An 1 de l’affaire cache d’armes de Soul To Soul : A la découverte de la piscine transformée en poudrière

Cache d'armes découverte chez Soul To Soul en mai 2017
Cache d'armes découverte chez Soul To Soul en mai 2017

Il y a un an éclatait l'affaire de la cache d'armes de , dans laquelle était mêlé Souleymane Kamaraté Konaté, alias , directeur du protocole de Guillaume Soo. Une sombre histoire. Nous avons visité la fameuse poudrière. Soul to Soul à la Maca, un an déjà!

Lundi 15 mai 2017, Il est 3 h à Bouaké, capitale du centre de la Côte d'Ivoire, ex-fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles et épicentre des mutineries militaires depuis le début de l'année. Une dizaine de mutins arrivent au domicile secondaire de Souleymane Kamaraté Konaté, nom de syndicaliste, puis de guerre Soul To Soul, directeur du protocole de , président de l'assemblée nationale et proche parmi les proches de ce dernier.

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L'un d'entre eux a reçu quelques minutes plus tôt, un coup de fil, sur l'existence d'une cache d'armes dans ce domicile sis au quartier Bel Air de Bouaké. Le domicile est une villa avec une clôture haute entourée de fleurs. Elle n'est pas loin de l'impressionnante résidence de Guillaume Soro, bâtie en pleine guerre, sur une ancienne forêt de teck, pourtant classée réserve administrative.

Soul To Soul cache d'armes à domicile

La mère du maître des lieux qui réside habituellement là, est absente, le gardien est neutralisé. Les mutins fouillent la maison de fond en comble. Ils ne trouvent pas d'armes. Ils s'énervent, tirent en l'air et effrayent le quartier. Leur source est pourtant formelle : des armes sont bel et bien cachées dans ce domicile. Dans la cour, outre la résidence principale, un préau avec un toit en tuiles et une terrasse ouverte, est utilisé autant comme salle à manger que lieu de réunion. L'un des mutins a l'idée de casser un portail mince à l'extrême gauche du préau, fermé à clé et qu'ils avaient pris pour une petite salle d'eau.

La piscine aménagée en cache d'armes en dit déjà long sur les intentions des auteurs
La piscine aménagée en cache d'armes en dit déjà long sur les intentions des auteurs

Surprise ! Au lieu d'une salle d'eau, ils tombent sur un sous-sol. Ils pensent d'abord à une cave. En fait, à cet endroit où a été élevé le préau, existait auparavant une piscine. L'endroit est sombre. Les mutins allument les torches de leurs téléphones portables et y descendent, par un escalier.

Des armes lourdes, des obus, des kalachnikovs. Tout est neuf

Ils tombent sur des caissons de 1 à 2 mètres de long, soigneusement rangés. Surexcités, ils les ouvrent dans un cafouillage indescriptible et découvrent le contenu. « On a sorti les armes, révèle un assaillant. Des armes lourdes, des obus, des kalachnikovs. Tout est neuf. Les différents bataillons et les différents camps, chacun en a pris pour les garder chez lui ».

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Il faut une heure aux mutins, pour emporter tout le contenu des caissons qu'ils abandonnent dans la cour et devant le domicile. Sur ces caissons, sont inscrits à l'encre noire, des chiffres et des lettres. Sur certains caissons, des feuilles blanches A4 sont collés, avec des inscriptions. Des indices sur des numéros de série et de lot du matériel, qui auraient été précieux, dans le cadre d'une enquête.

Le camp Soro prépare déjà sa défense

Des indices qu'il faut vite effacer. A 10h, un groupe de jeunes gens, familiers de Soul To Soul rassemblent les caissons et y mettent le feu. Dans le pays, la nouvelle du pillage du domicile de celui-ci est relayée sur les réseaux sociaux, à l'initiative d'activistes proches de Guillaume Soro. Le camp Soro prépare déjà sa défense…

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C'est un peu plus tard, dans la soirée, que les images des caissons d'armes sont diffusées sur les réseaux sociaux, une vidéo de trois minutes, de mauvaise qualité, prise dans le sous-sol, au moment où les mutins découvrent les caissons, inonde rapidement les mêmes réseaux. Le camp Soro évoque un complot. Sur le site internet du président de l'assemblée nationale, une seule version : « A la lumière des faits, ce sont des caissons qui auraient été dérobés dans la nuit du samedi à dimanche par les mutins à la poudrière de Bouaké et qui après les avoir vidés de leur contenu, sont venus les déposer au domicile de Soul To Soul, où sa génitrice habite, pour le culpabiliser ». Sur le site de Soro, aucun article n'est publié, sans sa validation préalable.

Ouattara contient difficilement sa colère

A Abidjan, le président contient difficilement sa colère. Quand la mutinerie a éclaté au petit matin du vendredi 12 mai, dans plusieurs villes du pays, y compris Abidjan, un Conseil national de sécurité (CNS) s'est réuni au palais présidentiel. Présidé par Ouattara, le CNS opte pour la fermeté.

« Il n'y a rien à négocier. L'ordre sera rétabli. Les forces de sécurité se déploieront pour libérer les emprises contrôlées par les soldats mécontents. Le nécessaire sera fait », déclare Alain-Richard Donwahi, ministre auprès du président de la République, chargé de la Défense.

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Le Gl Sékou Touré, chef d'Etat-major des armées, est sommé par Ouattara, de présenter un plan de libération des villes assiégées. Le lendemain, ce plan est approuvé et le Gl Touré peut annoncer qu' « une opération militaire est en cours pour rétablir l'ordre ».

A Yamoussoukro, capitale politique et administrative du pays, des habitants voient effectivement passer, du samedi soir au dimanche matin, plusieurs chars. Direction : Bouaké.

Le rapport de forces n'est plus le même

La découverte de la cache d'armes, par les mutins change la donne, le rapport de forces n'est plus le même, surtout que les soldats de Bouaké sont informés, en temps réel, de la position de ceux qui sont censés aller les déloger. Les 8400 sont, en effet, dans toutes les unités combattantes du pays ou y ont leurs frères d'armes, ex-rebelles, comme eux, des Forces nouvelles de Guillaume Soro.

Ce n'est que le jour suivant, mardi, que le procureur de Bouaké, Brahma Koné, arrive sur les lieux, en compagnie de gendarmes et d'un représentant du préfet de région. Ils passent le domicile au peigne fin.

Une piscine aménagée en préau et qui abritait pourtant une cache d'armes
Une piscine aménagée en préau et qui abritait pourtant une cache d'armes

A Abidjan, , porte-parole du gouvernement admet officiellement la découverte de la cache d'armes, chez « un individu » qu'il refuse de nommer et confirme l'enquête en cours. Celle-ci conduit le parquet de Bouaké, à perquisitionner la résidence principale du désormais suspect, à l'autre bout de la ville, au quartier Kennedy.

L'ONU accuse le clan Soro

Dans le pays, les accusations début avril 2016, quatre mois après l'affaire des écoutes téléphoniques au Burkina Faso, de l'Onu à l'encontre de Guillaume Soro reviennent dans les esprits. L'Organisation avait accusé l'ex-chef des rebelles d'avoir profité de la crise, pour s'armer. Un Groupe d'experts mandaté par l'Organisation, avait déclaré, au terme de sa mission en Côte d'Ivoire, avoir « constaté l'acquisition par les Forces nouvelles, de quantités importantes d'armes et de munitions (300 tonnes selon les estimations) au lendemain de la crise postélectorale. Guillaume Soro s'est lui-même chargé de l'acquisition du matériel, de son transport jusqu'à Bouaké (centre) et Korhogo (nord) et de sa répartition entre membres des Forces nouvelles ».

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L'hypothèse d'une cache d'armes, de Guillaume Soro, en prévision d'attaques subversives éventuelles, sous le mandat d'Alassane Ouattara ou d'un futur dirigeant ; est prise très au sérieux par la présidence. Une attitude qui tranche avec l'indifférence adoptée, il y a un an, à la suite des révélations de l'Onu. « Ce n'est pas la première fois que nous avons ce type de rapport qui malheureusement indique des choses erronées ou des choses qui sont passées ou dépassées », avait relativisé le porte-parole du gouvernement.

Une justice à deux vitesses ?

Le lundi 22 mai, Kamaraté est auditionné à la brigade de recherches du Plateau, à Abidjan, durant de longues heures. Il repart libre. « C'est du deux poids, deux mesures opéré par la justice ivoirienne, enrage un journaliste ivoirien. Les autorités ont déjà procédé à l'arrestation de militants pro-Gbagbo, sur la base de simples soupçons de détention d'armes. Et pour une fois où il y a flagrant délit, on hésite à mettre aux arrêts le suspect ».

Guillaume Soro, de son côté affiche une mine décontractée depuis le début de l'affaire. Il se montre transparent : « il est clair dans ma tête que chacun et tous ceux qui sont concernés, y compris moi, devra assumer ».

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L'idée d'une commission d'enquête parlementaire est évoquée par des parlementaires issus de la mouvance présidentielle. Bluff ou réalité ? Une chose est certaine : la commission défense et sécurité de l'assemblée nationale qui doit conduire cette enquête, si elle est autorisée par les députés, aurait été dirigée par un certain Sidiki Konaté. Cet ancien ministre a été, durant de longues années, le porte-parole de l'ex-rébellion. Et comme il fallait s'y attendre, un an plus tard, cette commission n'a jamais vu le jour et la justice a mis aux arrêts Soul To Soul.

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