La HACA, le régulateur audiovisuel ivoirien conteste les informations diffusées par France 24 sur la répartition des richesses et l'absence de classe moyenne en Côte d'Ivoire.
L'autorité de régulation des médias ivoirienne monte au créneau contre France 24. Dans un courrier officiel daté du 19 mars 2025, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) adresse un avertissement à la chaîne française suite à la diffusion d'un reportage sur l'immigration irrégulière. Le document, signé par le président de l'institution Me René Bourgoin, relève plusieurs inexactitudes concernant la situation économique ivoirienne.
Cette mise au point concerne le reportage intitulé « le tabou de l'immigration irrégulière » diffusé le 11 mars 2025 et réalisé par Charlotte Boitieux. La HACA conteste vigoureusement la présentation de la Côte d'Ivoire comme un pays sans classe moyenne où la croissance économique ne profiterait qu'à une minorité.
Des affirmations économiques contestées
Le régulateur ivoirien s'insurge particulièrement contre la description de la structure sociale et économique du pays présentée dans le reportage. « À l'entame du reportage, la journaliste affirme que les retombées de la croissance économique de la Côte d'Ivoire ne profitent qu'à une ‘toute petite partie de la population ivoirienne' », relève la HACA, qui qualifie cette assertion de « contrevérité absolue ».
L'autorité administrative indépendante réfute également l'affirmation selon laquelle « la Côte d'Ivoire serait divisée entre une classe très riche et une classe très pauvre, en l'absence de classe moyenne ». Dans son courrier, Me Bourgoin s'interroge : « Comment peut-on objectivement soutenir qu'il n'y a pas de classe moyenne en Côte d'Ivoire ? » Le document conteste aussi le chiffre selon lequel « 80% de l'économie est informelle ».
Une approche jugée tendancieuse
La HACA critique également la méthodologie employée par la journaliste, qui aurait établi un lien simpliste entre la répartition des richesses et le phénomène migratoire. « En mettant en regard et de façon insidieuse la supposée inégale répartition de la croissance ivoirienne et l'immigration irrégulière, la chaîne France 24 fait une approche simpliste et tendancieuse de la question de l'immigration », note le régulateur.
L'absence de réaction des autorités ivoiriennes constitue un autre point de désaccord. Le courrier souligne que « la chaîne s'est abstenue de recueillir la réaction des autorités ivoiriennes en charge des questions migratoires », créant ainsi « un traitement déséquilibré et tendancieux de l'information ». La HACA note que seuls les témoignages d'une victime de l'immigration, d'une candidate au départ, d'un responsable associatif et du directeur de l'OFII à Abidjan ont été présentés.
Représentation de la pauvreté critiquée
Le reportage est également critiqué pour son illustration de la pauvreté en Côte d'Ivoire. La HACA relève que la journaliste « présente la photo d'une maison d'un quartier précaire d'Abobo qui, selon elle, refléterait la réalité de la vie ivoirienne notamment les nombreux bidonvilles et la grande pauvreté ».
L'autorité de régulation déplore que le traitement de ce sujet puisse « nuire à l'image et aux efforts des autorités publiques ivoiriennes en charge des questions migratoires » et donne à penser que « les autorités ivoiriennes sont inactives et indifférentes face au phénomène de l'immigration irrégulière et laissent la population vivre dans la pauvreté et dans l'indigence totale ».
Face à ces manquements, la HACA a décidé d'infliger « un avertissement » à France 24 et l'exhorte « à plus de vigilance dans le traitement de l'actualité sur la Côte d'Ivoire ». Cette sanction, bien que symbolique, souligne la volonté des autorités ivoiriennes de veiller à l'équilibre et à l'exactitude des informations diffusées sur leur pays par les médias internationaux.
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