locales. Ce mécanisme d’épargne et de crédit communautaire amplifie l’effet des transferts monétaires individuels et crée une dynamique collective de développement économique et social.
En 2024, le programme comptait 230 000 ménages actifs, après la sortie progressive de 227 000 ménages ayant terminé leur cycle de trois ans. L’extension annoncée pour 2025, avec l’intégration de 70 000 nouveaux ménages, portera le total à 527 000 foyers touchés depuis le lancement de l’initiative. Parmi ces nouveaux bénéficiaires figureront notamment « les ménages touchés par les déguerpissements dans certains quartiers du District d’Abidjan », conformément aux instructions présidentielles.
Cette approche mixte, combinant soutien financier, formation et structures collectives, constitue une réponse structurée à la pauvreté qui dépasse l’assistance ponctuelle pour viser l’autonomisation durable des ménages vulnérables, tout en renforçant les liens sociaux au sein des communautés.
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