Séraphin Moundounga a été nommé vice-président du Gabon le 5 mai 2025. Ancien ministre sous Ali Bongo devenu opposant, son retour d'exil marque un nouveau chapitre politique gabonais.
Séraphin Moundounga accède à la vice-présidence du Gabon par décret présidentiel signé le 5 mai 2025. À 61 ans, cet originaire de Tchibanga (province de la Nyanga) succède à Joseph Owondault Berre qui occupait ce poste durant la transition politique. Sa nomination par le président Brice Clotaire Oligui Nguema intervient moins de deux ans après son retour d'exil.
Le parcours de Séraphin Moundounga illustre les bouleversements politiques qu'a connus le Gabon. D'abord cadre du Parti démocratique gabonais (PDG) et ministre sous Ali Bongo, il devient ensuite opposant et s'exile, avant de revenir au pays après le changement de régime. Cette trajectoire singulière témoigne des reconfigurations du paysage politique gabonais depuis 2016.
De la fidélité au régime Bongo à la rupture
La carrière politique de Séraphin Moundounga débute comme député à l'Assemblée nationale où il exerce la fonction de Questeur. Son ascension s'accélère en 2010 lorsqu'il entre au gouvernement comme ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, poste qu'il conserve quatre années.
Sa promotion se poursuit en 2014. Il devient alors ministre de la Justice, Garde des Sceaux et deuxième vice-Premier ministre. Pourtant, en septembre 2016, il prend une décision qui bouleverse sa carrière : il démissionne du gouvernement et quitte le PDG pour protester contre la réélection contestée d'Ali Bongo Ondimba. « Je ne peux cautionner des pratiques contraires aux principes démocratiques », avait-il alors déclaré aux médias.
Sept années d'exil et retour au pays
Cette prise de position lui vaut de devoir quitter le Gabon. Séraphin Moundounga s'exile en France pendant sept ans, rejoignant d'autres figures de l'opposition gabonaise. Durant cette période, il maintient ses critiques contre le régime d'Ali Bongo et plaide pour une alternance politique dans son pays.
Le coup d'État militaire d'août 2023 qui renverse Ali Bongo change la donne. Séraphin Moundounga saisit cette opportunité pour rentrer au Gabon en octobre 2023. Les nouvelles autorités lui confient alors la présidence du Conseil économique, social et environnemental (CESE) de la Transition, première étape de son retour aux affaires publiques gabonaises.
La nomination de Séraphin Moundounga à la vice-présidence s'inscrit dans une phase de stabilisation politique. Après la période de transition qui a suivi le coup d'État, le président Oligui Nguema structure son équipe dirigeante en s'appuyant sur des profils expérimentés.
Le nouveau vice-président devra contribuer à la mise en œuvre des réformes annoncées par le régime. Sa connaissance des institutions et son expérience gouvernementale constituent des atouts, tandis que son passé d'opposant lui confère une légitimité auprès de certains secteurs de la société gabonaise. Dans un contexte économique difficile, marqué par la dépendance aux ressources pétrolières, Séraphin Moundounga fait face à des attentes considérables de la population.
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