L'ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro dénonce les ponctions sur les salaires des enseignants et invite à une mobilisation financière nationale, rappelant l'exemple du SYNARES en 1990.
Les ponctions salariales contre les enseignants ivoiriens suscitent une réaction de Guillaume Soro. L'ancien président de l'Assemblée nationale a publié une déclaration dans laquelle il condamne fermement cette pratique qu'il qualifie de « barbarie financière » et appelle à une mobilisation financière pour soutenir le corps enseignant.
Dans son message, Guillaume Soro affirme que le gouvernement tente de « briser leur mouvement de revendications légitimes » par le biais de « la ponction arbitraire de leurs salaires ». Ces mesures visent, selon lui, à pousser les enseignants « à l'humiliation et à la soumission », une stratégie qu'il dénonce comme « honteuse » mais « classique » dans le répertoire gouvernemental.
Le précédent historique du SYNARES
L'ancien Premier ministre rappelle un épisode similaire survenu dans l'histoire sociale ivoirienne. « Je me souviens qu'en 1990, cette même stratégie indigne avait été utilisée contre le SYNARES », écrit-il, faisant référence au Syndicat National de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur qui avait alors fait face à des retenues sur salaires.
Soro met en avant la réponse apportée à l'époque par le syndicat universitaire : « Face à l'adversité, ce syndicat avait mobilisé une solidarité nationale exemplaire : une grande collecte de fonds avait permis aux enseignants de tenir bon et de surmonter cette épreuve. » Ce précédent constitue, selon lui, un modèle à suivre dans le contexte actuel, invitant explicitement les syndicats enseignants « à organiser en urgence, à l'image de leurs aînés du SYNARES, une collecte nationale de fonds ».
Un appel à la mobilisation nationale et internationale
Guillaume Soro élargit son appel à l'ensemble des citoyens et à la diaspora ivoirienne. « À tous les Ivoiriens épris de justice et de dignité, je lance cet appel : soutenez nos enseignants », déclare-t-il, soulignant que « aucun pouvoir n'a le droit d'affamer ceux qui instruisent la Nation ».
La mobilisation souhaitée par l'ancien chef rebelle dépasse les frontières nationales. « Je m'adresse également à toute la diaspora ivoirienne, sur tous les continents : prenez des initiatives locales, organisez des levées de fonds, unissez vos forces pour venir en aide à nos enseignants », exhorte-t-il. Soro souligne l'avantage des moyens de communication modernes dans cette démarche, relevant qu' »à l'ère des réseaux sociaux et de la mobilisation instantanée », une telle solidarité pourrait s'organiser plus efficacement qu'en 1990.
A LIRE AUSSI
- Grève des enseignants : les salaires des grévistes ponctionnés
- Primes de correction des examens scolaires 2020 : les enseignants en colère interrompent les cours à Gagnoa
- Les grandes (in)justices de l'ère Ouattara (acte 4) : Esclavagisme à la Police universitaire de Bacongo ?
- Gel des comptes des grévistes au lieu de ponction sur salaire : « Même Amin Dada n'y aurait pas pensé » (ASK)
- Grève des dockers en Côte d'Ivoire : vers une paralysie des ports d'Abidjan et de San Pedro ?