Le journaliste Ferro Bally critique les sanctions prévues contre les enseignants grévistes et compare leur traitement à celui des ex-rebelles ayant reçu des primes.
Ferro Bally a publié le 6 avril 2025 une analyse critique des mesures envisagées contre les enseignants grévistes en Côte d’Ivoire. Le journaliste ivoirien conclut son texte par une formule sans appel : « le régime s’enfonce dans l’arbitraire », dénonçant ce qu’il perçoit comme une violation des droits constitutionnels.
Dans sa publication intitulée « D’UNE PRIME À UNE AUTRE », il révèle que les autorités prévoient de considérer comme « démissionnaires » les enseignants qui participeront à la grève des 8 et 9 avril 2025, une mesure qu’il juge illégale au regard de la loi fondamentale.
Le droit de grève remis en question
Ferro Bally alerte sur ce qu’il considère comme une atteinte au droit de grève des enseignants. « Maintenant, le régime veut passer à la vitesse supérieure pour mieux étouffer la Loi fondamentale, dont l’article 17 dispose: ‘Le droit syndical et le droit de grève sont reconnus aux travailleurs du secteur privé et aux agents de l’administration publique' », écrit-il.
Le journaliste affirme que « la sanction qu’il se prépare à infliger aux enseignants grévistes des 8 et 9 avril 2025 est de les considérer ipso facto comme des ‘démissionnaires' ». Une menace qu’il perçoit comme une tentative d’intimidation pour décourager la mobilisation à venir.
Il évoque également l’arrestation récente d’un syndicaliste enseignant : « Assi Ghislain Dugarry a été, sans mandat, arrêté manu militari et sa maison vandalisée, pour la grève des 3 et 4 avril 2025 alors que l’article 8 de la Constitution dispose que ‘le domicile est inviolable' ».
Deux poids, deux mesures
Dans son analyse, Ferro Bally met en parallèle le traitement réservé aux enseignants avec celui accordé aux ex-rebelles intégrés à l’armée nationale, qui ont obtenu d’importantes primes suite à leurs mutineries.
« En mai 2017, 8.400 ex-rebelles, qui ont intégré l’armée régulière, ont engagé une mutinerie au risque, comme en décembre 1999, de renverser les institutions républicaines », rappelle-t-il, indiquant qu’ils ont alors « exigé et obtenu dare dare […] le versement d’une prime de cinq millions de nos francs (5.000.000 f) pour chacun; soit 48 milliards de f cfa ».
Le journaliste poursuit en évoquant un second épisode similaire : « En mai 2024, ils ont repris les armes. Le pouvoir a versé illico presto à chacun des 8.400 insurgés une autre prime de sept millions de f CFA (7.000.000 f); soit 58 milliards 800 millions de nos francs ».
Des revendications légitimes selon le journaliste
Ferro Bally qualifie les demandes des enseignants de « revendications légitimes en faveur d’une ‘prime d’incitation' ». Il affirme que face à ces demandes, « le pouvoir, après avoir usé du dilatoire, abuse du bâton ».
Le contraste avec le traitement des ex-rebelles est souligné à plusieurs reprises dans son texte. Selon ses calculs, les primes versées aux militaires auraient représenté « le pactole de 106 milliards 800 millions de francs sortis des caisses de l’État. Sans menaces des autorités ni mises aux arrêts militaires ».
Cette différence de traitement constitue pour le journaliste la preuve que « le pouvoir appartient incontestablement à la force des armes et des bruits de bottes », comme il l’écrit en ouverture de son texte.
La publication de Ferro Bally intervient dans un contexte social tendu, à l’approche d’une nouvelle grève dans le secteur de l’éducation. Le ministère concerné n’a pas encore réagi officiellement à ces allégations concernant d’éventuelles sanctions contre les grévistes.
Les syndicats d’enseignants, pour leur part, maintiennent leur appel à la mobilisation pour les 8 et 9 avril 2025, malgré les menaces rapportées par le journaliste.
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