À un mois de la Tabaski 2025 en Côte d'Ivoire, le gouvernement ivoirien mobilise les acteurs de la filière bétail pour éviter la flambée des prix et assurer l'approvisionnement en moutons.
L'approvisionnement en moutons pour la Tabaski préoccupe les autorités ivoiriennes. À un mois de cette fête musulmane prévue le 6 juin 2025, le Premier ministre Beugré Mambé a convoqué une réunion d'urgence avec les acteurs de la filière bétail-viande. L'objectif: anticiper les pénuries et contrer la spéculation qui fait traditionnellement grimper les prix à l'approche de cette célébration religieuse.
La position du chef du gouvernement ne souffre d'aucune ambiguïté: « Nous ne voulons pas de coûts supplémentaires; pas un centime de plus », a-t-il déclaré lors de cette rencontre tenue le lundi 5 mai. Une directive qui témoigne de la volonté de l'exécutif de protéger le pouvoir d'achat des ménages, dans un contexte économique déjà tendu pour de nombreuses familles ivoiriennes.
Des circuits d'approvisionnement en mutation
Le diagnostic établi par le ministre des Ressources Animales et Halieutiques, Sidi Tiemoko Touré, révèle une évolution notable dans l'importation du bétail. « Désormais, le mouton vient plutôt par Noé, au lieu de Ouangolodougou », a-t-il expliqué, pointant un déplacement des flux commerciaux de la frontière nord (Burkina Faso) vers la frontière sud (Ghana).
Cette reconfiguration des routes commerciales crée un déséquilibre dans la répartition nationale du bétail. « L'essentiel des têtes de moutons se trouve dans la région sud », a précisé le ministre, ce qui complique l'approvisionnement des autres régions du pays. Cette concentration géographique pourrait favoriser la spéculation et les hausses de prix dans les zones mal desservies.
Une mobilisation interministérielle
Face à cette situation, le gouvernement mise sur une coordination renforcée entre les différents départements ministériels. « Nous avons commencé à travailler avec les différentes interprofessions, mais aussi avec tous les différents ministères concernés », a indiqué Sidi Tiemoko Touré, qui assure que des mesures sont prises pour « adresser une meilleure répartition nationale ».
Cette approche transversale implique notamment les ministères du Commerce pour la surveillance des prix, des Transports pour faciliter l'acheminement des animaux et de l'Intérieur pour contrôler les postes frontaliers. Des instructions ont également été données aux forces de l'ordre pour limiter les contrôles routiers susceptibles d'entraîner des prélèvements informels qui renchérissent le coût du bétail.
Des défis persistants pour la filière
Malgré les assurances du gouvernement, plusieurs obstacles demeurent. Les éleveurs et commerçants de bétail présents à la réunion ont soulevé des difficultés structurelles qui affectent la filière. Les coûts de transport ont augmenté ces derniers mois, tandis que l'insécurité dans les pays sahéliens fournisseurs de bétail (Mali, Burkina Faso, Niger) complique l'approvisionnement.
La question des taxes officielles et des prélèvements informels reste également préoccupante. « Nous ne voulons pas entendre de bruits relatifs aux coûts et à des taxes élevées », a averti le Premier ministre, suggérant une possible révision temporaire de certaines taxes pour la période de la Tabaski. Les professionnels du secteur attendent désormais des mesures concrètes pour traduire cette volonté politique en réalité.
À un mois de la célébration, les autorités prévoient la mise en place de points de vente régulés dans les principales villes du pays et un système de contrôle des prix. Pour les fidèles musulmans qui s'apprêtent à célébrer cette fête importante, l'enjeu est de taille: trouver un mouton à un prix abordable, dans une fourchette habituellement comprise entre 100 000 et 500 000 FCFA selon la qualité de l'animal.
La Tabaski (Aïd al-Adha), fixée au vendredi 6 juin 2025, sera jour férié en Côte d'Ivoire, pays où la communauté musulmane représente une part significative de la population. Au-delà de sa dimension religieuse, cette fête constitue un moment important de partage et de solidarité dans le calendrier ivoirien.
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